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Georges Costantini Bernard Dedet Gilbert Fages Alain Vernhet Vestiges de peuplement du Bronze Final II au Premier Age du Fer dans les Grands Causses In: Revue archéologique de Narbonnaise, Tome 18, 1985. pp. 1-123. Résumé La documentation prise en compte provient de 80 gisements protohistoriques des Grands Causses du Sud du Massif-Central, pour la plupart inédits (fouilles de sauvetage, découvertes fortuites, prospections systématiques). Au terme d'une analyse minutieuse du matériel, chaque site est daté et la fonction de plusieurs d'entre eux précisée. La dernière partie de cette étude met l'accent sur deux séries d'apports. Les uns concernent l'implantation humaine et son évolution durant la période considérée : classement chronologique par grandes phases, répartition grotte / plein air, situation (sommets de plateau, falaises des corniches sommitales des Causses, versants, fonds de vallées), fonction (habitat, point d'eau, « dépôt », réserve, nécropole). Les autres sont des jalons permettant une esquisse de caractérisation des faciès céramiques de chacune des grandes phases Bronze Final II, III A et III B, où sont marquées, en particulier, originalités et ressemblances avec les régions voisines. Abstract The documents analyzed here corne from the excavations of 80 proto-historic sites located on the Great Causses of the Southern Massif-Central. Most of these documents have never before been published (salvage excavations, chance discoveries, systematic prospecting). After a thorough examination of this material, each site was dated and the function of several of them defined. The final part of this study lays the stress on two series of data. The first concerns human seulement and its evolution during the period in question: chronological classification by major stages, grotto/open air distribution, location (tops of plateau, cliffs of the Causses' upper comices, slopes, bottoms of valleys), function (dwelling, water-hole, "deposit", reserve, necropolis). The second involves the points of reference provided by the characteristics of pottery design corresponding to each of the major stages of the Bronze Age: Final II, III A and III B, in which original traits and similarities with neighboring regions can be found. Citer ce document / Cite this document : Costantini Georges, Dedet Bernard, Fages Gilbert, Vernhet Alain. Vestiges de peuplement du Bronze Final II au Premier Age du Fer dans les Grands Causses. In: Revue archéologique de Narbonnaise, Tome 18, 1985. pp. 1-123. doi : 10.3406/ran.1985.1264 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ran_0557-7705_1985_num_18_1_1264 VESTIGES DE PEUPLEMENT DU BRONZE FINAL II AU PREMIER ÂGE DU FER DANS LES GRANDS CAUSSES Georges Costantini, Bernard Dedet, Gilbert Fages et Alain Vernhet 1. Introduction (1) La Protohistoire des Grands Causses est un domaine actuellement très mal connu, car les recherches dont elle a fait l'objet sont pour l'essentiel anciennes, et ont surtout porté sur les tombes. De nombreuses fouilles et découvertes concernant le Bronze Final et le Premier Age du Fer ont été effectuées dans cette région au xixe et dans la lre moitié du xxe s. grâce à l'intense activité de terrain de plusieurs générations de préhistoriens : parmi eux, l'abbé Cérès dans les tumulus du Causse Comtal (2), le docteur Prunières dans ceux des Causses lozériens (3) et P. Cazalis de Fondouce dans les tumulus du Causse de Blandas (Gard) (4), et, au début du xxe s., F. Mazauric dans les grottes du Causse de Blandas et de l'extrémité sud-est du Larzac (Hérault) (5), puis plus près de nous, avant le milieu du siècle, L. Balsan dans les tumulus du Comtal et du Larzac occidental (6) et dans les grottes de Clapade à Millau et de Sargel à Saint-Rome de Cernon (Aveyron) (7), P. Temple dans la grotte de Landric à Saint-Baulize (Aveyron) (8), G. de Chambrun dans les tumulus des environs de Mende (1) Travaux de terrain, réunion de la documentation et présentations des sites : G. Costantini, G. Fages et A. Vernhet ; illustrations : G. Costantini, B. Dedet, G. Fages et A. Vernhet ; analyse du matériel, synthèse, conclusions et mise en forme : B. Dedet. (2) Abbé Cérès, Exposé de ses découvertes archéologiques dans le département de VAveyron, dans Congrès Scientifique de France, 4e session, Rodez, 1874, p. 5-34 ; Compte rendu de fouilles archéologiques, dans Mém. Soc. Lettres, Sciences et Arts de l'Aveyron, XIII, 1886, p. 182-206. (3) Dr. Prunières, Tumuli des Ages du Bronze et du Fer sur les Causses lozériens, dans Association Française pour l'Avancement des Sciences, Congrès de Rouen, 1883, p. 632-640 ; Mobilier de trente nouveaux tumuli, au milieu des dolmens du causse de Sauveterre, dans Ass. Fr. Avancement des Sciences, Congrès de Toulouse, 1887, p. 698-703. (4) P. Cazalis de Fondouce, Tumulus hallstattiens des Causses du Gard, dans Revue Préhistorique, lre année, 1906, n° 7, p. 1-13. (5) F. Mazauric, Recherches archéologiques sur le Larzac (région du Gard), dans Bull. Soc. Et. Se. Naturelles de Nîmes, XXXIV, 1906, p. 55-70. (6) L. Balsan, Fouilles archéologiques, 1939-1940-1941-1942, dans Procès-verbaux de la Société des Lettres, Sciences et Arts de l'Aveyron, XXXIV, 1946, p. 77-88, 185-195 et 278-292. (7) L. Balsan et P. Temple, La grotte de La Clapade, nécropole de l'Age du Bronze, commune de Millau (Aveyron),dans Revue des Musées, 25-26, 1930, p. 1-12 ; L. Balsan, Spéléologie du département de l'Aveyron, dans Mém. Soc. Lettres, Sciences et Arts de l'Aveyron, 26, 1946, p. 241-243, n° 452. (8) P. Temple, La Préhistoire du département de l'Aveyron, Nîmes, 1936, p. 143-146. Revue Archéologique de Narbonnaise, 18, 1985, p. 1-125. 2 G. COSTANTINI, B. DEDET, G. FAGES ET A. VERNHET (Lozère) (9) et C. Morel dans ceux de la partie orientale du Causse de Sauveterre (Lozère) (10). En 1936, P. Temple faisait le point de la Préhistoire aveyronnaise dans une synthèse où le Bronze Final et le Premier Age du Fer occupent une place appréciable (11). Mais tous ces travaux, où selon les usages et les nécessités de l'époque la documentation est très succinctement évoquée et très rarement illustrée, ne donnent qu'une vision partielle de la Protohistoire caussenarde. Les recherches des années 1950-1960 ont été plus ponctuelles, mais les données qu'elles ont procurées sont, en général, mieux divulguées : travaux de A. Durand Tullou dans les tumulus du Causse de Blandas (12), de C. Hugues, M. Lorblanchet et du CRA Chênes-Verts dans les tumulus du Causse Méjean(13), de A. Soutou qui, outre ses fouilles de Sargel, est le premier chercheur à s'intéresser à l'habitat de plein air caussenard, sur V oppidum de la Granède à Millau, mais aussi sur plusieurs sites de hauteur des Causses lozériens (14) ; de N. Bousquet, R. Gourdiole et R. Guiraud dans l'habitat de la grotte de Labeil à Lauroux (Hérault) (15) ; parallèlement N.-K. Sandars publie plusieurs documents inédits provenant de gisements caussenards dans « Bronze Age cultures in France » (16). Depuis lors, seule la grotte de Baume Layrou à Trêves (Gard) a fait l'objet d'une fouille suivie de la part de G. Fages (17), mais fouilles de sauvetage, prospections systématiques et découvertes fortuites se sont multipliées dans la région des Grands Causses. Si certaines de ces trouvailles, en Lozère, ont été publiées, notamment par G. Fages (18), la majeure partie d'entre elles demeure inédite. C'est cette documentation nouvelle, provenant de quatre-vingts gisements des Grands Causses que nous publions ici. Beaucoup de ces données n'ont pas été recueillies en stratigraphie ou dans des ensembles clos. Les incertitudes concernant parfois leur datation, plus souvent la nature des occu pations des gisements qui ont livré ces vestiges, sont donc nombreuses. Néanmoins ce travail permet de signaler pour la première fois un nombre considérable de sites s'échelonnant entre le Bronze Final II et la fin du Premier Age du Fer, de les dater et de tenter de caractériser la fonction de plusieurs d'entre eux (19). La région où se trouvent ces gisements est partagée entre quatre départements, Aveyron, Gard, Hérault et Lozère. Elle est formée par de puissants dépôts de calcaire jurassique portés à une altitude élevée (600 à 1200 m), et découpés par les profondes vallées creusées par les cours d'eau cévenols en (9) G. de Chambrun, Découverte d'un vieux dolmen et de trois tumuli dans les communes de Gabrias et de Montrodat, dans Bull. Soc. Lettres, Sciences et Arts du département de la Lozère, 1931 (ler-2e trimestres), p. 23-40 ; Douze tumulus fouillés sous la direction de M. le Chanoine Ressouche, ibid., 1934 (3e-4e trimestres), p. 2-5. (10) C. Morel, Sépultures tumulaires de la région du Freyssinel (Causse de Sauveterre), dans Bulletin du Laboratoire de Géologie et de Préhistoire du Musée de Mende, 7-8, 1967-1968, p. 10-74 (réimpression du Bull. Soc. L., Se. A. Lozère, V, 1936) ; C. Morel et P. Peyre, Fouilles de sauvetage 1965, sépultures tumulaires, dans Bulletin du Laboratoire de Géologie et de Préhistoire du Musée de Mende, 5, 1965, p. 5-18. (11) P. Temple, La Préhistoire, op. cit. (12) A. Durand Tullou, Quelques tumulus des environs de Rogues (Gard), dans CLPA, 3, 1954, p. 51-67. (13) C. Hugues, Préhistoire du Causse Méjan oriental, dans Congrès Préhistorique de France, XIIIe session, Paris, 1950, p. 358-385 ; Deux tumulus du Causse Noir et de la Can d'Artigues, dans Revue du Gévaudan, 6, 1960, p. 68-76 ; C. Hugues et M. Lorblanchet, Six tumulus du Causse Méjean (Lozère), dans RAN, III, 1970, p. 1-16 ; M. Lorblanchet, Contribution à l'étude du peuplement des Grands Causses, dans BSPFLXU, 1965, p. 667-712 ; CRA Chênes-Verts, Quelques sépultures du Causse Méjean (Lozère), dans CLPA,8, 1959,p. 167-173 ; G. Fages et M. Lorblanchet, Recherches sous les tumulus aux environs d'Anilhac (Causse Méjean), dans Bulletin du Laboratoire de Géologie et de Préhistoire du Musée de Mende, 4, 1964, p. 10-37. (14) A. Soutou, La grotte-sanctuaire de Sargel, Saint-Rome-de-Cernon (Aveyron), dans Ogam, 103-104, 1966, p. 1-16 ; Un habitat de la civilisation des Champs d'Urnes : le Serre de La Granède, dans Actes du 14e congrès de la Fédération des Sociétés Académiques et Savantes de Languedoc-Pyrénées-Gascogne, Rodez, 1958, p. 73-79 ; L'éperon barré de Clapas-Castel à La Capelle (Lozère), dans Gallia, XXII, 1964, p. 189-208. (15) N. Bousquet, R. Gourdiole et R. Guiraud, La grotte de Labeil, près de Lauroux (Hérault), dans CLPA, 15, 1966, p. 79-166. (16) N.K. Sandars, Bronze Age cultures in France, Cambridge, 1957. (17) Informations, Gallia Préhistoire, 25, 1982, p. 447-448. (18) G. Fages, Cinq années de recherches archéologiques sur le Causse Méjean et ses abords immédiats, 1969-1974, Travaux du Dépôt de fouilles préhistoriques d'Anilhac, Lozère, 1977 ; Quelques cavités préhistoriques et protohistoriques de la vallée du Tarn (Lozère), dans Revue du Gévaudan, 4, 1981, p. 5-44. (19) Nous remercions pour leurs contributions MM. D. André, L. Balsan, P. Blanquet, J. Bonnefous, C. Boude, J.-Y. Boutin, P. Brouillet, P. Druelle, C. Frayssignes, F. Galzin, M. Lacas, C. Marolle, L. Roubertier, R. Rouquet, J.-P. Serres, A. Soutou et A. Vieilledent. VESTIGES PROTOHISTORIQUES DANS LES GRANDS CAUSSES de vastes plateaux tabulaires couronnés de hautes falaises (20). Sauf au sud où elle domine directement les Garrigues du Languedoc oriental et le bassin de Lodève, cette région est entourée de massifs cristallins plus élevés : Cévennes à l'est, Aubrac au nord et Lévezou et monts de Lacaune à l'ouest. Les sites pris en compte ici se répartissent sur plusieurs causses et leurs satellites, dans les vallées ou gorges qui les séparent, ou dans des vallons périphériques qui les isolent des massifs cristallins voisins. En particulier, du nord au sud : — les petits plateaux culminant entre 1000 et 1100 m d'altitude, isolés du Causse de Sauveterre par la vallée du Lot : Causse de Changefège et Trucs de la région de Marvejols ; — Causse de Sauveterre, de 800 à 1180 m d'altitude, compris entre les vallées du Lot au nord et du Tarn au sud ; — Causse Comtal, de 500 à 700 m d'altitude, entre les vallées de l'Aveyron et du Dourdou ; — Causse Méjean, de 830 à 1280 m d'altitude, entre le vallon du Tarnon à l'est, les gorges du Tarn au nord et à l'ouest et de la Jonte au sud ; — Causse Noir, de 800 à 1000 m d'altitude, délimité par les gorges de la Jonte au nord, du Tarn à l'ouest, de la Dourbie et du Trévezel au sud, avec à l'est une annexe, le petit Causse de Camprieu ; — le Causse du Larzac (de 560 à 900 m) entre la vallée du Tarn au nord, les gorges de la Dourbie au nord et à l'est, celles de la Virenque et de la Vis à l'est, la vallée de la Buèges et le bassin de Lodève au sud et la vallée du Cernon à l'ouest. Cette dernière a isolé du reste du Larzac de petits plateaux : Sargel, Combalou, Taulan ; — Causse de Blandas, de 563 à 955 m d'altitude, entre la vallée de l'Arre au nord et les gorges de la Vis à l'ouest et au sud. La région des Grands Causses n'est pas homogène ; la situation par rapport au Bas Languedoc et à la Méditerranée et les fortes différences d'altitude sont deux facteurs importants qui peuvent conditionner l'implantation humaine. La situation par rapport au Bas-Languedoc permet de distinguer deux ensembles : La moitié sud du Larzac et les Causses de Blandas et de Campestre où se trouvent les plateaux les moins élevés des Causses : parfois au-dessous de 600 m (560 à 580 m dans la région de Rogues sur le Causse de Blandas, et de Saint-Maurice de Navacelles sur le Larzac), le plus souvent entre 600 et 800 m avec des sommets dépassant 900 m (943 m à la Séranne). Surtout ces régions qui forment la bordure du Languedoc ont un climat méditerranéen tempéré par l'altitude. Elles sont en outre directement accessibles depuis le bas-pays languedocien par les vallées de plusieurs rivières médi terranéennes, l'Arre, la Vis, la Buèges et la Lergue. La partie nord du Larzac et surtout les Causses Noir, Méjean et Sauveterre sont plus élevés et directement soumis aux influences océaniques. Ces derniers qui dépassent le plus souvent les 1000 m d'altitude dans leur partie orientale ont un climat montagnard. Les vallées qui les bordent et qui naissent dans les Cévennes, les mettent en communication naturelle avec le Bassin Aquitain. D'autre part, tant au nord qu'au sud, les vallées des rivières allogènes sont très profondes, qu'il s'agisse des vallons périphériques ou des gorges délimitant les plateaux. Elles se situent le plus souvent 400 à 500 m en contrebas de la surface des Causses. Cette alternance plateau-vallée fournit une grande variété de sites au micro-climat différent suivant l'altitude et l'exposition : — sites de plateau, — sites de la couronne de falaises du plateau, — sites de vallée ou de bas de versant. 2 vol. (20) Pour une description des caractères physiques de cette région, nous renvoyons à P. Marres, Les Grands Causses, Tours, 1935, G. COSTANTINI, B. DEDET, G. FAGES ET A. VERNHET Fig. 1 — Carte de localisation des gisements étudiés : 1. Puech de Buzeins (Buzeins, Aveyron) — 2. Grotte II de Aveyron) — 3. Grotte de Longviala (Campagnac, Aveyron) — 4. Grotte du Boundoulaou (Creissels, Aveyron) — 5 (Creissels, Aveyron — 6. Les Infruts (La Couvertoirade, Aveyron) — 7. La Couvertoirade (La Couvertoirade, Aveyr La Blaque (La Cresse, Aveyron) — 9. Grotte des Faux-Monnayeurs (Millau, Aveyron) — 10. Habitat fortifié de Aveyron) — 11. Grotte de Riou-Ferrand (Millau, Aveyron) — 12. Aven du Rajal del Gorp (Millau, Aveyron) — 13. (Nant, — 16. Aveyron) Tumulus de — la14.Goudalie Tumulus(Rodelle, III de Floyrac Aveyron) (Onet-le-Château, — 17. Grotte du Aveyron) Chat (Roquefort-sur-Soulzon, — 15. Habitat fortifié de Aveyron) l'Andurme — 18. (Riviè Ro (Saint-André-de-Vézines, Aveyron) — 19. Grotte de Sagnos (Sainte-Eulalie-de-Cernon, Aveyron) — 20. Grotte-berg Georges-de-Luzençon, Aveyron) — 21. Grottes de Sargel (Saint-Rome-de-Cernon, Aveyron) — 22. Camp de los Goïnos — 23. Tumulus Lanuèjols (Lanuèjols, I de Villeplaine Gard) — 26. ou du Grotte Crèsdu(Sévérac-le-Château, Luc (Lanuèjols, Gard) Aveyron) — 27.—Grotte 24. Grotte de Puech-Buisson du Roc-du-Midi (ou (Blandas, d'Espinasso G — 28. Dolmen de Revens (Revens, Gard) — 29. Rochers de la côte de Revens (Revens, Gard) — 30. Grotte de La J — 31. Grotte des Morts, Bramabiau (Saint-Sauveur-des-Pourcils, Gard) — 32. Grotte du Castellas (La Vacquerie, Hé Camp Rouch (Pégayrolles-de-1'Escalette, Hérault) — 34. Grotte du Suquet (Pégayrolles-de-1'Escalette, Hérault) (Saint-Maurice-de-Navacelles, Hérault) — 36. Grotte de Soulatgets (Saint-Maurice-de-Navacelles, Hérault) — 37. Bout-du-Monde — 40. Grotte du (Saint-Pierre-de-la-Fage, Rouquet (Sorbs, Hérault) Hérault) — 41. Grotte — 38.duAbri Maguel de Combefère (Balsièges, Lozère) (Les Rives, — 42,43,44. Hérault) —Grottes 39. Grotte II, III, Mou XII (Balsièges, Lozère) — 45. Dolmen double de l'Aumède (Chanac, Lozère) — 46. Grotte de la Fouon del Latch (Cultures, L lus — 50. I de Dolmen Rocherousse d'Aures (Esclanèdes, (Gatuzières,Lozère) Lozère)—— 48.51.Grotte Stationdedes Pelet Douzes (Florac, (Hures-La Lozère)Parade, — 49. Lozère) Habitat—de52.hauteur GrottededelRoche Pas Lozère) — 55. Grotte — 53. duRocher Cuer-Fatchi de Saint-Gervais (La Malène,(Hures-La Lozère) — Parade, 56. Aven Lozère) de Baume-Brune — 54. Grotte (Laval-du-Tarn, aérienne de Sourbettes Lozère) — (Hure 57. (Meyrueis, Lozère) — 58. Station du Moulin du Capelan (Meyrueis, Lozère) — 59. Grotte de la Chèvre (Meyruei 62. Grottes de Costeguizon (Meyrueis, Lozère) — 63. Tumulus de Frépestel (Meyrueis, Lozère) — 64. Grotte des Maïss — 65. Grotte de Nabrigas (Meyrueis, Lozère) — 66. Grotte de Pauparelle (Meyrueis, Lozère) — 67. Grotte du S (Meyrueis, Lozère) — 68. Coffre de la Téoulière (Prades, Lozère) — 69. Grotte des Baumes-Chaudes (Saint-George — 70. Grotte du Baumas (Saint- Pierre-des-Tripiers, Lozère) — 71. Grotte Maurice (Saint-Pierre-des-Tripiers, Lozèr Cinglegros (Saint-Pierre-des-Tripiers, Lozère) — 73. Grotte de la Baume (Sainte-Enimie, Lozère) — 74. Grotte de Cas Lozère) — 75. Dolmen de Dignas (Sainte-Enimie, Lozère) — 76. Grotte du Lapin, Pougnadoires (Sainte-Enimie, Loz Ravin de la Fage (Sainte-Enimie, Lozère) — 78. Aven-grotte du Baumas (Saint-Rome-de-Dolan, Lozère) — 79. Ab (Vébron, Lozère) — 80. Grotte du Devès de Villeneuve (Vébron, Lozère). 6 G. COSTANTINI, B. DEDET, G. FAGES ET A. VERNHET La présente publication n'a d'autre but que d'apporter une documentation nouvelle inédite, importante par la quantité et la diversité des provenances, et de poser quelques jalons concernant la connaissance des implantations humaines et des faciès mobiliers du Bronze Final II au Premier Age du Fer. Ultérieurement, ces données nous permettront, en prenant compte également des fouilles anciennes, d'envisager un nouvel examen de l'ensemble de la Protohistoire caussenarde. Dans cette optique nous avons entrepris l'étude de tous les documents issus des importants gisements des grottes de Clapade à Millau et de Landric à Saint-Baulize (Aveyron) fouillés anciennement. L'étude de ces vestiges est ordonnée par département dans l'ordre alphabétique, et à l'intérieur de chaque département par commune également dans l'ordre alphabétique. Chaque gisement a été affecté d'un numéro, le même que celui qui est utilisé sur la carte de localisation de la figure 1. Pour chaque site, figurent une rapide description et la mention des circonstances de la découverte et, éventuellement des recherches anciennes, une bibliographie lorsque le gisement a déjà été signalé même pour d'autres périodes et la description du mobilier. La bibliographie des sites déjà connus par ailleurs est volontairement sommaire. Nous n'avons retenu, dans chaque cas, que l'ouvrage renfermant soit la description la plus complète du gisement, soit la mention de matériel protohistorique, soit la bibliographie antérieure. Dans la description de la céramique non tournée nous avons utilisé, pour chaque gisement et éventuellement chacune des phases chronologiques attestées sur un gisement, un classement à deux niveaux : — au niveau du profil global des vases, en définissant un certain nombre de séries de formes et de variantes à l'intérieur de ces séries ; — au niveau enfin des détails morphologiques par le recours à une typologie des bords et des fonds de vases précédemment mise au point (21). 2. Aveyron 2.1. Commune de Buzeins Site n° 1 : Puech de Buzeins Le piton volcanique du Puech de Buzeins (ait. 864 m) domine la rive droite de l'Aveyron. Il a été occupé depuis l'Age du Bronze jusqu'à la fin de l'Antiquité. A un habitat de hauteur protohistorique a succédé un sanctuaire gallo-romain. Des fouilles, conduites par l'abbé Cérès (1873-1875) et par L. Balsan et L. Soonckindt (1963-1964), ont dégagé quelques constructions gallo-romaines (fanum ?) et ont livré du mobilier conservé au musée Fenaille (Rodez). Le mobilier de l'Age du Fer, découvert dans des terres remaniées à l'époque gallo-romaine, est inédit. — Bibliographie : A. Albenque, Inventaire de l'archéologie gallo-romaine du département de l'Aveyron, 1947, p. 49-50 ; M. Labrousse, Informations archéologiques, dans Gallia, XXII, 1964, 2, p. 428. — Description du mobilier : Le gisement de Buzeins a livré des tessons d'amphores massaliètes et de céramique grise monochrome ainsi que des vases non tournés. Parmi ces derniers figurent : (21) B. Dedet et M. Py, Classification de la céramique non tournée protohistorique du Languedoc méditerranéen, Revue Archéologique de Narbonnaise, Supplément 4, 1975. La représentation figurée des céramiques est conforme à la Normalisation du dessin en céramologie, n° spécial 1 des DAM, 1979. VESTIGES PROTOHISTORIQUES DANS LES GRANDS CAUSSES 7 — deux coupes tronconiques hautes, munies de bords D01 et décorées à mi-hauteur de la panse à l'extérieur d'une rangée horizontale d'impressions (fig. 2, n° 1 et 2) ; — trois fragments de panses d'urnes décorées d'une rangée horizontale d'impressions circulaires (fig. 2, n° 3), ou d'impressions digitales sur cordon horizontal (fig. 2, n° 4 et 5). Tous ces documents sont datables du début du Second Age du Fer (ve-ive s. av. J.-C). Fig. 2. — Buzeins (Aveyron), Le Puech, céramiques non tournées. 2.2. Commune de Campagnac Site n» 2 : Grotte de l'Ancise II A 800 m au nord-est de Campagnac, entre la route de Campagnac à Saint-Laurent-d'Olt et la voie ferrée, s'ouvrent dans la falaise les deux grottes de l'Ancise ou du Banc. La première, la plus au sud, d'accès facile, a été occupée du Néolithique à l'époque gallo-romaine. Explorée par P. Blanquet et R. Rouquet entre 1963 et 1970, elle a livré quelques tessons de l'Age du Bronze Final. La deuxième, située en milieu de falaise à quelques dizaines de mètres, au nord de la précédente, a été explorée entre 1966 et 1973 par R. Rouquet, L. Balsan, G. Costantini et A. Vernhet. Egalement occupée du Néolithique à l'époque gallo-romaine, elle a livré, en surface d'un couloir de 20 m de long et de 1 à 2 m de large, les fragments de trois coupes carénées à décor peint. Le mobilier des deux grottes est conservé pour l'essentiel au musée de Millau ; les coupes à décor peint sont exposées au musée Fenaille (Rodez). — Bibliographie : M. Labrousse Informations archéologiques, dans Gallia, XXVI, 1968, 2, p. 516 ; L. Balsan, Découverte de céramique ionienne en Rouergue, dans Procès-verbaux de la Société des lettres de l'Aveyron, 39, 1968, p. 295-298. 10 cm 1 ROUGE .ORANGE Fig. 3. — Campagnac (Aveyron), Grotte II de l'Ancise, céramiques tournées. 8 G. COSTANTINI, B. DEDET, G. FAGES ET A. VERNHET — Description du mobilier (fig. 3) : Fragments de trois coupes profondes à col déversé et panse carénée, à pâte beige-rose, avec de très fines inclusions de calcaire et de mica. Ces vases ne sont pas engobés mais portent un décor de points et de bandes horizontales peints en ocre-brun. Il s'agit de vases pseudo-ioniens datables du Ve ou du ive s. av. J.-C. Site n° 3 : Grotte de Longviala Entre la ferme de Longviala et l'ancienne auberge de Bonsecours, près de la limite entre l'Aveyron et la Lozère, la grotte de Longviala a servi d'habitat, d'abri et de point d'eau. Des trouvailles de surface (R. Rouquet, 1974) ont livré des tessons datables de l'Age du Cuivre à l'époque gallo-romaine. Ils sont conservés au musée de Millau. — Bibliographie : inédit. — Description du mobilier : — partie supérieure d'urne à col convergent, bord G04, contact col-panse adouci, décoré d'une rangée horizontale d'impressions très profondes (jusqu'à 4 mm), faites avec l'ongle, panse à profil peu galbé (fig. 4, n° 1) ; surfaces : lissage fini sur le col à l'extérieur, lissage ébauché sur la panse à l'extérieur et sur toute la surface intérieure conservée ; pâte gris-noir en surface à l'extérieur, brun-noir à rouge marron en surface à l'intérieur ; Fig. 4. — Campagnac (Aveyron), Grotte de Longviala, céramiques non tournées. — quatre épaulements d'urnes de même forme que l'exemplaire précédent, décorés : — fig. 4, n° 2 : rangée horizontale d'impressions de bout de baguette oblique ; aménagement des surfaces : lissage fini sur le col, peignage oblique sur la partie supérieure de la panse, lissage ébauché vers le bas de la panse ; — fig. 4, n° 3 : rangée horizontale de coups incisés de haut en bas ; aménagement des surfaces : lissage fini sur le col, lissage ébauché sur la panse ; — fig. 4, n° 4 : rangée horizontale de coups incisés de haut en bas ; aménagement des surfaces : lissage fini sur le col et sur la panse ; — fig. 4, n° 6 : rangée horizontale de coups incisés verticaux, aménagement des surfaces : lissage fini sur le col ; — panse à profil arrondi assez galbé d'une petite urne décorée sur l'epaulement d'une rangée horizontale de coups incisés du haut vers le bas (fig. 4, n° 5) ; aménagement des surfaces : lissage fini sur le col à l'extérieur ; lissage ébauché sur la panse à l'extérieur et sur toute la surface conservée à l'intérieur. Tous ces vases incluent un dégraissant de calcite broyée. Les pâtes ont des teintes sombres, marron-gris à noir. Datation : milieu de l'Age du Fer, probablement ve-ive s. av. J.-C. VESTIGES PROTOHISTORIQUES DANS LES GRANDS CAUSSES 9 2.3. Commune de Creissels Site n° 4 : Grotte du Boundoulaou Dans le vallon de Saint-Martin, à 1000 m environ au sud de la ferme de Saint-Martin de Pris, la grotte-résurgence du Boundoulaou s'ouvre au milieu d'une des basses falaises du Larzac. D'accès difficile, elle a servi d'habitat, de fortification, de point d'eau et d'ossuaire, du Néolithique au Moyen Age. Elle a été explorée et fouillée par E.-A. Martel (1892), L. Balsan (1931-1933), R. Rouquet et A. Soutou (1960-1963). Dans les galeries nord et ouest (fig. 5), les niveaux archéologiques bouleversés par la résurgence permettent mal de définir les occupations successives. A. Soutou a classé typologiquement le mobilier recueilli, qui est aujourd'hui conservé au musée Fenaille (Rodez) et au musée de Millau. — Bibliographie : E.-A. Martel, Les Causses Majeurs, 1936, p. 463 (plan) ; L. Balsan, Spéléologie du département de l'Aveyron, dans Mém. Soc. des Lettres de l'Aveyron, 26, 1946, p. 65-68 ; M. Labrousse, Informations, dans Gallia, XXII, 1964, p. 431-432, A. Soutou, La forteresse mérovingienne de la Roque-de-Pris, Creissels, Aveyron, dans Bull. arch. du Comité des trav. hist. et scient., fasc. 8 A, 1975, p. 3-16. Fig. 5. — Creissels (Aveyron), Grotte du Boundoulaou, plan. — Description du mobilier : — Céramiques de l'entrée de la galerie ouest. Ce lot comprend deux formes d'urnes typologiquement très proches l'une de l'autre et trois formes de coupes. — urnes de série 1 : 5 urnes à panse biconique haute et col bas divergent (fig. 6, n° 1, 4, 7, 8 et 13), bords D05 (fig. 6, n° 8), D08 (fig. 6, n° 4) ou E05 (fig. 6, n° 7). Le décor se place sur la partie supérieure de la panse et/ou à la carène. Trois techniques sont représentées : 9 groupes de deux lignes horizontales incisées avant cuisson en trait double (fig. 6, n° 1) ; une rangée horizontale d'impressions (fig. 6, n° 4 et 8) ; des cannelures horizontales (fig. 6, n° 7) ; ces deux dernières techniques peuvent être associées (fig. 6, n° 13). Col et partie supérieure de la panse à l'extérieur sont également aménagés de façon G. COSTANTINI, B. DEDET, G. FAGES ET A. VERNHET 10 ooooo ^5 ff 16 ^^ 17 19 20 l 21 1 22^^ P23 #24 I /0cm 25 %26 Fig. 6. — Creissels (Aveyron), Grotte du Boundoulaou, céramiques non tournées. VESTIGES PROTOHISTORIQUES DANS LES GRANDS CAUSSES 11 identique : polissage (n° 7), lissage fini (n° 14), lissage ébauché (n° 4 et 8). Dans le seul cas où l'observation est possible, la partie inférieure de la panse est moins bien aménagée que la partie supérieure (n° 13) ; — urnes de série 2 : 3 urnes à panse arrondie haute et col bas divergent (fig. 6, n° 3, 5 et 14) ; bords D04 (n° 5), D13 (n° 13) ou E05 (n° 14). Le décor, situé à niveau du diamètre maximum de la panse, se compose d'une rangée horizontale d'impressions soit circulaires (n° 5), soit ovalaires (n° 14). Dans tous les cas, col et partie supérieure de la panse, à l'extérieur, sont aménagés de manière identique : lissage ébauché (n° 3 et 5) ou fini (n° 14) ; — urnes de série 1 ou 2 : plusieurs exemplaires, très fragmentés, peuvent se rapporter à l'une ou à l'autre des deux séries. Il s'agit des bords suivants : E04 (fig. 6, n° 10), E05 (n° 2), D05 (n° 9), D08 (n° 1 1) et C05 (n° 12). Le haut de la panse conservé dans un cas (n° 2) est décoré de cannelures horizontales ; — urnes de série indéterminée : un bord D04 équipant un col divergent (fig. 6, n° 17), un fragment de partie supérieure de panse ornée de méplats horizontaux (fig. 6, n° 15) et un fragment de panse décoré d'un rang horizontal d'impressions circulaires (fig. 6, n° 16) ne peuvent être attribués à un type précis d'urne ; — coupes de série 1 : 9 coupes à profil arrondi-convexe (fig. 6, n° 18 et 20 à 26) ou plus rarement caréné (fig. 6, n° 19) et bord convergent G08 (n° 19), 105 (fig. 20, 25 et 26) ou 108 (n° 18, 21 et 24). Cette forme est décorée à l'extérieur, sur la partie supérieure de la panse. Le décor se compose le plus souvent d'une à cinq lignes horizontales incisées avant cuisson en trait double (n° 18 à 21, 23 à 26) parfois accompagnées de rangées horizontales de petites incisions obliques (n° 19 et 21), d'une double ligne brisée incisée finement (n° 23), ou de traits obliques et parallèles en groupes de direction alternée tracés au brunissoir (n° 21). Exceptionnellement on a affaire à un décor géométrique complexe incisé en trait simple avant cuisson (n° 22). Les surfaces extérieures sont polies ; les surfaces intérieures sont polies en général, ou plus rarement lissées avec soin (n° 19, 21 et 23) ; — coupes de série 2 : douze coupes tronconiques à bord présentant des méplats vers l'intérieur (fig. 7, n° 1 à 12) de type C19 (fig. 7, n° 10 et 12), D05 (n° 4), D15 (n° 3), D18 (n° 2), E08 (n° 8 et 1 1), El 5 (n° 5), El 8 (n° 9), E24 (n° 1) et E25 (n° 7). Le seul fond conservé de cette série est un fond creux 23A (n° 6). L'intérieur de la panse est parfois décoré de cannelures horizontales jointives (n° 1, 3, 4 et 6). La surface intérieure est généralement polie sauf trois exceptions (n° 2, 10 et 12) qui présentent un lissage fini. La surface extérieure est le plus souvent laissée brute de finition (n° 2, 3, 7, 9 à 12), ou plus rarement a fait l'objet d'un lissage fini (n° 1 et 8) ou ébauché (n° 5 et 6) ; — coupe de série 3 : une coupe arrondie convexe à bord simple E04 (fig. 7, n° 13) ; surfaces extérieure et intérieure polies. ?5 \ 2 ^ 13 Fig. 7. — Creissels (Aveyron), Grotte du Boundoulaou, céramiques non tournées. La datation de l'ensemble des vases entre dans le Bronze Final III A, mais certaines séries (la série 2 des urnes et la série 2 des coupes) peuvent aussi être datées du Bronze Final II. Etant donnée l'absence de stratigraphie et les conditions de découverte, il n'est donc pas possible de savoir si la grotte du Boundoulaou a été fréquentée durant plusieurs phases du Bronze Final ou seulement au Bronze Final III A. 12 G. COSTANTINI, B. DEDET, G. FAGES ET A. VERNHET 3 cm \/ /^/\ \A\/\//\ v \' Fig. 8. — Creissels (Aveyron), Grotte du Boundoulaou, bracelet en bronze. Fig. 9. — Creissels (Aveyron), Aven du Bel-Air IV, plan et coupe (les cercles noirs indiquent la position des vases). VESTIGES PROTOHISTORIQUES DANS LES GRANDS CAUSSES 13 10 cm Fig. 10. — Creissels (Aveyron), Aven du Bel- Air IV, céramique non tournée. — Objet trouvé en surface à l'intérieur de la grotte : — bracelet en bronze, ouvert, à extrémités amincies, de section ovale, épaisse de 4,5 mm et large de 6,5 mm, et décor de lignes brisées gravées; diamètre maximum : 52 mm (fig. 8) (trouvaille F. Galzin). Ce bracelet est d'un type connu dès le Bronze Moyen dans l'Est de la France, le bassin du Rhône et le Languedoc, qui dure pendant tout le Bronze Final (22). Site n° 5 : Aven du Bel Air IV Sur la pente nord du Causse du Larzac, 500 m environ au nord-nord-est de la ferme de Bel-Air, s'ouvre un petit aven de 10 m de profondeur, avec une salle de 150 à 200 m2, en partie comblée par un cône d'éboulis qui semble provenir de l'entrée antique. Cet aven fut découvert en 1975 par A. Vieilledent (Spéléo-Club des Causses) après désobstruction d'une entrée secondaire. Il a dû servir d'ossuaire à l'Age du Cuivre et de point d'eau à l'Age du Bronze final. Pour cette période, quatre vases entiers ont été découverts : trois étaient pris dans les concrétions de petits gours, le quatrième était placé verticalement sur le bord du cône d'éboulis (fig. 9). Le mobilier est déposé au musée de Millau. (22) J.-L. Roudil, L'Age du Bronze en Languedoc oriental, 1972, p. 107-111 ; on rencontre de tels bracelets au Bronze Final II, par exemple dans le dépôt de la Croix de Saint- André à Carlipa, Aude (J. Guilaine, L'Age du Bronze en Languedoc occidental, Roussillon, Ariège, 1972, p. 240). 14 G. COSTANTINI, B. DEDET, G. FAGES ET A. VERNHET Fig. 11. — Creissels (Aveyron), Aven du Bel-Air IV, céramiques non tournées. rO 3cm Fig. 12. — La Couvertoirade (Aveyron), Les Infruts, épingle en bronze. VESTIGES PROTOHISTORIQUES DANS LES GRANDS CAUSSES 15 — Bibliographie : J. Clottes, Informations, dans Gallia-Préhistoire, 20, 1977, p. 525. — Description du mobilier : — urne de forme 122 C à panse biconique haute et col divergent bas, bord DO5/DO8 ; fond 21 A ; surfaces : col et partie supérieure de la panse polis à l'extérieur et à l'intérieur, lissage fini sur la partie inférieure de la panse à l'extérieur et à l'intérieur, avec traces de raclage vertical à l'extérieur ; hauteur : 37,4 cm ; rapport : 104 (fig. 10) ; — urne de forme 121 C à panse biconique haute et col divergent, bord D05, fond 13 A ; surfaces : col poli à l'extérieur et à l'intérieur, lissage fini sur la partie supérieure de la panse à l'extérieur et sur toute la panse à l'intérieur ; lissage fini-ébauché sur la partie inférieure de la panse à l'extérieur avec traces de raclage vertical, hauteur : 25,8 cm ; rapport : 83,7 (fig. 11, n° 1) ; — urne de même forme que la précédente, bord D05, fond 11A ; surfaces extérieure et intérieure polies ; hauteur : 18,4 cm ; rapport : 84,7 (fig. 1 1, n° 2) ; — urne biconique à col cylindrique de forme 122 I ; bord E04, col haut convergent, panse haute carénée, fond 21 A ; deux cannelures horizontales situées juste au-dessus de la carène ; surface extérieure et surface intérieure du col polies ; lissage fini sur la surface intérieure de la panse ; hauteur : 18,4 cm ; rapport : 92,9 (fig. 11, n° 3). Ce lot de récipients est caractéristique du Bronze Final II. 2.4. Commune de la Couvertoirade Site n° 6 : Les Infruts Dans les rochers situés à 100 m environ à l'ouest du hameau des Infruts, M. Lacas a découvert en surface une tête d'épingle en bronze. Cette trouvaille inédite, conservée chez l'inventeur, correspond vraisemblablement à un habitat à l'abri des rochers. — Bibliographie : inédit. — Description du mobilier : — Partie supérieure d'une épingle en bronze à tête évasée en grand disque (23) (fig. 12) ; seule la tête et le départ de la tige sont conservés. La tête est formée d'un disque de 3,6 cm de diamètre à rebord biseauté sur le dessus. Ce disque, épais de 1,5 mm présente un renflement central en forme de cône. Sa partie plane est décorée de quatre cercles concentriques de petits tirets parallèles finement incisés. Entre les deux cercles placés le plus au centre court une ligne brisée finement incisée formant une étoile à douze branches autour du bombement central. Des épingles de ce type proviennent de gisements de l'est de la France (partie orientale du Bassin Parisien, Alsace et Bassin Rhône-Saône), qui s'échelonnent entre le Bronze Moyen et le Bronze Final III (24). Site n° 7 : La Couvertoirade La collection de Charles Julien de Lassalle, récemment entrée au musée de Millau, comprend une pointe de lance en bronze dont l'étiquette, collée à l'objet, mentionne : « trouvé à La Couvertoirade par M. Lacas, maçon, en 1880 ou à peu près ». C. Julien de Lassalle ayant prospecté à la fin du xixe s. dans la région de La Couvertoirade, l'authenticité de la trouvaille ne fait guère de doute, mais tout contexte est inconnu. — Bibliographie : inédit. — Description du mobilier : (23) Selon la terminologie de F. Audouze et G. Gaucher, Typologie des objets de l'Age du Bronze en France, fascicule VI : Epingles, SPF, Paris, 1981, fiche 45, p. 77-78. (24) Ibid., p. 78. Ces auteurs signalent aussi une épingle semblable à Saint-Chély-du-Tarn, Lozère, d'après F. André, Découverte d'objets en bronze sur le causse Méjean près de Saint-Chély du Tarn, dans Matériaux, 1875, fig. 122 et 123. 16 G. COSTANTINI, B. DEDET, G. FAGES ET A. VERNHET — Pointe de lance à douille en bronze (fig. 13) : la pointe est mousse : la nervure centrale a une section circulaire ; les ailerons ont été repliés et seulement l'un d'eux, aminci sur ses deux faces est conservé ; deux trous de fixation de 4 à 5 mm de diamètre sont placés à la base de la douille ; longueur totale : 9,1 mm ; diamètre de la douille à la base : 19 à 21 mm. Ce type de pointe de lance est bien attesté dans de nombreux dépôts entre la fin du Bronze Moyen et la fin du vie s. av. J.-C. (25). Toutefois, l'allongement de la douille serait un indice de datation récente à l'intérieur de la série (26) et de fait les pointes des dépôts de Larnaud (Jura) au Bronze Final III B, de Rieu-Minervois (Aude) à la fin du vne s. et de Rochelongue (Agde, Hérault) à la fin du vie s. av. J.-C. présentent, comme à La Couvertoirade, une douille allongée (27). Nous attribuerons donc cette datation, Bronze Final III B ou début du Premier Age du Fer, sans pouvoir être plus précis, à l'exemplaire de La Couvertoirade. rO 5cm Fig. 13. — La Couvertoirade (Aveyron), pointe de lance en bronze. 2.5 Commune de La Cresse Site n° 8 : Dolmen de La Blaque Sur le Causse Noir, 500 m au nord-nord-ouest de la ferme du Sonnac, le dolmen de La Blaque ne conserve que trois côtés de sa chambre sépulcrale. Anciennement vidé, il a fait l'objet, en 1976, d'une nouvelle fouille clandestine. Sur les (25) Voir références dans B. Dedet et M. Bordreuil, Le dépôt de fondeur du Bronze Final II de Cabanelle à Castelnau-Valence (Gard), dans Gallia-Préhistoire, 25, 1982, p. 187-210 et notamment p. 204. (26) Cf. L. Bonnamour, L'Age du Bronze au Musée de Chalon-sur-Saône, 1969, p. 40. (27) Pour Larnaud : J.-P. Millotte, Le Jura et les Plaines de la Saône aux Ages des Métaux, Annales littéraires de l'Université de Besançon, 59, 1963, pi. XL, n° 5 ; pour Rieux-Minervois : J. Guilaine, L'Age du Bronze..., p. 349, fig. 13 1, nos 1 1 et 12 ; pour Rochelongue : A. Bouscaras et C. Hugues, La cargaison des bronzes de Rochelongue (Agde, Hérault), dans R. E. Lig., 33, 1967 ( = Hommage à F. Benoit, I, 1972), p. 173-184 et notamment p. 177, nos 3 et 4. VESTIGES PROTOHISTORIQUES DANS LES GRANDS CAUSSES 17 déblais, J. Bleuret a découvert un petit mobilier de l'Age du Cuivre et quelques tessons de l'Age du Bronze Final, non dessinables. — Bibliographie : inédit. 2.6. Commune de Millau Site n° 9 : Grotte des Faux-Monnayeurs Au pied de la couronne de falaises de La Pouncho d'Agast, qui dominent le vallon de Millau, à 2 km environ au nord-nord-est de la ville, la grotte des Faux-Monnayeurs a été très souvent explorée et fouillée depuis sa découverte en 1931. Une vaste salle de 40 x 10 m abrite un petit lac temporaire. La cavité a pu servir d'habitat, de point d'eau et de cachette (atelier de faux-monnayeurs). Elle a livré des vestiges de l'Age du Cuivre, de l'Age du Bronze final et du xvie siècle, qui sont conservés au musée Fenaille (Rodez), au musée de Millau et dans la collection Lacas (Millau). — Bibliographie : L. Balsan, Spéléologie..., p. 121-122. — Mobilier du Bronze Final : un bord El 5 de coupe tronconique (fig. 14). Ce type de coupe se rencontre du Bronze Final II au Bronze Final III B. Sèm Fig. 14. — Millau (Aveyron), Grotte des Faux-Monnayeurs, céramique non tournée. Site n° 10 : Habitat fortifié de la Granède En bordure nord du Causse du Larzac, 1000 m au nord-ouest de la ferme de l'Hôpital, se trouve un éperon rocheux de 3 ha environ, entouré de hautes falaises, dominant le confluent du Tarn et de la Dourbie. Cet éperon n'est relié au Causse du Larzac que par un isthme de 10 m de large, barré par de puissantes murailles. Signalé depuis le début du xxe siècle par A. Carrière, le site a été prospecté et partiellement fouillé entre 1950 et 1967 par L. Balsan et A. Soutou. En 1972 et 1973, après de gros éboulements sur le versant sud, A. Vernhet a recueilli de nombreux documents complémentaires. L'éperon a été occupé du Néolithique au Moyen Age. Il a essentiellement servi d'habitat défensif. Un sanctuaire y est édifié dès le début de la période gallo-romaine. Les niveaux protohistoriques ont été rencontrés en quatre endroits (fig. 15) : 1 — versant nord (dépôt de pente), 2 — remparts et poterne est (stratigraphie du Bronze ancien au Gallo-romain), 3 — remparts et porte sud, 4 — versant sud (dépôt de pente). Les trois fortifications successives qui ont été reconnues sont : — un rempart en pierres sèches maintenues par une armature de bois (« rempart calciné » du Bronze Final ou du 1er Age du Fer), — un rempart en gros blocs de pierres sèches bien appareillées, avec porte et poterne (2e Age du Fer), — un rempart en petit appareil, lié au mortier (Gallo-romain tardif). Le mobilier est conservé au musée de Millau. — Bibliographie : Le gisement est signalé dans Informations, dans Gallia, IX, 1951, p. 109 ; XVII, 1959, p. 41 1, 412 ; XX, 1962, p. 551-552 ; A. Soutou, Un habitat de la civilisation des Champs d'Urnes : Le Serre de la Granède, dans Actes du 14e congrès de la Fédération des Soc. acad. et sav. de Languedoc- Pyrénées-Gascogne, Rodez, 1958, p. 73-79 ; A. Soutou, Voies anciennes au sud de Millau, dans Cahiers Ligures de Préhistoire et d'Archéologie, 8, 1959, p. 112-120. 18 G. COSTANTINI, B. DEDET, G. FAGES ET A. VERNHET L A R Z A C Fig. 15. — Millau (Aveyron), habitat de hauteur de la Granède, plan. — Description du mobilier : Les conditions de découverte et de conservation des objets n'ont pas permis de tenir compte d'ensembles homogènes et de mener une étude quantitative des types. Aussi a-t-il semblé préférable d'établir un catalogue des documents les plus significatifs, classés par grandes époques. De ce point de vue, le matériel dont nous disposons, qui se rapporte à la phase 2 distinguée par A. Soutou dans le sondage « rempart-poterne est », se répartit en deux grands ensembles chronologiques : 1) Bronze Final III B ; 2) Premier Age du Fer. Mais, pour un grand nombre d'objets peu typiques une telle attribution présente un caractère incertain. De ce fait, nous n'avons retenu ici qu'un choix de pièces parmi celles qui ont un intérêt typologique. Ce catalogue risque donc de donner une image déformée de phases d'occupation de ce site qui mériteraient d'être précisées par des fouilles nouvelles. a) Documents du Bronze Final III B — partie supérieure d'une urne à col parallèle bas, bord simple F04 et panse peu galbée (fig. 16, n° 1) ; le décor est placé en deux endroits : en haut de la panse, une cannelure horizontale surmontant une rangée horizontale d'impressions hémisphériques ; au niveau du diamètre maximum de la panse, au moins une rangée horizontale d'impressions hémisphér iques ; aménagement des surfaces : polissage à l'extérieur, lissage fini à l'intérieur ; les couleurs sont sombres : noir à l'extérieur et en épaisseur, gris-noir à gris-marron à l'intérieur ; abondant dégraissant de calcite broyée ; cassures au niveau des joints de colombins au contact col-panse et au niveau du registre décoratif inférieur ; — plusieurs fragments d'épaulement d'urnes décorés selon deux techniques. Dans la majorité des cas, il s'agit d'une rangée horizontale d'impressions en coin de règle (fig. 16, n° 2), pyramidales (fig. 16, n° 3) ou grossièrement circulaires. Le décor en incision large est plus rare. Il se compose d'une ligne brisée, simple ou double, encadrée ou non par des lignes horizontales (fig. 16, n° 4 et 5). Ces deux types de décor sont souvent complétés, vers le haut ou vers le bas par une ou plusieurs cannelures ou méplats horizontaux (fig. 15, n° 2 et 5). Aménagement des surfaces : polissage ou lissage fini ; — des coupes carénées à bord simple et fond creux (fig. 16, n° 6 à 19, fig. 17, n° 1, 2 et 5 et fig. 18, n° 1 à 5) ; la carène est parfois façonnée en méplat (fig. 16, n° 12 à 14 et 16). Selon l'orientation de la partie supérieure, on peut distinguer deux variétés : • à embouchure resserrée : deux bords COI (fig. 16, n° 8 et fig. 18, n° 1), un bord C06 (fig. 16, n° 11), trois bords G01 (fig. 16, n° 6, 17 et 19), deux bords G05 (fig. 18, n° 2 et 5), un bord G06 (fig. 16, n° 9), un bord G08 (fig. 16, n° 16), un bord G09 (fig. 16, n° 15), deux bords H01 (fig. 16, n° 7 et 10) et un bord H09 (fig. 18, n° 3) ; • à embouchure évasée ou parallèle : un bord C03 (fig. 17 n° 1), un bord D01 (fig. 16, n° 18), deux bords D05 (fig. 16, n° 12 et 14), un bord FOI (fig. 16, n° 13) et un bord F05 (fig. 17, n° 5). VESTIGES PROTOHISTORIQUES DANS LES GRANDS CAUSSES 19 Y / c ç l 10 cm Ç 10 12 11 14 C ^Vj--/16 Fie 16. — Millau (Aveyron), habitat de hauteur de la Granède, 19 céramiques non tournées. 17 20 G. COSTANTINI, B. DEDET, G. FAGES ET A. VERNHET r 10 ïfrfrrfi rrrj/ te C 17 18 10 cm Fig. 17. — Millau (Aveyron), habitat de hauteur de la Granède. 1 à 15 : céramiques non tournées ; 16 à 19 fusaïoles. : Plusieurs exemplaires portent, sur la partie supérieure de la panse à l'extérieur, un décor d'incisions fines tracées dans la pâte humide généralement en trait double, exceptionnellement en trait triple. L'état de conservation de ces documents ne permet pas de connaître exactement motifs et composition. Semblent toutefois attestés les décors suivants • deux ou trois doubles lignes horizontales (fig. 17, n° 5 et fig. 18, n° 3 ; pour ce dernier exemplaire la ligne centrale comprend un trait double surmontant un trait simple) ; • des rectangles alignés, en trait double (ou méandre rectangulaire ?) (fig. 18, n° 5) ; • un méandre complexe incisé avec un peigne à trois dents (fig. 18, n° 1) ; • une métope décorée d'une croix de Saint- André complétée par des chevrons et des points (fig. 18, n° 2) ; — des coupes à carène vive ou adoucie et bord déversé (fig. 17, n° 3, 4 et 6). Les bords possèdent un méplat vers l'intérieur : Cl 1 (fig. 17, n° 3), C19 (fig. 17, n° 4) ou D08 (fig. 17, n° 6). A l'extérieur, la partie supérieure de la panse s'orne VESTIGES PROTOHISTORIQUES DANS LES GRANDS CAUSSES 21 5 cm 10 Fig. 18. — Millau (Aveyron), habitat de hauteur de la Granède, céramiques non tournées. d'un méplat (fig. 17, n° 3 et 4) ou de deux fines cannelures horizontales (fig. 17, n° 6). Ces vases sont polis à l'extérieur ; les surfaces intérieures ont fait l'objet soit d'un polissage, soit d'un lissage fini. La couleur varie du noir, dominant, au rougeatre. Le dégraissant est composé de calcite finement broyée ; — des coupes tronconiques à bord déversé possédant un ou plusieurs méplats vers l'intérieur (fig. 17, n° 7, 8, 9 et 1 1 à 15 et fig. 18, no 8 à 10). Les bords sont de type Bll (fig. 17, n° 8 et 9), C14 (fig. 17, n° 11), C21 (fig. 17, n° 12 et 14), Ail (fig. 17, n° 13) ou D17 (fig. 17, n° 7) ; le seul fond conservé est de forme 62C (fig. 17, n° 15). Les surfaces intérieures sont presque toujours polies ; exceptionnellement, elles n'ont fait l'objet que d'un lissage ébauché (fig. 17, n° 9). Les surfaces extérieures dans la majorité des cas, sont laissées brutes ; certains exemplaires présentent cependant un lissage ébauché (fig. 17, n° 12 et 14 et fig. 18, n° 9), ou même un lissage fini (fig. 18, n° 8). La plupart de ces vases sont ornés. Le décor est alors toujours situé sur la surface intérieure de la panse. Il se présente selon quatre techniques : • une à trois fines cannelures horizontales placées soit sous le bord (fig. 17, n° 7, 9 et 14), soit à mi-hauteur (fig. 17, n° 12 et 13), soit près du fond (fig. 17, n° 15) ; • des incisions fines, en trait double, tracées avant séchage (fig. 18, n° 10 : rectangles ou méandre rectangulaire, les creux sont incrustés de matière rouge) ; • des incisions larges, en trait simple tracé avant séchage (fig. 18, n° 9) ou après séchage (fig. 18, n° 8). Ces incisions forment des motifs géométriques variés : grecque, chevron (fig. 18, n° 9) ou résille de triangles (fig. 18, n° 8). Dans l'un des cas, les creux sont incrustés de matière blanche (fig. 18, n° 8) ; • décor peint en aplat associé aux incisions larges : il s'agit d'une zone rouge qui se détache sur le fond marron du vase (fig. 18, n° 9). Toutes ces coupes ont un dégraissant de calcite broyée. — une coupe tronconique à bord simple D04 (fig. 17, n° 10), surfaces : lissage fini à l'intérieur, non aménagées à l'extérieur ; dégraissant de calcite broyée ; — partie supérieure d'un gobelet à col convergent, bord divergent C08 et panse décorée d'une double ligne brisée en incision large (fig. 18, n° 6). Surfaces polies ; — deux tessons de panses d'urnes décorées d'incisions fines tracées avant séchage en trait double (motifs géométri ques) (fig. 18, n° 4 et 7) ; surfaces polies ; 22 G. COSTANTINI, B. DEDET, G. FAGES ET A. VERNHET — une épingle en bronze, à tête non renflée, non décorée, de section ronde et ne se différenciant pas de la tige (28) ; longueur : 10,14cm ; section ronde ; belle patine verte ; pointe tordue (fig. 21, n° 1). b) Documents du Premier Age du Fer. — urne à col divergent haut, bord D04, panse à profil arrondi assez galbé et contact col-panse anguleux (fig. 19, n° 1), aménagement des surfaces : partout lissage fini ; — urne à col divergent, bord D04, panse à profil arrondi peu galbé et contact col-panse adouci (fig. 19, n° 2) ; aménagement des surfaces : lissage fini partout ; — coupes arrondies convexes à bord divergent E01 (fig. 19, n° 3) et E06(fig. 19, n° 5), ou à bord convergent 101 (fig. 19, n° 6) ou 105 (fig. 20, n° 1). A l'exception de ce dernier, ces exemplaires ne sont pas décorés et leurs surfaces extérieures et intérieures sont lissées avec soin. La coupe n° 1 de la fig. 20 diffère des autres par le polissage de ses surfaces et le décor sur la partie supérieure de la panse à l'extérieur : frise de triangles emboîtés remplis de traits obliques tracés au brunissoir, limitée vers le haut par deux lignes horizontales incisées finement et vers le bas par un groupe de cinq cannelures étroites faites au brunissoir. Tous ces vases ont un dégraissant de calcite broyée ; — une coupe-couvercle tronconique à bord E01/E04 (fig. 19, n° 4) ; aménagements des surfaces : lissage fini à l'intérieur, lissage ébauché à l'extérieur ; — deux coupes en céramique tournée grise monochrome (fig. 20, n° 2 et 3). Il s'agit dans les deux cas de vases intermédiaires entre les types V et VI A de C. Arcelin-Pradelle (29). La coupe n° 2 (fig. 20) a une pâte grise moyennement foncée, vacuolaire, présentant de petites inclusions calcaires ; ses surfaces sont couvertes d'un enduit gris, terne, légèrement plus foncé que la pâte, usé sur les arêtes. Ce vase est à rapprocher du Groupe 3 de C. Arcelin-Pradelle (30). La coupe n° 3 (fig. 20) possède une pâte gris sombre en épaisseur, plus claire vers les épidermes, vacuolaire, incluant de très fins grains de couleur rouille ; ses surfaces sont couvertes d'un enduit noir, terne, très usé. L'aspect de ce vase ne semble pas correspondre à l'un des groupes définis en Provence et en Languedoc oriental (31). Des vases gris monochromes de forme également intermédiaire entre les types V et VI A ont été remarqués en Languedoc oriental dans la phase finale de la production de cette céramique (deuxième moitié du ve et début du ive s. av. J.-C. (32) ; — un fragment de panse d'cenochoé pseudo-ionienne, décoré de bandes peintes horizontales de couleur marronorangé (fig. 20, n° 4) ; — un fragment informe d'amphore massaliète (non illustré) ; — un talon de lance de fer (fig. 20, n° 5). c) Document d'époque indéterminée — une perle en bronze, biconique, diamètre maximum : 1,4 cm ; hauteur : 0,78 cm (fig. 21, n° 2). Site n° 11 : Grotte du Riou-Ferrand Sur le versant nord du Causse du Larzac, dans la falaise qui se trouve en face du Monna, près de la grotte aérienne explorée et signalée par E.-A. Martel en 1892, s'ouvre une cavité de 30 m2 environ, qui a pu servir d'abri à l'Age du Bronze Final. Vers 1940, les spéléologues de l'Alpina y ont découvert les fragments d'un vase presque entièrement reconstituable, conservé au musée de Millau. — Bibliographie : L. Balsan, Spéléologie..., p. 218-219 (la trouvaille de 1940 est inédite). — Description (fig. 22) : Urne à panse haute à profil arrondi et fond 1 1A ; col et bord sont absents ; la partie supérieure de la panse porte deux larges méplats horizontaux et la partie médiane de larges cannelures obliques ; les surfaces extérieures sont polies, l'intérieur est lissé avec soin. Il pourrait s'agir du type d'urne à col parallèle et bord divergent à un ou plusieurs méplats vers l'intérieur, bien attesté au Bronze Final II. Site n° 12 : Aven du Rajal del Gorp Sur le Causse du Larzac, 3000 m au sud de la ferme de l'Hôpital, s'ouvre l'aven du Rajal del Gorp ou des Quilles. Au fond d'une première salle d'accès facile, les spéléologues de l'Alpina ont agrandi une étroiture (fig. 23 A) et ont découvert une deuxième salle de 20 x 30 m. A environ 20 m de profondeur, un point d'eau (fig. 23 B) semble avoir attiré les populations (28) Mais s'agit-il d'une épingle ou d'un poinçon ? F. Audouze et G. Gaucher, Typologie, op. cit., p. 45, se posent la question pour ce type d'objet peu différencié qu'ils n'intègrent pas dans la famille des épingles à tête oblongue. Le seul exemplaire semblable signalé dans le Midi de la France provient de l'habitat Bronze Final III B des Gandus à Saint-Ferréol-Trente-Pas (Drôme) ( Informations, GalliaPréhistoire, 25, 1982, p. 492, fig. 25, n° 1). (29) C. Arcelin-Pradelle, La céramique grise monochrome en Provence, RAN, Supplément 10, 1984, p. 12. (30) Ibid., p. 86-88. (31) Ead., B. Dedet et M. Py, La céramique grise monochrome en Languedoc oriental, dans RAN, XV, 1982, p. 19-67. (32) Ibid., p. 40-41. VESTIGES PROTOHISTORIQUES DANS LES GRANDS CAUSSES Fig. 19. — Millau (Aveyron), habitat de hauteur de la Granède, céramiques non tournées. 23 24 G. COSTANTINI, B. DEDET, G. FAGES ET A. VERNHET 10 cm O Fig. 20. — Millau (Aveyron), habitattournées de hauteur ; 5 de : talon la Granède. de lance1 de : céramique fer. non tournée ; 2 à 4 : céramiques 0 cm Fig. 21. — Millau (Aveyron), habitat de hauteur de la Granède, mobilier en bronze. 10 cm Fig. 22. — Millau (Aveyron), Grotte de Riou-Ferrand, céramique non tournée. VESTIGES PROTOHISTORIQUES DANS LES GRANDS CAUSSES 25 OOLINE D ENTREE .15 -20 .25 27 COUPE DEVELOPPEE Fig. 23. — Millau (Aveyron), Aven du Rajal del Gorp, coupe. Fig. 24. — Millau (Aveyron), Aven du Rajal del Gorp, céramique non tournée. : locales depuis le Mésolithique jusqu'au début du Moyen Age (la cavité fut ensuite bouchée par un effondrement). Une fouille de sauvetage (A. Vernhet, 1978-1980) a surtout livré un riche mobilier du IIe siècle avant J.-C. jusqu'au Ve siècle après, attestant l'utilisation de ces lieux comme grotte-sanctuaire. En était-il déjà ainsi à l'Age du Bronze Final ? — Bibliographie L. Labrousse, Informations archéologiques, dans Gallia, 38, 1980, p. 467-468. — Mobilier de l'Age du Bronze Final (conservé au musée de Millau) : — gobelet à panse à profil arrondi et à col bas divergent et bord à méplats vers l'intérieur : deux exemplaires équipés de bords D08 (fig. 24, n° 1) ou D29 (fig. 24, n° 2). A l'intérieur comme à l'extérieur, le contact du col et de la panse est anguleux. Les surfaces extérieures sont polies, les surfaces intérieures sont polies ou soigneusement lissées ; — une coupelle carénée, munie d'un bord déversé à méplats vers l'intérieur D19 (fig. 24, n° 3). A l'extérieur la partie supérieure de la panse est ornée juste au-dessus de la carène de deux cannelures jointives horizontales. Toutes les surfaces sont polies ; — jattes à épaulement caréné, col convergent et bord simple déversé formant un marli incliné vers l'intérieur : deux exemplaires à bord D01 et deux fragments de panse (fig. 24, n° 4 à 7) ; le contact col-panse est anguleux à l'intérieur comme à l'extérieur. Toutes les surfaces extérieures et la surface intérieure du bord sont polies ; la surface intérieure du col supporte un lissage fini, celle de la panse un lissage ébauché. Tous ces vases ont des teintes très sombres en surface, noir à gris-noir ; en épaisseur les couleurs varient du noir au rouge-marron. Ils incluent un dégraissant de calcite broyée. Ce lot de vases est homogène et peut être daté du Bronze Final II. 26 G. COSTANTINI, B. DEDET, G. FAGES ET A. VERNHET 2. 7. Commune de Nant : : Site n° 13 : Aven des Canalettes A 750 m environ au sud-ouest de la ferme des Canalettes, dans un lapiaz dolomitique, s'ouvre un petit aven, sur le côté est d'une profonde diaclase orientée nord-sud. La présence d'une source pérenne à proximité est probablement à l'origine d'un habitat. M. Lacas a découvert quelques fragments de céramiques, sous l'auvent précédant l'aven. — Bibliographie inédit (coll. M. Lacas, Millau). — Céramique de l'Age du Bronze Final — partie supérieure d'une urne biconique à col bas divergent, bord D25 (fig. 25, n° 1) ; — partie supérieure d'une urne à col cylindrique, bord E04 (fig. 25, n° 2) ; — deux fragments de panses d'urnes décorées au niveau du diamètre maximum d'une rangée horizontale d'impres sions (fig. 25, nos 3 et 4) ; — deux fragments de panses de coupes tronconiques décorées à l'intérieur de larges cannelures horizontales jointives (non figurés). Cet ensemble peut être daté du Bronze Final II. Fig. 25. — Nant (Aveyron), Aven des Canalettes, céramique non tournée. 2.8. Commune d'Onet-le-Château Site n° 14 : Tumulus III de Floyrac La nécropole protohistorique de Floyrac a été fouillée par L. Balsan entre 1940 et 1949. Le mobilier recueilli dans une vingtaine de tumulus date du Bronze Final à la période gallo-romaine. Il est conservé au musée Fenaille (Rodez). Le tumulus III a livré une grande épée en bronze. — Bibliographie : L. Balsan, Epées protohistoriques en Rouergue, dans Mélanges de spéléologie et d'archéologie, II, 1942, p. 3. — Description : — Epée en bronze de type de Gûndlingen (fig. 26) brisée en trois morceaux. Longueur totale : 74 cm ; longueur de la languette : 1 1,2 cm ; largeur de la lame au départ : 4,7 cm ; largeur de la lame dans la partie médiane : 3,4 cm. La partie distale de la languette (correspondant à la garde) comporte deux trous de rivets, la partie médiane (zone de la fusée) un, et la partie proximale (zone du pommeau) un également. Seuls sont conservés les trois rivets des parties distale et médiane. Ce type d'épée est daté du Bronze Final III (33), mais en Languedoc, on rencontre encore des exemplaires en bronze ou en fer dans des tombes du vue s. av. J.-C. (34). (33) Sur ce type d'épée, voir G. Gaucher et J.-P. Mohen, Typologie des objets de l'Age du Bronze en France, fascicule I : épées, SPF, 1972, fiche 57. (34) Voir sur ce point C. Tendille, A propos de l'épée en bronze de Saint-Paul-les-Fonts (Gard), dans Bull. Ecole Antique de Nîmes, 16, 1981, p. 169-171. VESTIGES PROTOHISTORIQUES DANS LES GRANDS CAUSSES 27 Fig. 26. — Onet-le-Château (Aveyron), tumulus III de Floyrac, épée en bronze. 2.9. Commune de Rivière-sur-Tarn Site n° 15 : Habitat fortifié de l'Andurme Sur la rive droite du Tarn, l'éperon de l'Andurme domine le village de Boyne, entre les ravins des Lacs et de Trébans. Le site a été prospecté par L. Balsan et A. Soutou (1962-1964) et par A. Vernhet (1970). Le mobilier recueilli, conservé au musée de Millau, atteste une occupation des lieux du Bronze moyen au Bas-Empire. Un rempart de pierres, avec joints au mortier de chaux, doit dater de cette dernière époque. Des céramiques du Bronze Final ont été observées à la pointe sud-ouest du site, sous les fondations du rempart gallo-romain ; on peut les rapprocher de la trouvaille d'un couteau en bronze, faite en 1970 par M. Vors au bas de la pente sud de l'Andurme (couteau à soie, décoré d'oves simples ou doubles sur une face de la lame). — Bibliographie : M. Labrousse, Informations archéologiques, dans Gallia, XX, 1962, p. 552 et XXII, 1964, p. 434 (les découvertes de l'Age du Bronze Final sont inédites). — Description du mobilier : — coupe sub-tronconique à bord E08 et méplats à l'intérieur de la panse (fig. 27, n° 1) ; surface polie à l'intérieur, brute de finition à l'extérieur ; pâte rouge-marron homogène en surface et gris homogène en épaisseur ; — fragment de panse de coupe tronconique décorée à l'intérieur, au milieu de la panse, de quatre cannelures horizontales, non jointives, à profil arrondi (fig. 27, n° 2) ; aménagement des surfaces : polissage à l'intérieur, lissage ébauché à l'extérieur ; pâte rouge-marron homogène en surface et grise homogène en épaisseur ; — coupe carénée à bord convergent H05 (fig. 27, n° 3), décor : un double trait horizontal incisé avant cuisson sous le bord, et sans doute un double trait identique un peu plus bas (mais la cassure ne laisse voir qu'un trait simple) ; la surface extérieure et le dessus de la lèvre vers l'intérieur sont recouverts d'un enduit rouge sombre ; aménagement des surfaces : polissage à l'extérieur, lissage fini à l'intérieur, pâte ocre-beige en surface sous l'enduit et grise en épaisseur ; — panse de coupe carénée, décorée au-dessus de la carène de cannelures horizontales jointives, larges et peu profondes (fig. 27, n° 4) ; aménagement des surfaces : polissage à l'extérieur, lissage fini à l'intérieur ; pâte beige à gris en surface et grise en épaisseur ; 28 G. COSTANTINI, B. DEDET, G. FAGES ET A. VERNHET Fig. 27. — Rivière-sur-Tarn (Aveyron), habitat de hauteur de l'Andurme, céramiques non tournées. — fragment d'épaulement d'urne à panse à profil galbé, décoré d'au moins deux larges cannelures horizontales, jointives, surmontant une rangée horizontale d'impressions pyramidales (fig. 27, n° 5) ; aménagement des surfaces : à l'extérieur polissage sur le col et lissage fini sur la panse ; à l'intérieur, lissage ébauché ; pâte noir-homogène en surface et en épaisseur ; — fragment de contact col-panse d'urne grossière, décoré d'un cordon proéminant avec impressions digitales (fig. 27, n° 6) ; aménagement des surfaces : lissage fini à l'extérieur, lissage ébauché à l'intérieur. Tous ces vases comportent des inclusions de calcite broyée. L'ensemble de ce lot est datable du Bronze Final III A ou, moins sûrement, du Bronze Final III B. 2.10. Commune de Rodelle : Site n° 16 : Tumulus de la Goudalie A 400 m du château de la Goudalie, l'abbé Cérès a fouillé vers 1874 un tumulus à inhumation qui a livré un bracelet de bronze, une fibule, des anneaux coulés et deux vases non tournés. Seuls les vases, conservés au musée Fenaille (Rodez), sont décrits ici — Bibliographie : abbé Cérès, Exposé de ses découvertes archéologiques dans le département de l'Aveyron, dans Congrès scientifique de France, 40e session, Rodez, 1874, p. 22-23. — Description de la céramique : — coupe arrondie convexe de forme 462, bord E01, fond : 22B ; hauteur : 6,9 cm ; rapport 23,8 : décor lustré à l'intérieur de la panse : chevrons emboîtés (fig. 28, n° 1) ; — coupe couvercle de forme 456, bord E01, fond 61 A ; hauteur : 7,4 cm ; rapport 54,8 (fig. 28, n° 2). Ces deux vases non tournés peuvent être datés du début du Second Age du Fer. Fig. 28. — Rodelle (Aveyron), Tumulus de la Goudalie, céramique non tournée. VESTIGES PROTOHISTORIQUES DANS LES GRANDS CAUSSES 29 2.11. Commune de Roquefort-sur-Soulzon : : Site n° 17 : Grotte du Chat A l'ouest du village de Roquefort, la grotte aérienne du Chat est située dans les falaises du Combalou. Longue d'une soixantaine de mètres, elle a été fréquentée de l'Age du Cuivre à l'Age du Bronze Final. Le site semble peu favorable à un habitat permanent. Des fouilles ont été pratiquées dans cette grotte entre 1947 et 1970 par J. Bonnefous et J.-P. Serres. Le mobilier recueilli est conservé au musée Fenaille (Rodez) et au musée municipal de Roquefort. Le matériel du Bronze Final, essentiellement métallique, se trouvait en surface, au fond de la galerie. — Bibliographie : J.-P. Serres, Trente ans de recherches archéologiques autour de Roquefort, 1977, p. 19, 37, 45. — Description du mobilier : — fig. 29, n° 1 épingle à tête évasée en grand disque, en bronze. Le disque de 30 à 3 1 mm de diamètre, à bord arrondi, est plat et porte, sur la face supérieure, un riche décor finement incisé : trois cercles concentriques, au centre, entourant l'extrémité de la tige, six ensembles de quatre demi-cercles concentriques à la périphérie, reliés au centre par des groupes de trois segments de droites, le tout doublé par des lignes de pointillés. Vers le bas, il se prolonge par un manchon lisse. A sa partie supérieure, il laisse apparaître l'extrémité de la tige. Cette dernière, lisse, de section arrondie et légèrement courbée, mesure 236 mm de long et 5,5 mm de diamètre. Dépourvu de tout contexte sûr, cet objet a une datation typologique entre le Bronze Moyen et le Bronze Final III, tout comme son homologue des Infruts à la Couvertoirade (Aveyron) ; — fig. 29, n° 2 : applique circulaire bombée, en bronze, à bélière coulée ; le sommet est surmonté d'un bouton ; diamètre : 27 à 28 mm. Ce type d'applique est attesté en Bavière et au nord des Alpes dès le Bronze Final II (35), et dans le sud de la France à la fin du Bronze Final II (grotte de l'Ours à Vallon-Pont d'Arc, Ardèche (36), et surtout au Bronze Final 111(37) ; — fig. 29, n° 3 : anneau ouvert formé d'un ruban de tôle de bronze de 8,5 mm de large, orné de côtes longitudinales et replié ; diamètre : 22 mm ; — fig. 29, n° 4 : anneau en bronze coulé, de section triangulaire ; diamètre 17 à 18 mm ; épaisseur : 3,5 mm. Ce type d'anneau fait souvent partie de chaînettes fréquentes dans les dépôts du Bronze Final I et du Bronze Final II A de l'est de la France (38). En Languedoc, de tels anneaux figurent dans le dépôt de Cabanelle à Castelnau-Valence (Gard) (39). 2. / 2. Commune de Saint-A ndré-de- Vézines Site n° 18 : Rochers de Roquesaltes Sur des terrasses suspendues dans les grands rochers ruiniformes de Roquesaltes, on trouve des tessons protohisto riques dans des terres noircies par le feu : traces évidentes d'un petit habitat de hauteur. Les documents recueillis sont conservés au musée de Millau. — Bibliographie : inédit. (35) H. Mùller-Karpe, Beitràge zur Chronologie der Urnenfelderzeit nôrdlich und sùdlich der Alpen, Berlin, 1959, pi. 186, n° 12. (36) J.-L. Roudil, L'Age du Bronze..., p. 191 et p. 199, fig. 77, n° 2. (37) Dépôt d'Areste Longue à l'Epine (Hautes-Alpes) (J.-C. Courtois, L'Age du Bronze dans les Hautes-Alpes, dans Gallia Préhistoire, III, 1960, p. 47-108 et notamment p. 101, fig. 45, nos 4 et 5) ; Tamaris à La Couronne (B. du R.) (C. Lagrand, Recherche sur le Bronze Final en Provence méridionale, Thèse d'Université, Aix-en-Provence, 1968, pi. 85, D, n° 2 (dactylographié) ; dépôt de Rieu-Sec à Cazouls-lès-Béziers (J. Guilaine, L'Age du Bronze..., p. 293, fig. 113, n° 7) ; tombe 4 du Moulin à Mailhac, Aude, sans doute une des plus récentes de cette nécropole du Bronze Final III B (M. Louis, O. et J. Taffanel, Le Premier Age du Fer languedocien, II, Les nécropoles à incinération, 1958, p. 29, fig. 16, n° 2). Par ailleurs, des exemplaires typologiquement très proches proviennent de la résurgence de La Clamouse, sur le rebord sud du Larzac (Saint-Jean-de-Fos, Hérault), en compagnie d'objets divers qui s'échelonnent du Bronze Moyen au début de l'Age du Fer (J.-L. Roudil, L'Age du Bronze..., p. 66, fig. 22, nos 7, 1 1 et 12) ou de la grotte de Seynes (Gard) avec des objets du Bronze Moyen et du Bronze Final ( Ibid., p. 1 18, fig. 42, n° 10). (38) Par exemple à Publy (Jura) (J.-P. Millotte, Le Jura et les Plaines de la Saône..., pi. XXX, n° 1) ; à Lullin-Couvaloux (HauteSavoie) (A. Bocquet et M.-C. Lebacle, Les dépôts et la chronologie du Bronze Final dans les Alpes du Nord, Colloque 26, Les Ages des Métaux dans les Alpes, IXe Congrès de l'UISPP, Nice, 1976, p. 35-71, et notamment p. 42-44 et fig. 3, n° 8) ; et à Optevoz (Isère) (A. Bocquet, L'Isère préhistorique et protohistorique, dans Gallia Préhistoire, XII, 1962, p. 121-258 et 273-379 et notamment p. 292-293, fig. 73, n° 1). (39) B. Dedet et M. Bordreuil, Le dépôt de fondeur..., p. 193-194. 30 G. COSTANTINI, B. DEDET, G. FAGES ET A. VERNHET 3cm Fig. 29. — Roquefort-sur-Soulzon Chat, mobilier en bronze. (Aveyron), Grotte du VESTIGES PROTOHISTORIQUES DANS LES GRANDS CAUSSES 31 — Description du mobilier : — deux coupes tronconiques munies de bords à facettes vers l'intérieur D24 (fig. 30, n° 1) ou D27 (fig. 30, n° 2). Les surfaces extérieure et intérieure sont polies, leur couleur est noir homogène. En épaisseur la pâte est noire ou rouge-marron ; elle contient un dégraissant de calcite broyée parfois très finement ; — un fragment de panse d'urne très galbée décorée d'une ligne ondée largement incisée avant cuisson (fig. 30, n° 3) ; pâte beige à noir en surface extérieure, rouge en surface intérieure et noire en épaisseur ; aménagement des surfaces : lissage fini à l'extérieur, ébauché à l'intérieur ; dégraissant abondant de calcite broyée. Il est impossible de dater précisément cet ensemble de tessons qui peut être rapporté aux phases II, III A et III B du Bronze Final. 10 cm j Fig. 30. — Saint-André-de-Vézines (Aveyron), Roquesaltes, céramiques non tournées. 2.13. Commune de Sainte-Eulatie-de-Cernon Site n° 19 : Grotte de Sagnos Située à 1600 m environ à l'est de Sainte-Eulalie-de-Cernon, au-dessus de la route menant de ce village à La Cavalerie, la grotte de Sagnos est un couloir de 70 m de long et de 3 à 5 m de large. Occupée depuis l'Age du Cuivre jusqu'à la fin de l'Age du Fer, elle a pu servir d'habitat et d'ossuaire (inhumations d'âge indéterminé). Explorée par L. Balsan en 1935, elle a été partiellement fouillée par A. Soutou en 1965. Le mobilier recueilli par A. Soutou est conservé au musée de Millau. — Bibliographie : L. Balsan, Spéléologie..., p. 228, n°421. Le mobilier archéologique est inédit. — Description du mobilier : — jatte à col éversé et bord D01/D09, panse à profil arrondi décoré d'un groupe d'au moins quatre cannelures horizontales jointives au niveau du diamètre maximum de la panse ; surfaces polies (fig. 31, n° 1) ; — urne (?) à col parallèle orné de cannelures horizontales jointives et à bord Cl 1 (fig. 31, n° 2). Ces deux tessons semblent dater du Bronze Final II. 0 5 cm lo Fig. 31. — Sainte-Eulalie-de-Cernon (Aveyron), Grotte de Sagnos, céramique non tournée. 32 G. COSTANTINI, B. DEDET, G. FAGES ET A. VERNHET 2.14. Commune de Saint-Georges-de-Luzençon Site n° 20 : Grotte-Bergerie de Jarnac A 1000 m au nord-est de Jarnac et à 3000 m au sud-sud-est de Saint-Georges-de-Luzençon, dans un petit ravin descendant du versant nord de la vallée du Cernon, une vaste salle naturelle a été aménagée en bergerie à époque récente. Le sol livre des indices d'occupation de l'Age du Cuivre à l'Age du Bronze Final (prospections de R. Rouquet et A. Vernhet en 1976). — Bibliographie : inédit. — Description du mobilier (conservé au musée de Millau) : coupe tronconique à bord faceté et replié vers l'extérieur Al 1 ; fond absent. Décor composé d'arcs de cercles gravés, disposés en une double guirlande sur le pourtour à l'intérieur de la panse ; la gravure, très légère, est faite avant séchage au moyen de peignes de 7 et 9 dents ; les festons sont très irréguliers ; la composition devait comprendre quatre groupes de deux festons superposés ; aménagement des surfaces : polissage à l'intérieur, lissage fini à l'extérieur. Pâte noir homogène en surface, marron à gris-marron très sombre en épaisseur. Dégraissant très abondant, mal calibré et mal réparti de calcite broyée (jusqu'à 2 mm) (fig. 32). Cette coupe est datable du Bronze Final II. Son décor est de style « Rhin-Suisse », caractéristique du Bronze Final II A. Fig. 32. — Saint-Georges-de-Luzençon (Aveyron), Grotte- Bergerie de Jarnac, céramique non tournée. 2.15. Commune de Saint- Rome-de-Cernon Site n° 21 : Grottes de Sargel A 3 km au nord-est du village de Saint-Rome-de-Cernon, les falaises du versant sud-est de la butte-témoin de Sargel sont percées de cinq grottes (fig. 33), occupées depuis le Néolithique (Chasséen) jusqu'aux époques historiques. Ces cavités ont été fouillées par M. de Sambucy (xixe s.), L. Balsan et P. Temple (1931), A. Soutou et R. Rouquet (1964), et G. Costantini (1965-1980). VESTIGES PROTOHISTORIQUES DANS LES GRANDS CAUSSES 0 1 2 33 3 Fig. 33. — Saint-Rome-de-Cernon (Aveyron), Grottes de Sargel, plan. Les grottes 1 et 3 ont pu servir d'habitats. La grotte 1 abrita un sanctuaire du même type que l'aven du Rajal del Gorp (Millau) entre le ne s. avant J.-C. et le ve s. après J.-C. Le matériel de l'Age du Bronze Final provient du tamisage de déblais dans les grottes 1, 3 et 5, et du remplissage du petit aven terminal de la grotte 4. Quelques objets métalliques ont également été recueillis en surface des galeries qui prolongent la grotte 1. L'essentiel du mobilier est conservé au musée Fenaille (Rodez) et au musée archéologique de Roquefort. — Bibliographie : Le gisement est signalé dans L. Balsan, Spéléologie..., p. 241-243, n° 452 ; A. Soutou, La grotte-sanctuaire de Sargel, Saint-Rome-de-Cernon (Aveyron), dans Ogam, 103-104, 1966, p. 1 à 16. — Mobilier de la grotte 1 (= grotte 3 d'A. Soutou) : — une petite urne biconique à col bas divergent, bord E05, décorée de trois cannelures horizontales sur la partie supérieure de la panse ; surfaces : polissage à l'extérieur, et sur le col à l'intérieur ; lissage fini sur la panse à l'intérieur (fig. 34, n° 1) ; Fig. 34. — Saint-Rome-de-Cernon (Aveyron), Grotte 1 de Sargel, céramiques non tournées. — fragments de deux coupes tronconiques décorées à l'intérieur de la panse de larges cannelures jointives ; l'une de ces coupes possède un bord D07 ; les surfaces intérieures sont polies ; l'extérieur est poli ou lissé avec soin (fig. 34, n° 2 et 3) ; — un ciseau à soie, en bronze, façonné à partir d'une tige de section quadrangulaire ; une extrémité forme un tranchant rectiligne, l'autre est pointue ; longueur : 138 mm ; largeur maximum : 8 mm ; largeur du tranchant : 6 mm (fig. 35, n° 1) ; — un ciseau à soie, en bronze, façonné à partir d'une tige de section quadrangulaire, ou, près de l'extrémité distale, hexagonale ; longueur : 138,5 mm ; largeur maximum : 7 mm ; extrémité distale au tranchant rectiligne de 5,5 mm de large ; extrémité proximale pointue (fig. 35, n° 2) ; — un bracelet en bronze ouvert, à extrémités amincies, de section semi-ovale, d'une épaisseur de 5,5 mm ; largeur : 5 mm ; diamètre maximum : 64 mm ; décor gravé mais très effacé de petits traits parallèles (fig. 35, n° 3) ; 34 G. COSTANTINI, B. DEDET, G. FAGES ET A. VERNHET 0 5 cm 2 Fig. 35. — Saint-Rome-de-Cernon (Aveyron), Grotte 1 de Sargel, mobilier en bronze. — une pointe de flèche en tôle de bronze de type « Le Bourget », en forme de triangle à côtés convexes et angles arrondis ; au centre, se trouvent deux perforations pour la fixation ; hauteur : 30 mm (fig. 35, n° 4). Les vases de cet ensemble peuvent être datés du Bronze Final II ou du Bronze Final III A. Les ciseaux à soie sont fréquents dans les dépôts du Bronze Final I au Bronze Final III (40). Le type de bracelet est bien connu au Bronze Moyen dans l'est de la France, le bassin du Rhône et le Languedoc, mais semble se prolonger jusqu'à la fin du Bronze Final (41). Les pointes de flèche « Le Bourget » sont en usage du Bronze Final II à la fin du vie s. av. J.-C. (42). Si ce lot est chronologiquement homogène, ce qui n'est pas assuré, il peut être daté du Bronze Final II ; sinon, il témoigne de plusieurs fréquentations à différents moments du Bronze Final. — Mobilier de la grotte 3 : Les vases de la grotte 3 de Sargel qui sont parvenus jusqu'à nous se regroupent en une série d'urnes, une série de gobelet et quatre séries de coupes. (40) J.-P. Nicolardot et G. Gaucher, Typologie des objets de l'Age du Bronze en France, fascicule V : Outils, SPF, 1975, p. 120-121. (41) Cf. supra, § 2.3., à propos de l'exemplaire de la grotte du Boundoulaou à Creissels, Aveyron. (42) Voir en dernière analyse B. Dedet et M. Bordreuil, Le dépôt de fondeur..., p. 203. VESTIGES PROTOHISTORIQUES DANS LES GRANDS CAUSSES 35 — urnes de série 1, quatre urnes biconiques à col bas divergent (fig. 36, n° 3, 4, 9 et 10) et bords D01/D03 (n° 9), D04 (n° 10), D13 (n° 4) et E05 (n° 3) ; l'une d'elles porte un décor de coups incisés sur le côté de la lèvre vers l'extérieur ; — urnes de série non déterminable, quatre fragments de panses d'urnes biconiques ne peuvent être rapportés à un type précis ; ils sont ornés de cannelures horizontales (fig. 36, n° 6 et 7), ou d'une rangée horizontale d'impressions pyramidales (fig. 36, n° 12) ou ovalaires (fig. 36, n° 3) ; — gobelet de série 1 : un gobelet à épaulement et col cylindrique haut, bord D05 ; épaulement méplate ; polissage sur toutes les surfaces, sauf lissage fini sur le bas de la panse à l'intérieur (fig. 36, n° 1) ; — coupes de série 1 : deux jattes à col cylindrique munies de bords E04 (fig. 36, n° 2) ou D35 (fig. 36, n° 15) ; — coupe de série 2 : une coupe tronconique à panse à ressaut (fig. 36, n° 13), bord D01 ; surface polie à l'intérieur, brute à l'extérieur ; — coupes de série 3 : trois coupes tronconiques, décorées de cannelures horizontales à l'intérieur de la panse, dont un bord E23 (fig. 36, n° 14, 17 et 18) ; — coupes de série 4 : deux coupes arrondies convexes dont une à bord divergent E08, décorée à l'intérieur de la panse de cannelures disposées en guirlandes dans le style « Rhin-Suisse », et, près du fond, de cannelures horizontales ; fond probablement creux ; surfaces extérieure et intérieure polies (fig. 36, n° 16) ; un fond 21 A d'une autre coupe (fig. 36, n° 20) ; — vases indéterminés : un bord C02 (fig. 36, n° 5), et, un fond à pied bas (fig. 36, n° 19). L'ensemble de ces formes de vases est datable du Bronze Final II. Fig. 36. — Saint-Rome-de-Cernon (Aveyron), Grotte 3 de Sargel, céramiques non tournées. — Mobilier de la grotte 4 (= Grotte 2 d'A. Soutou) : Le lot de vases de la grotte n° 4 de Sargel comprend trois formes d'urnes et trois formes de coupes, toutes datables du Bronze Final II : — urne de forme 1 : une urne biconique à col convergent haut et bord déversé D21 ; les surfaces intérieure et extérieure sont lissées avec soin (fig. 37, n° 1) ; 36 G. COSTANTINI, B. DEDET, G. FAGES ET A. VERNHET Fig. 37. — Saint-Rome-de-Cernon (Aveyron), Grotte 4 de Sargel, céramiques non tournées. — urnes de forme 2 : quatre urnes biconiques à col bas divergent (fig. 37, n° 2 et 6 à 8), bords D01 (n° 8), D04 (n° 2) et D05 (n° 6 et 7) ; décor au niveau du diamètre maximum de la panse d'une rangée horizontale de coups incisés (n° 7 et 8), ou d'impressions (n° 6) ; les surfaces intérieure et extérieure sont lissées avec plus ou moins de soin ; — urne de forme 3 : une urne à ouverture resserrée, sans col, munie d'un bord H02 (fig. 37, n° 3) ; — urne de forme non déterminable : un fragment de panse décoré de cannelures horizontales (fig. 37, n° 4) ; — coupe de forme 1 : une jatte à col cylindrique, bord E01 ; surface lissée avec soin (fig. 37, n° 9) ; — coupes de forme 2 : deux coupes tronconiques décorées de larges cannelures horizontales jointives à l'intérieur de la panse, bords D01 ; surface intérieure mieux aménagée que surface extérieure dans les deux cas (soit lissage fini et surface brute soit polissage et lissage fini) (fig. 37, n° 10 et 12) ; — coupes de forme 3 : trois coupes carénées surbaissées (fig. 37, n° 1 1, 13 et 14) ; bords C09 (n° 13) ou COI (n° 14) ; surfaces lissées avec soin ; — vase de forme non déterminable : un fond à pied haut ou bas (fig. 37, n° 5). VESTIGES PROTOHISTORIQUES DANS LES GRANDS CAUSSES 37 — Mobilier de la grotte 5 (= grotte 1 d'A. Soutou) : L'ensemble de documents de la grotte n° 5 de Sargel dont nous disposons comprend des vases caractéristiques du Bronze Final II d'une part, du Bronze Final III d'autre part, et des céramiques dont la datation, en l'absence de toute donnée stratigraphique, peut être attribuée aussi bien au Bronze Final II qu'au Bronze Final III A. Il semble donc que cette cavité ait été fréquentée durant ces deux phases du Bronze Final. 1 ) Documents du Bronze Final II — deux urnes biconiques à décor de cannelures obliques sur la carène (fig. 38, n° 8 et 9) ; p p a t>t Fig. 38. — Saint- Rome-de-Cernon (Aveyron), Grotte 5 de Sargel, céramiques non tournées. 38 G. COSTANTINI, B. DEDET, G. FAGES ET A. VERNHET — neuf jattes à col cylindrique (fig. 38, n° 14, 15, 18, 20, 21, 24 à 26 et 29) ; bords D14(n° 20), D25 (n° 26), D29 (n° 18), El 1 (n° 24), E15 (n° 21 et 25) et E25 (n° 14 et 29) ; l'une d'elles (n° 15) est décorée sur le col de cannelures horizontales encadrant des groupes de cannelures obliques, et sur la carène de cannelures obliques ; — quatre jattes à col éversé (fig. 38, n° 22, 23, 28 et 30) ; bords Bll (n° 23), DU (n° 28), D13 (n° 30) et El 5 (n° 22) ; l'une d'elles (n° 30) est ornée de petites cannelures verticales sur la panse. 2) Documents du Bronze Final III — trois coupes biconiques décorées d'incisions fines à l'extérieur en haut de la panse (fig. 38, n° 31 à 33) ; bords 109 (n° 31) ou H05 (n° 32) ; le décor, gravé avant cuisson en trait double ou triple, est constitué par des lignes droites (n° 33) ou des motifs géométriques plus complexes (n° 31 et 32). 3) Documents du Bronze Final II ou du Bronze Final III A — 7 urnes biconiques à col bas divergent (fig. 36, n° 1 à 7), bords D01 (n° 6 et 7), D05 (n° 1), D35 (n° 2 et 4), E05 (n° 3) et F05 (n° 5) ; l'un de ces vases est décoré d'impressions triangulaires sur le côté de la lèvre vers l'extérieur (n° 1) ; — 5 tessons de panses décorées d'urnes de forme indéterminable (fig. 38, n° 10 à 13 et 34) : rangée horizontale de coups incisés (n° 10 et 11), d'impressions (n° 12 et 13), ou cannelures horizontales (n° 34) ; — 1 1 coupes tronconiques (fig. 38, n° 35 à 40 et 43 à 47) ; bords A21 (n° 37), Cl 1 (n° 35 et 40), D08 (n° 44 à 46), D13 (n° 38), D18 (n° 36), E05 (n° 47), E08 (n° 43), E28 (n° 39) ; trois exemplaires sont décorés à l'intérieur de la panse : larges cannelures horizontales couvrant toute la surface (n° 37 et 38) ou groupes de fines cannelures horizontales (n° 39) ; — 2 coupes arrondies-convexes (fig. 38, n° 41 et 42) ; un bord 105 (n° 41) et un bord F04 (n° 42) ; ce dernier exemplaire est décoré à l'extérieur en haut de la panse de deux groupes de trois cannelures horizontales. 2.16. Commune de Soudières Site n° 22 : Camp de los Goïnos Au-dessous du village de Sauclières, sur le bord de la Virenque, au lieu-dit « camp de los Goïnos », a été trouvée en 1874 une hache de bronze donnée par M. Marcorelles au musée Fenaille (Rodez). Le contexte de cette découverte fortuite est inconnu. — Bibliographie : Mémoires de la Société des Lettres de l'Aveyron, 10, 1874, p. 308 et pi. I. — Description : — hache à douille ronde portant les traces d'un anneau scié sous le bourrelet ; longueur totale : 85 mm ; largeur au bourrelet : 33 mm ; largeur du tranchant : 40 mm (fig. 39). Ce type de hache est daté du Bronze Final III B mais il est très bien représenté dans les dépôts « launaciens » du Languedoc au début du Premier Age du Fer (43). 2.17. Commune de Séverac-le-Château Site n° 23 : Tumulus I de Villeplaine ou du Crès De nombreux tumulus ont été signalés dans le secteur de Villeplaine, de Roumagnac et du Grès-Vironcel. Le tumulus I de Villeplaine a été fouillé en 1979 par P. Blanquet et le général L. Roubertier. Il est situé au lieu-dit « Le Crès », 300 m au nord du hameau de Villeplaine, 1400 m à l'est-nord-est de la butte de Séverac-le-Château. Il abritait une sépulture à inhumation accompagnée d'un mobilier de l'Age du Bronze Final qui est conservé au musée de Séverac-le-Château. — Bibliographie : M. Labrousse, Informations archéologiques, dans Gallia, 38, 1980, p. 473-474 et fig. 10 et rapport de fouille de P. Blanquet et L. Roubertier. — Description du mobilier : — coupe tronconique (fig. 40) de forme 326 ; hauteur 7,6 cm ; diamètre à l'ouverture : 27,7 cm ; rapport : 27,4 ; bord A19 ; fond 62C ; la base de la panse comporte un fort bombement entouré d'une dépression et d'une cannelure horizontale ; dégraissant calcaire assez grossier ; aménagement des surfaces : 1 à l'intérieur, 5 à l'extérieur. Ce vase porte à l'intérieur une riche ornementation incisée au trait simple avant cuisson : — la facette intérieure du bord est décorée d'une ligne brisée, assez irrégulière, aux méandres arrondis tantôt serrés, (43) J.-L. Roudil, L'Age du Bronze..., p. 191. VESTIGES PROTOHISTORIQUES DANS LES GRANDS CAUSSES 39 -0 L5cm Fig. 39. — Sauclières mobilier (Aveyron), en bronze. Camp de Los Goïnos, tantôt lâches. Dans la lacune située au-dessus de la plage lisse entre les panneaux 2 et 3, il faut restituer, d'après l'écartement des méandres les plus proches, deux ondes. Ce décor comporterait donc au total 63 méandres ou ondes ; — la surface de la panse comprise entre cette facette et la cannelure du fond est occupée par 7 panneaux décorés, de forme trapézoïdale alternant avec autant de plages réservées lisses. L'ensemble forme une composition rayonnante à partir du fond. Les surfaces de ces panneaux sont très variables car la largeur en haut, selon les cas, est comprise entre 3,7 et 8 cm. Les panneaux décorés sont séparés des plages réservées par un trait vertical. La décoration des panneaux fait appel à cinq motifs différents, utilisés à des places très diverses et selon des fréquences très inégales (fig. 41) ; — motif n° 1 : sept personnages debout, alignés, se tenant par les bras tendus ; le personnage central diffère des autres par une tête surmontée de cornes de bovidés ; tous ces personnages donnent l'impression d'exécuter une danse. Ce motif n'apparaît qu'une fois (panneau n° 1) ; — motif n° 2 : ligne brisée horizontale, à angles souvent arrondis, de 2 à 6 méandres selon la place. C'est le motif le plus fréquemment utilisé : il apparaît dans 6 panneaux sur 7 et forme la totalité de la décoration de 4 panneaux ; — motif n° 3 : trait horizontal surmontant de 5 à 8 traits verticaux d'égale longueur. Le nombre de ces derniers varie selon la place. Ce motif est présent sur deux panneaux (nos 1 et 2) ; — motif n° 4 : deux « parenthèses » reliées par un trait horizontal. Ce motif n'apparaît qu'une fois (panneau n° 1) ; — motif n° 5 : ligne brisée verticale formée de sept méandres diminuant progressivement de longueur par suite de l'amincissement du champ. Ce motif n'est représenté qu'une fois (panneau n° 7). Le décor de chaque panneau s'organise de la manière suivante (fig. 41) : — panneau n° 1 : cinq éléments superposés ; de haut en bas, motifs nos 1, 2, 3, 4 et 2 ; — panneau n° 2 : huit éléments superposés composés de deux motifs différents : de haut en bas six motifs n° 2 et deux motifs n° 3 ; — panneau n° 3 : cinq motifs n° 2 superposés conservés ; — panneau n° 4 : onze motifs n° 2 superposés ; — panneau n° 5 : sept motifs n° 2 superposés conservés ; — panneau n° 6 : quatre motifs n° 2 superposés ; — panneau n° 7 : un motif n° 5 occupant l'ensemble du champ décoratif. 40 G. COSTANTINI, B. DEDET, G. FAGES ET A. VERNHET Fie 40. — Séverac-le-Château (Aveyron), tumulus I de Villeplaine, coupe non tournée à décor incisé. VESTIGES PROTOHISTORIQUES DANS LES GRANDS CAUSSES 41 Fig. 41. — Séverac-le-Château (Aveyron), tumulus I de Villeplaine, coupe non tournée à décor incisé, motifs et composition. Cette ornementation appelle quelques remarques. Le panneau n° 1 a une importance toute particulière puisqu'il regroupe quatre des cinq motifs utilisés dans la décoration de ce vase et qu'il possède, à la place la plus large, peut-être la seule scène figurative de l'ensemble (motif n° 1) ou du moins celle qui a l'apparence figurative la plus évidente. Les autres motifs ont-ils également une fonction figurative (le motif n° 2 évoque évidemment la forme d'un serpent) ? Sont-ce des « signes » chargés de sens ? ou de simples ornements de remplissage (le nombre d'éléments qui composent chacun — nombre de méandres du motif n° 2 ou de barres verticales du motif n° 3 — est conditionné en effet par l'espace disponible, plus ou moins large) ? Il est impossible de se prononcer. Il semble toutefois que cette décoration soit bien chargée d'une valeur symbolique en liaison peut-être avec la fonction funéraire du récipient : on remarquera à ce propos la présence renouvelée du chiffre sept que l'on rencontre quatre fois : dans le nombre de personnages de la scène de danse du motif n° 1, dans le nombre de méandres ou d'ondes du motif n° 5, dans celui du nombre d'ondes de la frise ornant la facette du bord (7x9 = 63), enfin dans la composition d'ensemble en sept panneaux alternant avec sept plages réservées disposés dans un cercle fermé... Mais nous n'atteignons-là que le seuil du monde des idées des hommes protohistoriques. — coupe tronconique (fig. 42, n° 1) de forme probable 321, bord C21, fond 12B ; — un torque en bronze (fig. 42, n° 2) à tige filiforme lisse de section décroissante du bord vers les extrémités (de 0,5 à 0,3 cm de diamètre) ; ces dernières sont recourbées ; diamètre : 1 5 cm ; — trois anneaux-spirales en bronze à trois ou quatre spires, formés d'une bandelette plate (fig. 42, nos 3 à 5). Fig. 42. — Séverac-le-Château (Aveyron), tumulus I de Villeplaine. 1 céramique non tournée ; 2 à 5 : mobilier en bronze. 42 G. COSTANTINI, B. DEDET, G. FAGES ET A. VERNHET Les deux coupes tronconiques sont caractéristiques du Bronze Final III B. La composition et l'esprit de l'ornement ation de la première est spécifique du faciès mailhacien I qui s'étend le long de la côte méditerranéenne depuis le versant espagnol des Pyrénées orientales jusqu'au Rhône, sur une profondeur d'une cinquantaine de kilomètres. Mais la technique de l'incision en trait simple rattache ce vase aux exemplaires très dispersés que l'on retrouve à même époque dans des régions périphériques de l'aire de répartition du Mailhacien I, comme le Lauragais (44) ou la moyenne vallée du Rhône et la Provence occidentale (45), ou plus éloignées, telles le Velay (46), le Centre (47), le Poitou (48) ou la Charente (49). Les torques lisses, rares dans le Midi, apparaissent à la fin du Bronze Final et au début du Premier Age du Fer. Des torques filiformes non décorés existent dans la nécropole de Mola (province de Tarragone, Espagne) à la fin du Bronze Final III ou au début du Premier Age du Fer (50), et dans des tumulus des Garrigues héraultaises au début du Premier Age du Fer (51). Les anneaux en spirale en bronze sont attestés dès le Bronze Moyen (52) et persistent encore au Bronze Final III B dans les nécropoles audoises du Moulin (Mailhac) et de Las Fados (Pépieux) (53). Le tumulus I de Villeplaine doit donc être daté du Bronze Final III B. 3. Gard 3.1. Commune de Blandas Site n° 24 : Grotte du Roc du Midi La grotte du Roc du Midi s'ouvre en pleine falaise bordant le Causse de Blandas et dominant le méandre recoupé de la vallée de la Vis, connu sous le nom de Cirque de Navacelles. Elle est située à 700 m au nord-est du village de Navacelles. Les deux premières salles de la cavité, qui sont susceptibles d'avoir servi d'abri, sont en grande partie bouleversées par de multiples fouilles clandestines. Elles ont livré de nombreux témoignages attestant diverses occupations au cours de la Préhistoire récente et de l'Age du Bronze. La fouille d'un puits vertical, qui s'ouvre dans la seconde salle, a procuré à (44) M. Passelac, L'habitat du Bronze Final III B de l'Estrade à Mireval-Lauragais (Aude), dans DAM, 6, 1983, p. 7-12 et notamment p. 10-11. (45) Vases de la grotte du Ranc-Pointu à Saint- Martin-d'Ardèche (R. Gilles, Un dépôt céramique funéraire dans une grotte du « Ranc-Pointu » à Saint-Martin-d'Ardèche, Ardèche, dans Cahiers Rhodaniens, IX, 1962, p. 53-63), de Moras-en-Valloire (Drôme) (A. Nicolas et B. Martin, La céramique incisée de Moras-en-Valloire (Drôme), dans Etudes Préhistoriques, 2, 1972, p. 35-38), de Saint-Uze (Drôme) (J. Combier, Un nouveau site du Bronze Final dans la Drôme, dans Etudes Préhistoriques, 4, 1973, p. 32), de Sérézin (Rhône, anciennement Isère) (A. Bocquet, L'Isère..., p. 342 ; J. Combier, Document 2, figures zoomorphes et anthropomorphes, dans Etudes Préhistoriques, 2, 1972, p. 41-43), à la Grotte-Basse de Vidauque à Cheval-Blanc (Vaucluse) (M. Louis, O. et J. Taffanel, Le Premier Age du Fer languedocien, I, Les habitats, 1955, p. 64) et à Glanum (Saint-Rémy-de-Provence, B.-du-R.) (H. Rolland, Nouvelles fouilles du sanctuaire des Glaniques, dans R. E. Lig., 34, 1968 (= Hommage à F. Benoit, II, 1972), p. 7-34, et notamment p. 10). (46) Vase de Polignac (Haute-Loire) (J.-P. Daugas, Les civilisations de l'Age du Bronze dans le Massif Central, dans La Préhistoire Française, II, 1976, p. 506-521 et notamment p. 515, pi. 4, n° 13). (47) Tumulus de Villement à Saint- Aoutrille (Indre) (M. Louis, O. et J. Taffanel, Le Premier Age du Fer languedocien, III, Les Tumulus. Conclusions, 1960, p. 225). (48) Le Camp Allaric à Aslonnes (Vienne) (J.-P. Pautreau, Un vase hallstattien à décors anthropomorphes, au Camp Allaric, commune d'Aslonnes (Vienne), dans BSPF, 69-7, 1972, p. 218-224). (49) Grotte du Quéroy à Chazelles (J. Gomez, La stratigraphie chalcolithique et protohistorique de la grotte Quéroy à Chazelles (Charente), dans BSPF, 75-10, 1978, p. 394-421, et notamment p. 406-410. (50) M. Louis, O. et J. Taffanel, Le Premier Age du Fer..., II, p. 239, fig. 188, n° 8. (51) J. Vallon, Les tertres funéraires protohistoriques des environs du Pic Saint-Loup (Hérault), Montpellier, 1984, pi. 52, n° 361 (en fer, tumulus 2 du Ravin-des-Arcs à Notre-Dame de Londres) et pi. 57, n° 380 (en bronze, tumulus 6 du Ravin-des-Arcs). Les exemplaires torsadés en bronze sont plus récents : tel celui de la Liquière à Calvisson (Gard) daté du début du vie s. (C. Tendille, Mobiliers métalliques protohistoriques de la région nîmoise : autres objets de parure et d'habillement (III), dans D.A.M., 3, 1980, p. 95-124 et notamment p. 100-101), ou de la réutilisation du dolmen des Granges à Berrias (Ardèche) datée de la seconde moitié du vie s. av. J.-C. par une fibule en bronze à timbale (G. Lhomme, Deux campagnes de fouilles dans un dolmen de Berrias, dans Etudes Préhistoriques, 1, 1971, p. 9-23 et notamment p. 22-23). (52) Par exemple dans la Grotte de la Madeleine à Villeneuve-Lès-Maguelonne, Hérault (J.-L. Roudil, L'Age du Bronze..., p. 103, fig. 34, n° 2) et dans la salle sépulcrale de la Grotte du Hasard à Tharaux, Gard ( Ibid., p. 1 15 et p. 160, fig. 57, n° 5). (53) M. Louis, O. et J. Taffanel, Le Premier Age du Fer..., II, p. 27-29 et fig. 16 (tombes 142 et 124 du Moulin), et p. 102, fig. 78, n° 44 et p. 116 (Tombe 21 de Las Fados). VESTIGES PROTOHISTORIQUES DANS LES GRANDS CAUSSES 43 A. Colomer et P. Vincent deux dépôts probablement sépulcraux du Chalcolithique et du Bronze Moyen. Le lot de documents du Bronze Final, publié ci-dessous, provient de ramassages de surface effectués par R. Rouquet en 1973. Il est déposé au musée de Millau. — Bibliographie : J.-L. Roudil et P. Vincent, Documents préhistoriques de la grotte du Roc du Midi (Blandas, Gard), dans B.S.P.F., tome 71, 1974, CRSM, n° 7, p. 203-209. — Description du mobilier : — une urne à col bas parallèle et bord à lèvre simple F01/F09 (fig. 43, n° 1) ; aménagement des surfaces : lissage fini à l'intérieur et à l'extérieur ; — deux fragments de panses d'urnes à carène adoucie : — l'un décoré de deux cannelures horizontales en haut de la panse et d'une cannelure horizontale surmontant des cannelures obliques au niveau de la carène (fig. 43, n° 5) ; aménagement des surfaces : polissage à l'extérieur, lissage ébauché à l'intérieur ; — l'autre décoré sur la carène d'une rangée horizontale de cercles imprimés en oblique (fig. 43, n° 6) ; aménagement des surfaces : polissage à l'extérieur, lissage fini à l'intérieur ; — une urne à col bas divergent et panse globuleuse à profil arrondi ; bord D15 (fig. 43, n° 4) ; surfaces : polissage à l'extérieur et sur le col à l'intérieur ; lissage fini sur la panse à l'intérieur ; — deux cols bas divergents avec bord C13 (fig. 43, n° 3) et D06 (fig. 43, n° 14), appartenant peut-être à des urnes de même forme que précédemment ; surfaces polies ; — trois coupes à bords convergents G07 et panse à carène adoucie, décorées à l'extérieur sur la partie supérieure de la panse, de trois à cinq doubles lignes horizontales incisées finement avant cuisson (fig. 43, nos 7 à 9) ; les surfaces de ces vases sont polies à l'extérieur et à l'intérieur ; — une coupe arrondie convexe à bord parallèle F03/F09, décorée à l'extérieur sur la partie supérieure de la panse, de quatre doubles lignes horizontales incisées avant cuisson (fig. 43, n° 10) ; les surfaces extérieures et intérieures sont polies ; — une coupe à méplat sur la carène (fig. 43, n° 1 1) ; surfaces polies ; 13 10 cm 715 Fig. 43. — Blandas (Gard), Grotte du Roc du Midi, céramiques non tournées. 14 G. COSTANTINI, B. DEDET, G. FAGES ET A. VERNHET 44 : — deux coupes sub-tronconiques à bord biseauté vers l'intérieur D08 (fïg. 43, n° 1 2) et D05 (fig. 43, n° 1 3) ; les surfaces sont polies ou plus rarement lissées avec soin ; — une coupe sub-tronconique à bord dégagé formant un marli incliné vers l'intérieur et à lèvre simple D03/D04 (fig. 43, n° 15) ; aménagement des surfaces lissage fini à l'extérieur près du bord, polissage partout ailleurs ; — un bord D05 appartenant à une forme non déterminable (fig. 43, n° 3). Tous ces vases incluent un dégraissant de calcite broyée. Ce mobilier livré par la grotte du Roc du Midi à Blandas date du Bronze Final III A. 3.2. Commune de Lanuéjols : Site n° 25 : Coffre de Lanuéjols A 1 500 m au nord du village de Lanuéjols, ce coffre est placé sur une crête basse. Il est formé d'une chambre rectangulaire, mégalithique, enfouie au centre d'un tumulus. Il était en grande partie vidé lorsque M. Lorblanchet y a effectué une fouille de sauvetage qui a livré des documents attestant une réutilisation des lieux au Bronze Final et au début de l'Age du Fer, et des restes humains peut-être plus anciens. Le mobilier est conservé au Dépôt archéologique de La Canourgue (Lozère). — Bibliographie M. Lorblanchet, Géographie préhistorique, protohistorique et gallo-romaine des Cévennes méridionales et de leurs abords, DES, Montpellier, 1967, p. 78 (dactylographié). — Description du mobilier : — fragment de panse d'urne, décoré d'une cannelure horizontale (fig. 44) ; lissage fini à l'extérieur, ébauché à l'intérieur ; fin dégraissant de calcite et de calcaire. La datation de ce document ne peut être précisée entre la fin du Bronze Final et le Premier Age du Fer. En outre, M. Lorblanchet signale un anneau en bronze, formé par une tige torsadée de scalptorium. S cm Fig. 44. — Lanuéjols (Gard), coffre de Lanuéjols, céramique non tournée. Site n» 26 : Grotte du Luc La grotte du Luc se trouve à 50 m sous le rebord du Causse Noir (Bajocien supérieur), dominant la vallée du Trévezel. Devant l'entrée, orientée vers le sud-est, aménagée à une époque récente, s'étend une petite terrasse. Une vaste salle de 30 m de long environ, au sol encombré de blocs et de pierrailles lui fait suite. Elle livre, en surface, des vestiges s'échelonnant entre le Néolithique Moyen et l'époque gallo-romaine. Cette caverne a dû servir, selon les périodes, d'habitat et de sépulture (mais les ossements humains sont peu nombreux). Le mobilier qu'elle a procuré est conservé pour partie au Dépôt archéologique de La Canourgue et pour partie dans la collection M. Lacas à Millau. — Bibliographie : A. Jeanjean, Recherches géologiques et paléontologiques sur les Hautes Cévennes, dans Mémoires de l'Académie du Gard, Nîmes, 1873, p. 351 ; J. Rouquayrol, Préhistoire du Causse Bégon et de ses marges, dans Travaux de l'Institut d'art préhistorique, Toulouse, XIX, 1977, p. 151. — Description du mobilier : Les documents protohistoriques de la grotte du Luc témoignent de trois époques différentes et, en l'absence de toute donnée stratigraphique, ils doivent être regroupés en quatre ensembles selon la typologie : 1) un groupe de documents caractéristiques du Bronze Final II, 2) un groupe de documents caractéristiques du Bronze Final III A, 3) un vase datable du milieu de l'Age du Fer, 4) un vaste lot d'objets qui peuvent se rapporter aussi bien au Bronze Final II qu'au Bronze Final III A. VESTIGES PROTOHISTORIQUES DANS LES GRANDS CAUSSES 45 : a) Documents du Bronze Final II — une urne biconique à col cylindrique bas, de forme 122 G, bord E04, fond 21 A, hauteur 29,2 cm ; rapport : 80,6 ; décor de cannelures obliques sur la carène ; surfaces polies partout à l'extérieur, et sur le col et le haut de la panse à l'intérieur, et ayant fait l'objet d'un lissage ébauché sur le reste de la panse à l'intérieur (fig. 45, n° 5) ; — trois jattes biconiques à col bas divergent (fig. 46, n° 4, 5 et 8) ; l'un de ces vases est complet (n° 4) : forme 122 C surbaissée, bord D05, fond 21 A, hauteur 8 cm, rapport : 39 ; sillon horizontal ornant la carène ; surfaces polies ; les deux autres exemplaires ont une forme globale semblable, un bord D05 (n° 5) ou E05 (n° 8) ; ils ne sont pas décorés et les surfaces sont polies (sauf dans un cas pour la surface intérieure de la panse) ; — une jatte à col cylindrique et épaulement (fig. 46, n° 7), bord H08, surfaces polies ; — deux coupes tronconiques à bord à ressaut vertical (fig. 47, n° 9 et 16) : un bord D13 (n° 9), un fragment de panse décoré à l'intérieur de cannelures fines disposées en guirlandes dans le style « Rhin-Suisse » (n° 16) ; les surfaces intérieures sont polies et les surfaces extérieures ont fait l'objet d'un lissage fini. b) Documents du Bronze Final III A — urne biconique fragment de panse à carène adoucie, décorée, dans la partie supérieure, d'un large méandre symétrique incisé finement en trait double avant séchage (fig. 45, n° 7) ; — huit coupes ou coupelles arrondies convexes (fig. 46, n° 14, fig. 47, n° 2 à 5) ou carénées (fig. 46, n° 10 et 1 1 et fig. 47, n° 1), décorées à l'extérieur sur la partie supérieure de la panse ; bords E05 (fig. 46, n° 11), F04 (fig. 47, n° 4), F05 (fig. 46, n° 10 et 14), ou H01 (fig. 47, n° 1) ; le décor, tracé avant séchage, se compose généralement de deux ou trois lignes horizontales en double trait, parfois accompagnées de rangées horizontales de coups incisés, alignés ou disposés en dents de loup ; dans un cas (fig. 47, n° 3), nous avons affaire à une composition géométrique différente mais de même technique ; les surfaces ont fait l'objet d'un polissage, à l'intérieur comme à l'extérieur, ou d'un lissage fini ; — deux coupelles carénées non décorées complètes, à bord convergent et fond creux : l'une (fig. 46, n° 12), de forme 122, à bord G01, fond 23 A, hauteur 7 cm, rapport 72 ; l'autre (fig. 46, n° 13), de forme 122, à bord H01, fond 21 A, hauteur 6 cm, rapport 54,5 ; les surfaces extérieures et intérieures ont été soigneusement lissées. c) Document du milieu de l'Age du Fer (ve-ive s. av. J.-C.) — partie supérieure d'une urne à col divergent, bord C03 et panse à profil arrondi ; rangée horizontale de coups incisés obliques au contact de la panse et du col ; lissage fini sur le col, peignage sur la panse (fig. 46, n° 15). d) Documents du Bronze Final II ou du Bronze Final III A — deux urnes biconiques à col cylindrique haut : l'une (fig. 45, n° 4) à bord C 1 1 /C 1 9, décorée d'une triple ligne brisée, incisée finement avant cuisson sur la partie supérieure de la panse (surfaces polies) ; l'autre (fig. 46, n° 1), presque complète (seul le fond manque), à bord Cl 7, col légèrement divergent, panse très galbée à carène adoucie, décorée sur la partie supérieure de la panse de deux groupes de cannelures horizontales tracées au brunissoir et encadrant une double ligne brisée formée par des sillons très irréguliers, étroits et peu profonds, tracés avant séchage à la pointe mousse (surfaces : lissage fini partout à l'extérieur et sur le col à l'intérieur, lissage ébauché à l'intérieur sur la panse) ; — cinq urnes biconiques à col bas divergent : un bord D05 (fig. 46, n° 2), un bord D08 (fig. 45, n° 3), deux bords E05 (fig. 45, n° 6 et fig. 46 n° 3) et un bord E08 décoré d'impressions digitales sur le dessus (fig. 45, n° 2) ; les surfaces du col et de la partie supérieure de la panse sont lissées avec plus ou moins de soin ; — trois urnes biconiques à col indéterminable, décorées soit d'une rangée horizontale d'impressions pyramidales au contact du col et de la panse (fig. 45, n° 8), soit d'une rangée horizontale de coups incisés sur la carène (fig. 45, n° 9), soit de cannelures horizontales jointives couvrant toute la partie supérieure de la panse (fig. 45, n° 12) ; — trois fragments d'urnes de type non déterminable : un bord G17 (fig. 46, n° 16), un tesson de contact col-panse orné d'une rangée horizontale de petits coups incisés (fig. 45, n° 10), un fond 22A décoré d'une double ligne brisée incisée avant cuisson en traits fins non parallèles (fig. 45, n° 1 1) ; — deux gobelets : l'un complet, de forme 221 D, bord C08, fond 13 A, hauteur 7,25 cm, rapport 71, décor de deux rangées horizontales d'impressions ovalaires (fig. 45, n° 1) ; l'autre incomplet, biconique, muni d'un bord C08, décoré au niveau du diamètre maximum de la panse de deux cannelures horizontales (fig. 46, n° 9) ; — dix coupes tronconiques (fig. 47, n° 6 à 8, 10, 13 à 15 et 17 à 19) ; les bords attestés sont les suivants : Cl 1 (n° 7), Dl 1 (n° 10), D15 (n° 6), E05 (n° 14), E07 (n° 17), E08 (n° 15), El 1 (n° 13) et E16 (n° 8) ; deux fonds sont représentés : un fond 41 C (n° 18) et un fond 23 A (n° 19) ; les décors sont rares sur cette série : on les trouve soit sur le bord (double ligne brisée incisée largement, n° 7), soit près du fond (cannelures horizontales, n° 19, ou cannelures formant une ligne brisée, associées à des impressions circulaires, n° 18) ; — trois coupes arrondies convexes (fig. 47, n° 1 1, 12 et 20) : un bord E 05 (n° 11), un bord E 08 (n° 12) et un fond 21 A(n°20). 46 G. COSTANTINI, B. DEDET, G. FAGES ET A. VERNHET 0 10 cm Fig. 45. — Lanuéjols (Gard), Grotte du Luc, céramiques non tournées. 12 VESTIGES PROTOHISTORIQUES DANS LES GRANDS CAUSSES Fig. 46. — Lanuéjols (Gard), Grotte du Luc, céramiques non tournées. 47 48 G. COSTANTINI, B. DEDET, G. FAGES ET A. VERNHET Fig. 47. — Lanuéjols (Gard), Grotte du Luc, céramiques non tournées. Site n» 27 : Grotte de Puech - Buisson Cette grotte, dite aussi d'Espinassous, s'ouvre à 500 m environ au nord-est du château d'Espinassous, au pied de la falaise du Causse Noir qui domine le lieu-dit « le Pas de l'Ase », dans la vallée du Trévezel. Dans la partie antérieure de la première salle, d'environ 60 m sur 30 m, est édifiée une construction voûtée utilisée pour l'affinage du fromage. Le développement total de cette cavité atteint une centaine de mètres. La cavité a été probablement utilisée comme habitat, mais on remarque aussi la présence de quelques restes humains d'âge indéterminé. Le matériel recueilli en surface ou entre de grands blocs provenant de l'effondrement de la voûte appartient au Néolithique Moyen, à l'Age du Bronze et à l'Age du Fer. Il est conservé au Dépôt archéologique de La Canourgue (Lozère) et dans la collection de M. Lacas à Millau (Aveyron). — Bibliographie : A. Jeanjean, Recherches géologiques et paléontologiques dans les Hautes Cévennes, dans Mémoires de l'Académie du Gard, Nîmes, 1873, p. 351-352 ; J. Rouquayrol, Préhistoire du Causse Bégon et de ses marges, dans Travaux de l'Institut d'Art préhistorique, Toulouse, XIX, 1977, p. 151. — Description du matériel : Le petit lot de céramiques non tournées qui nous est parvenu de cette grotte se répartit en sept séries de formes. — urnes de série 1 : une urne globuleuse à col probablement haut et cylindrique (fig. 48, n° 1) ; décor, sur la partie supérieure de la panse, d'un large méandre symétrique incisé, en double trait parallèle, avant séchage ; surface extérieure polie ; VESTIGES PROTOHISTORIQUES DANS LES GRANDS CAUSSES 49 15 Fig. 48. — Lanuéjols (Gard), Grotte du Puech-Buisson, céramiques non tournées. — urnes de série 2 : deux urnes biconiques à col bas divergent (fig. 48, n° 2 et 3) ; l'une d'elles est décorée sur la partie supérieure de la panse d'une rangée horizontale d'impressions ; — urne de série 1 ou 2 : une panse de petit exemplaire, décorée en sa partie supérieure de fines cannelures horizontales (fig. 48, n° 5) ; — gobelet de série 1 : gobelet à panse carénée et col haut cylindrique, bord D01 - D09, décor d'une rangée horizontale de coups de poinçon au contact du col et de la panse (fig. 48, n° 9) ; — gobelets de série 2 : deux gobelets à panse globuleuse, décorés au contact du col et de la panse d'une triple ligne brisée incisée finement avant cuisson dans la pâte sèche (fig. 48, n° 1 1 et 12) ; 50 G. COSTANTINI, B. DEDET, G. FAGES ET A. VERNHET — coupes de série 1 : trois jattes à col cylindrique (fig. 48, n° 6, 7 et 10) dont un bord E05 (n° 6) et un bord C07 (n° 10) ; — coupes de série 2 : deux coupes arrondies convexes à bord simple, soit un bord E07 (fig. 48, n° 4) et un exemplaire complet (fig. 48, n° 15), muni d'un bord parallèle F04, et d'un fond 12 A (hauteur 9 cm, rapport 50) ; — coupes de série 3 : deux coupelles carénées complètes : l'une (fig. 48, n° 13), à bord H01, fond 12 A, hauteur 6 cm, rapport 58,8 ; l'autre (fig. 48, n° 14), à bord H01, fond 21 B, hauteur 5,5 cm, rapport 55. Cet ensemble de documents comprend des formes connues uniquement au Bronze Final III A (séries 1 des urnes et 3 des coupes) et des formes attestées à la fois au Bronze Final II et au Bronze Final III A (séries 2 des urnes, 1 et 2 des gobelets, 1 et 2 des coupes). Etant données les conditions de découverte et l'absence de stratigraphie, il est impossible de savoir si cette cavité a été fréquentée à la fois au Bronze Final II et au Bronze Final III A, ou seulement au cours de cette dernière période. 3.3. Commune de Revens Site n° 28 : Dolmen de Revens Ce dolmen s'élève sur la bordure du Causse Noir descendant vers la Dourbie, au sud du village de Revens. C'est un dolmen simple, à chambre quadrangulaire et dalle de couverture. Le tumulus est très dégradé. Le tamisage des déblais de fouilles clandestines par J.Y. Boutin en 1982 a permis de constater que la chambre avait été réutilisée au Bronze Final. Le matériel est conservé au Dépôt archéologique de La Canourgue (Lozère). — Bibliographie : inédit. — Description du mobilier : — une urne surbaissée, de petite dimension, à col très bas et divergent, muni d'un bord D 01, panse à carène adoucie, deux fines cannelures horizontales ornent le sommet de la panse ; les surfaces sont polies (fig. 49, n° 1) ; Fig. 49. — Revens (Gard), dolmen de Revens. 1 et 2 : céramiques non tournées ; 3 et 4 : bronze 5 : bronze et fer ; 6 et 7 : ambre ; 8 : os. VESTIGES PROTOHISTORIQUES DANS LES GRANDS CAUSSES 51 — un tesson de panse d'urne grossière, décorée d'un cordon impressionné horizontal (fig. 49, n° 2) ; — une petite feuille de bronze rectangulaire repliée en anneau ; diamètre 4 mm, longueur 5 mm (fig. 49, n° 3) ; — un fragment de tôle de bronze découpée en rondelle et perforée, diamètre de la perforation 4 mm (fig. 49, n° 4) ; — un clou à tête conique en tôle de bronze et tige de section circulaire en fer, longueur conservée 5 mm, largeur de la tête 8 mm, diamètre de la tige 2 mm (fig. 49, n° 5) ; — deux perles discoïdales en ambre, de mêmes dimensions, diamètre 12 mm, diamètre de la perforation 3 mm, épaisseur 3 mm (fig. 49, nos 6 et 7) ; — écarteur de collier en os, comportant au moins douze perforations cylindriques ; l'une des faces est décorée d'au moins douze doubles cercles pointés incisés ; longueur : au moins 75 mm ; largeur ; 8,5 mm ; épaisseur : 5 à 6 mm ; diamètre des perforations : 2,5 mm (fig. 49, n° 8). Les objets les plus caractéristiques de ce lot semblent se rapporter à diverses époques. Nous ne connaissons pas de comparaison précise pour l'écarteur de collier. Des écarteurs plus courts, ne comprenant pas plus de six perforations et non décorés, sont cependant bien connus au Bronze Moyen, soit en pâte de verre (grottes de la Treille à Mailhac, Aude, ou P. de Baudinard, Var) (54), soit en ambre (grotte du Hasard à Tharaux, Gard) (55). Les perles en ambre apparaissent en Languedoc au Bronze Moyen (56), et, après une éclipse au Bronze Final II, elles se retrouvent dans des ensembles du Bronze Final III B (« Trésor du Déroc » à Vallon-Pont-d'Arc, Ardèche, et grotte de la Chauve-Souris à Donzère, Drôme) (57). Pour sa part, la céramique peut être datée du Bronze Final II. Compte tenu des conditions de la découverte, il est impossible de savoir si ce dolmen a fait l'objet d'une seule réutilisation (au Bronze Final II ?) ou de plusieurs à des époques diverses : Bronze Moyen, Bronze Final II et Bronze Final III B. Site n° 29 : rochers de la côte de Revens A 1200 m au sud-ouest du village de Revens, un massif de rochers domine la route de Gardies à Revens, aux flancs du Causse Noir. C'est dans ce site de hauteur portant des traces d'aménagement médiévales que C. Frayssignes a découvert en surface des documents du Bronze Final. Ces objets sont déposés au Musée de Millau. — Bibliographie : inédit. — Description du matériel : — coupe tronconique avec bord à méplats D 17 (fig. 50, n° 5) ; décor d'au moins deux cannelures horizontales, jointives, en haut de la panse, sous le bord, et de petits coups incisés obliques sur les arêtes des méplats du bord ; ipcm Fig. 50. — Revens (Gard), Rochers de la Côte de Revens, céramiques non tournées. : (54) Grotte de la Treille à Mailhac J.-L. Roudil et J. Guilaine, Les civilisations de l'Age du Bronze en Languedoc, dans La Préhistoire Française, II, 1976, p. 459-469 et notamment p. 462, fig. 2, n° 8 ; Grotte « P » de Baudinard : J. Courtin, Les civilisations de l'Age du Bronze en Provence, Le Bronze Ancien et le Bronze Moyen, dans La Préhistoire Française, II, 1976, p. 445-451 et notamment p. 449| fig. 3, n° 23. (55) J.-L. Roudil et M. Soulier, La grotte du Hasard à Tharaux (Gard), I, La salle sépulcrale IG et le commerce de l'ambre en Languedoc oriental, dans Gallia Préhistoire, 19, 1976, p. 173-200 et notamment p. 184, fig. 9, n°* 6, 8 à 10, 12, 18, 20 et 23. (56) J.-L. Roudil, L'Age du Bronze..., p. 123-128. (57) Trésor du Déroc : Ibid., p. 197 et 218, fig. 86, n° 1 ; grotte de la Chauve-Souris : J. Vital, Sites et industries de l'Age du Bronze dans le défilé de Donzère (Drôme), Thèse de 3e cycle, Bordeaux, 1984 (dactylographié), p. 244 et pi. 159, n° 3. 52 G. COSTANTINI, B. DEDET, G. FAGES ET A. VERNHET aménagement des surfaces : polissage à l'intérieur, raclage à l'extérieur (particules de dégraissant traînées en surface, formant des stries) ; pâte gris sombre en surface et rouge-marron en épaisseur ; — fragment de panse de vase, de forme indéterminée, décoré de traits en incisions fines avant cuisson : trois traits horizontaux surmontés de deux doubles traits formant un chevron renversé (fig. 50, n° 6) ; aménagement des surfaces : polissage ou lissage fini à l'extérieur (altéré), lissage fini à l'intérieur ; pâte rouge-brun homogène en surface et en épaisseur ; — plusieurs fragments d'urnes grossières décorées de cordons proéminents, horizontaux et verticaux, impressionnés au doigt (fig. 50, nos 1 à 4) ; — un fragment de panse carénée de vase grossier, muni d'une anse verticale en ruban (fig. 50, n° 7). — Datation : les vases nos 5 et 6 (fig. 50) peuvent être datés du Bronze Final III, peut-être III A ; le reste doit être rapporté au Bronze Final II ou à une période antérieure de l'Age du Bronze. 3.4. Commune de Rogues Site n° 30 : grotte de la Jurade Cette cavité est située en pied de falaise du Causse de Blandas, dominant les gorges de la Vis, à 1 100 m environ à l'ouest de la ferme de la Jurade. R. Rouquet y a découvert un vase isolé du Bronze Final, dans une petite galerie en fond de grotte, après une étroiture. Il pourrait s'agir d'un « dépôt votif » (?). Ce vase est conservé au Musée de Millau. — Bibliographie : A. Vernhet, Le Larzac, des premiers celtes à la fin de l'antiquité, dans Larzac, terre méconnue, 1973, p. 181, fig. 1 (dessin du vase). — Description du vase : — coupe carénée à col cylindrique, de forme 122 C surbaissée, à bord D 15, fond 21 A, hauteur 5,3 cm, rapport 48 (fig. 51) ; datation : Bronze Final II ou III A. S cm Fig. 51. — Rogues (Gard), Grotte de la Jurade, céramique non tournée. 3.5. Commune de St-Sauveur-des-Pourcils Site n° 31 : grotte des Morts, à Bramabiau Cette cavité s'ouvre dans la partie supérieure gauche de l'alcôve de Bramabiau, au flanc du petit Causse de Camprieu. Elle se compose d'une grande salle, qui a probablement servi d'habitat à différentes périodes de la Préhistoire récente (Néolithique final et Chalcolithique), et d'une galerie sépulcrale près de l'entrée. M. Lacas a recueilli dans la salle un fragment de vase du Bronze Final II, conservé dans sa collection, à Millau. Cette grotte a donc été fréquentée à cette période, mais il est impossible de caractériser les raisons de cette présence humaine. — Bibliographie : gisement signalé dans E.A. Martel, Les Causses Majeurs, Millau, 1936, p. 184 ; G. Fages, G. Costantini et J. Arnal, La Grotte préhistorique de Bramabiau, à St-Sauveur-des-Pourcils (Gard), dans Archéologie en Languedoc, 4, 1981, p. 103. — Description du vase : — jatte à épaulement, col tronconique et bord déversé D 01 ; surfaces polies, noires, homogènes (fig. 52) ; forme caractéristique du Bronze Final II. VESTIGES PROTOHISTORIQUES DANS LES GRANDS CAUSSES 53 Fig. 52. — Saint-Sauveur-des-Pourcils (Gard), Bramabiau, Grotte des Morts, céramique non tournée. 4. Hérault 4.1. Commune de la Vacquerie Site n° 39 : grotte du Castellas La grotte du Castellas s'ouvre au fond d'une bergerie en ruines, adossée à un auvent rocheux, à 500 m à l'est de la ferme de St-Martin-d'Azirou. En surface, M. Lacas y a découvert une coupe du Bronze Final III. Il est possible que les lieux aient servi d'habitat. — Bibliographie : inédit. — Description du vase : — coupe biconique à carène adoucie, bord H 05, décorée à l'extérieur, sur la partie supérieure de la panse, d'une frise de motifs en H couchés, tracés en trait double, avant cuisson (fig. 53). Ce vase est datable du Bronze Final III A ou du Bronze Final III B. Fig. 53. — La Vacquerie (Hérault), Grotte du Castellas, céramique non tournée. 4.2. Commune de Pégayrolles-de-VEscalette Site n° 33 : abri de Camp-Rouch Cet abri se trouve dans le chaos ruiniforme de Camp-Rouch, à 900 m au sud-ouest de la ferme qui porte le même nom. Exposé au nord-ouest et mesurant 5 x 3 m, il a pu servir d'habitat. M. Lacas y a recueilli en surface des fragments de vases qu'il conserve dans sa collection, à Millau. — Bibliographie : inédit. — Description du mobilier : Le petit lot de documents provenant de l'abri de Camp-Rouch paraît homogène. Datable du Bronze Final III A, il comprend : — deux fragments de panses d'urnes à profil arrondi, décorées de cannelures horizontales surmontant une rangée horizontale d'impressions circulaires (fig. 54, nos 2 et 5) ; 54 G. COSTANTINI, B. DEDET, G. FAGES ET A. VERNHET Fig. 54. — Pégairolles-de-1'Escalette (Hérault), Abri de Camp Rouch, céramiques non tournées. — deux coupes arrondies convexes, à bord F 01 (fig. 54, n° 1) ou D 08 (fig. 54, n° 3), décorées en double trait incisé avant cuisson sur la partie supérieure de la panse, soit avec un motif géométrique complexe (méandre ou grecque du n° 1), soit avec des lignes droites (n° 3) ; — une coupe tronconique à bord D 05, décorée de deux cannelures horizontales sous le bord (fig. 54, n° 4). Site n° 34 : grotte du Suquet La grotte du Suquet s'ouvre à 900 m environ à l'ouest du village de Pégayrolles-de-l'Escalette, au pied des falaises qui dominent la vallée de la Lergue. C'est une galerie de 35 m de long, dans laquelle M. Lacas a recueilli en surface plusieurs fragments d'urnes du Bronze Final ou du début de l'Age du Fer. Ce matériel est conservé dans la collection de l'inventeur, à Millau. La nature de l'occupation ne peut être précisée, mais les lieux sont peu propres à un habitat. S'agit-il d'un point d'eau ? — Bibliographie : inédit. — Description du mobilier : — partie supérieure d'une urne à panse à profil arrondi et col divergent ; bord E 01 ; décor sur la partie supérieure de la panse, formé de trois cannelures horizontales surmontant une rangée horizontale d'impressions (fig. 55, n° 1) ; — fragment de panse d'urne carénée, décorée de deux fines cannelures horizontales sur la carène et au contact du col et de la panse (fig. 55, n° 2). Il est difficile de préciser la datation de ces deux vases, entre le Bronze Final II et le vue s. av. J.-C. » 36 0 10 cm Fig. 55. — Pégairolles-de-1'Escalette (Hérault), Grotte du Suquet, céramiques non tournées. 4.3. Commune de Saint- Maurice-de-Navacelles Site n° 35 : aven d'Auguste L'aven d'Auguste est situé sur le causse du Larzac, à 600 m au nord de la ferme de Sablières. D'accès facile, il a pu servir d'habitat et de point d'eau. Il livre en surface des vestiges d'époques diverses, depuis le Néolithique Moyen. M. Lacas VESTIGES PROTOHISTORIQUES DANS LES GRANDS CAUSSES 55 y a recueilli en particulier (et conserve dans sa collection à Millau) un fragment de panse de coupe tronconique, décorée à l'intérieur de la panse de deux groupes de deux fines cannelures horizontales (fig. 56). De telles coupes sont attestées du Bronze Final II au début du Premier Age du Fer. — Bibliographie : le gisement est signalé dans L. Martin, A. Nourrit, A. Durand-Tullou et G.B. Arnal, Les grottes-citernes des Causses ; le vase à eau et son utilisation, dans Gallia- Préhistoire, VII, 1964, p. 148. 0 5 cm Fig. 56. — Saint-Maurice-de-Navacelles (Hérault), Aven d'Auguste, céramique non tournée. Site n° 36 : grotte de Soulatgets Cette grotte se trouve sur le causse du Larzac, à un kilomètre au sud-ouest du hameau de Soulatgets. Le matériel recueilli en surface s'échelonne du Néolithique Moyen au Bronze Final. Cette grotte a pu servir d'habitat, mais nous n'avons aucune indication sur la nature de la fréquentation des lieux lors de cette dernière époque. Les documents étudiés ici ont été découverts et sont conservés par M. Lacas (Millau). — Bibliographie : inédit. — Description du matériel : — partie supérieure d'une petite urne biconique à col cylindrique, bord D 2 1 , décor de deux groupes de quatre traits horizontaux incisés au sommet et à la base du col, et, en haut de la panse, rangée horizontale de petites impressions irrégulières (fig. 57, n° 1) ; — fragment de panse d'une coupe biconique à décor d'incisions fines en trait double tracé avant cuisson (fig. 57, n° 2). L'urne peut se rapporter aussi bien au Bronze Final II qu'au Bronze Final III A, mais la coupe est plutôt caractéristique du Bronze Final III A. Etant données les conditions de la découverte, il n'est pas possible de savoir si ces témoins marquent une fréquentation des lieux au cours de ces deux phases de l'Age du Bronze ou seulement durant la plus récente. * — — — — 1_ Fig. 57. — Saint-Maurice-de-Navacelles (Hérault), Grotte de Soulatgets, céramiques non tournées. 4.4. Commune de Saint- Pierre de la Fage Site n° 37 : grotte du Cirque du Bout-du-Monde Connue aussi sous le nom de Fontanilles, c'est une grotte suspendue dans la falaise du Cirque du Bout-du-Monde, qui borde le sud du Larzac. Elle livre en surface des vestiges divers, du Néolithique Moyen aux époques historiques. Les documents analysés ci-dessous se rapportent au Bronze Final et sont conservés au Musée de Millau. L'entrée de cette cavité a pu être utilisée comme habitat, mais nous n'avons aucun élément, en fait, pour déterminer la nature de l'occupation des lieux au Bronze Final. — Bibliographie : inédit. — Description du mobilier : — coupe biconique à carène adoucie, col bas divergent et bord simple C 04 (fig. 58, n° 1) ; décor, juste au-dessous 56 G. COSTANTINI, B. DEDET, G. FAGES ET A. VERNHET 10 cm Fig. 58. — Saint-Pierre-de-la-Fage (Hérault), Grotte aérienne du Bout-du-Monde, céramiques non tournées. du diamètre maximum de la panse, d'une rangée horizontale d'impressions ovalaires obliques à gauche ; aménagement des surfaces : polissage à l'extérieur et à l'intérieur sur le col, lissage fini à l'intérieur sur la panse ; pâte gris sombre à noir en surface, gris plus clair en épaisseur ; — coupe de même forme que la précédente, mais sans décor (fig. 58, n° 2) ; aménagement des surfaces : lissage fini ; pâte de couleur noire en surface et en épaisseur ; — deux coupes subtronconiques profondes, à bord déversé C 14 (fig. 58, n° 3) ou C 13 (fig. 58, n° 4). Cette dernière coupe est décorée à l'extérieur, sous le bord, de deux cannelures horizontales peu profondes. Dans les deux cas, les surfaces sont polies. Les pâtes sont noires en surface et noir à gris en épaisseur. — fragment de panse de coupe grossière, à carène adoucie, munie d'une anse verticale en ruban (fig. 58, n° 6) ; aménagement des surfaces : lissage ébauché à l'extérieur, intérieur non aménagé ; pâte gris-marron en surface et en épaisseur ; — urne sans col, à ouverture resserrée et panse à profil arrondi (fig. 58, n° 5) ; décor, en haut de la panse, d'une rangée horizontale d'impressions digitales dans la pâte encore très humide ; aménagement des surfaces : lissage ébauché ; pâte rouge à marron et à gris en surface, noire en épaisseur ; — fragment de panse de coupe biconique à carène adoucie (fig. 58, n° 7) décorée de trois doubles lignes horizontales incisées finement avant cuisson ; aménagement des surfaces : polissage à l'extérieur et à l'intérieur ; pâte noire en surface et marron à gris en épaisseur ; — fragment d'épaulement d'urne à panse globuleuse, décorée d'un double trait horizontal incisé avant cuisson (fig. 58, n° 8) ; aménagement des surfaces : polissage à l'extérieur, lissage ébauché à l'intérieur ; pâte noire en surface et en épaisseur ; — fragment d'épaulement d'urne à panse globuleuse, décoré d'une rangée horizontale d'impressions circulaires larges, effectuées au moyen d'un objet tubulaire à creux décentré (fig. 58, n° 9) ; surface polie, pâte ocre-rose à l'extérieur et noire à l'intérieur, grise en épaisseur. Tous ces vases incluent un dégraissant de calcite broyée. Leur datation est difficile : le mobilier est probablement mélangé. Certains éléments se rapportent au Bronze Final II (fig. 58, n° 5), d'autres au Bronze Final III A (fig. 58, nos 7 à 9). Pour le reste, il est impossible de se prononcer entre ces deux périodes. VESTIGES PROTOHISTORIQUES DANS LES GRANDS CAUSSES 57 4.5. Commune des Rives Site n° 38 : abri de Combefère Cet abri se trouve dans les dolomies ruiniformes, au nord de la ferme de Combefère. Le document analysé ci-dessous a été découvert en surface par R. Rouquet. Il est conservé au Musée de Millau. Nous n'avons aucun élément pour caractériser la nature de la fréquentation de ces lieux. — Bibliographie : inédit. — Description du matériel : — jatte tronconique à col rentrant et bord éversé C 01 (fig. 59) décorée sur la lèvre, à l'extérieur, d'une rangée horizontale d'impressions obliques peu profondes ; aménagement des surfaces : lissage fini ; pâte gris-beige sombre à gris-noir en surface, beige à noir en épaisseur ; dégraissant de cal cite broyée très fin ; datation : peut-être Bronze Final II. ï Fig. 59. — Les Rives (Hérault), Abri de Combefère, 10 cm céramique non tournée. 4.6. Commune de Sorbs Site n° 39 : grotte de Mouniès La grotte de Mouniès (ou Mounios) s'ouvre sur le Causse du Larzac méridional, au flanc d'un thalweg. Son porche, aujourd'hui précédé de constructions en ruines, est d'accès très facile. Son développement accuse une légère pente de l'entrée vers le fond. Cette cavité a fait l'objet de multiples recherches (trouvailles de Cazalis de Fondouce, F. Mazauric, L. Balsan et de l'Alpina de Millau) et, plus récemment, d'importantes fouilles clandestines qui ont entièrement détruit les niveaux archéologiques. Elle fut occupée du Néolithique à la période gallo-romaine. Selon les époques, elle servit d'habitat, de point d'eau ou de sanctuaire. Un vase, conservé au Musée de Millau, atteste la fréquentation des lieux au Bronze Final IL — Bibliographie : A. Fabre, Histoire des communes de l'Hérault, le canton du Caylar, 1895, p. 90 ; F. Mazauric, Recherches spéléologiques dans le Gard, dans Spelunca, VIII, n° 60, 1910, p. 28-29. — Description du mobilier : — partie supérieure d'une urne à col légèrement convergent, bord déversé à méplat vers l'intérieur, de forme C 11-C 13, et contact col-panse anguleux (fig. 60) ; surfaces polies, pâte noire homogène en surface, brun-rouge sombre à gris en épaisseur ; dégraissant abondant de calcite broyée ; il peut s'agir d'une urne à panse biconique, caractéristique du Bronze Final II. 10 cm Fig. 60. — Sorbs (Hérault), Grotte de Mouniès, céramique non tournée. 58 G. COSTANTINI, B. DEDET, G. FAGES ET A. VERNHET Site n° 40 : grotte du Rouquet Cette grotte se trouve sur le Causse du Larzac méridional, à 800 m au nord-nord-ouest du village de Sorbs. Elle se compose d'une petite salle d'une dizaine de mètres de diamètre, où l'habitat est possible. M. Lacas y a découvert en surface un fragment de vase du Bronze Final mêlé à d'autres vestiges d'époques diverses (Néolithique, Chalcolithique), qu'il conserve dans sa collection. La nature de la fréquentation de cette cavité, pour le Bronze Final, ne peut être précisée. — Bibliographie : inédit. — Description du vase : — bord C 21 de coupe tronconique décorée à l'intérieur de larges cannelures horizontales (fig. 61). Cette forme de vase est bien attestée au Bronze Final II et au Bronze Final III A. 5 cm Fig. 61. — Sorbs (Hérault), Grotte du Rouquet, céramique non tournée. 5. Lozère 5.7. Commune de Balsièges Site n° 41 : grotte du Maguel La grotte du Maguel s'ouvre au bas du versant du Causse de Changefèges, sur la rive droite du Lot, qu'elle domine d'une cinquantaine de mètres. L'ouverture aval, la plus grande, conduit par un couloir à une salle allongée qui se termine par une étroiture donnant sur l'extérieur. L'ensemble, légèrement ascendant, a un développement total d'une quinzaine de mètres (fig. 62). Selon M. Balmelle, les fouilles de C. Morel ont livré des documents néolithiques, un niveau sépulcral de l'Age du Bronze (les débris de deux crânes dolichocéphales et un vase caréné presque complet) et divers débris gallo-romains. Un sondage effectué en 1979 par P. Druelle n'a pas rencontré de couches en place, mais confirme l'existence des trois horizons distingués par C. Morel, sans toutefois qu'il soit possible de préciser si la grotte a servi de sépulture au Bronze Final. Nous publions ici le vase découvert par C. Morel (conservé au Musée de Mende) et les documents du sondage de 1979 (conservés au Dépôt archéologique de La Canourgue). Fig. 62. — Balsièges (Lozère), Grotte du Maguel, plan (A) et coupe (B) d'après P. Druelle ; en hachures fines : sondage de 1979. VESTIGES PROTOHISTORIQUES DANS LES GRANDS CAUSSES 59 — Bibliographie : gisement signalé par M. Balmelle et S. Pouget, Mende, cœur du Gévaudan, dans Bulletin de la Société des Lettres, Sciences et Arts de la Lozère, 1943, p. 479 ; P. Druelle, La grotte du Maguel (Balsièges), dans Revue du Gévaudan, 1 980, 4, p. 41-49. — Description du mobilier : — urne surbaissée complète (fig. 63, n° 1) à bord E 04, col bas divergent à profil légèrement convexe, panse carénée, fond légèrement creux 21 A ; surfaces extérieures polies, surfaces intérieures lissées avec soin ; couleur brun sombre ; — anse en large ruban vertical appartenant à un vase de forme indéterminée (fig. 63, n° 2) ; — fragment de panse d'urne à décor gravé avant séchage : groupes de segments de droites obliques et alternés, encadrés en haut et en bas par un trait horizontal ; le polissage final de la surface a, par endroits, partiellement fait disparaître le trait supérieur (fig. 63, n° 3) ; — fragment de panse de coupe carénée (fig. 63, n° 4) ; — bord A 19 de coupe tronconique (fig. 63, n° 5) à surface polie à l'intérieur, lissage à peine ébauché à l'extérieur. L'urne surbaissée n° 1 se rapporte au Bronze Final II. La datation des autres documents ne peut être précisée, entre le Bronze Final et le Premier Age du Fer. /0 cm Fig. 63. — Balsièges (Lozère), Grotte du Maguel, céramiques non tournées. Site n° 42 : grotte II de St-Tchaouzou La grotte II de St-Tchaouzou s'ouvre au pied de la falaise supérieure du plateau de Changefèges, dominant le village de Balsièges. Le renfoncement de la falaise, d'où partent deux galeries (grottes II et III), a favorisé la construction d'un ermitage, aujourd'hui ruiné. La plus à l'est, la grotte II, a une galerie étroite, longue d'une dizaine de mètres, conduisant à une salle basse, d'où se détache, vers le nord, un diverticule sinueux (fig. 64). La salle et le méandre ont servi de sépulture au Chalcolithique. Au Bronze Final et au Premier Age du Fer appartiennent quelques tessons polis et, peut-être, des restes de céréales et de fruits carbonisés. Le mobilier est conservé au Dépôt archéologique de La Canourgue. — Bibliographie : P. Druelle, Les grottes de St-Tchaouzou, dans Revue du Gévaudan, 1983, 1, p. 26 et suiv. — Description du mobilier : — bord B 01 décoré d'impressions digitales sur la lèvre (fig. 65, n° 1) ; — fragment de panse de coupe tronconique à décor gravé dans la pâte humide (fig. 65, n° 2) ; surfaces : lissage fini à l'extérieur et polissage à l'intérieur ; — fond 21 A (fig. 65, n° 3). La datation de ce petit lot de documents ne peut être précisée entre le Bronze Final et le Premier Age du Fer. Site n° 43 : grotte III de St-Tchaouzou La grotte III de St-Tchaouzou est à l'ouest de la grotte II. Un couloir d'une dizaine de mètres, légèrement ascendant, conduit à une petite salle tapissée d'argile rouge et humide, située en contrebas (fig. 64). Des céramiques éparses ont été recueillies sur le sol du couloir et de la salle par P. Druelle, qui a entrepris un sondage dans la salle terminale, fréquentée au Chalcolithique et au Bronze Final II. Le sol de cette cavité, comme dans la grotte II, a été fortement perturbé par les occupants de l'ermitage. Devant l'entrée, l'abri naturel de la falaise a pu servir d'habitat. Le mobilier est conservé au Dépôt archéologique de La Canourgue. 60 G. COSTANTINI, B. DEDET, G. FAGES ET A. VERNHET 3 a Fig. 64. — Balsièges (Lozère), Grottes II et III de Saint-Tchaouzou, plan d'après P. Druelle. 1 : murs de l'Ermitage ; 2 : ressaut rocheux ; 3 : sondages ; 4 : partie inaccessible sous plafond bas. Fig. 65. — Balsièges (Lozère), Grotte II de Saint-Tchaouzou, céramiques non tournées. g 25 Fig. 66. — Balsièges (Lozère), Grotte III de Saint-Tchaouzou, céramiques non tournées. 1 à 11 : salle a ; 12 à 15 : couloir b. — Bibliographie : P. Druelle, Les grottes de St-Tchaouzou, dans Revue du Gévaudan, 1980, 4, p. 50 à 66 ; id., La grotte n° 3 de St-Tchaouzou, sondage, dans Revue du Gévaudan, 1984, 1, p. 23. — Description du mobilier : 1) Mobilier de surface découvert dans la salle (fig. 64, a). — col parallèle à profil légèrement convexe, muni d'un bord divergent D 19, se rapportant à une urne à panse probablement biconique à col haut ; les surfaces sont soigneusement lissées (fig. 66, n° 1) ; VESTIGES PROTOHISTORIQUES DANS LES GRANDS CAUSSES 61 — urne biconique à col bas divergent, muni d'un bord E 08 ; état de surface : lissage ébauché (fig. 66, n° 2) ; des fragments de panse à carène vive ou adoucie, décorés d'une rangée horizontale d'impressions irrégulières (fig. 66, n° 6) ou circulaires par impression d'une baguette pleine (fig. 66, n° 7) appartiennent à des urnes probablement de forme semblable ; — col haut divergent, muni d'un bord D 08 (fig. 66, n° 3) et cols parallèles (deux exemplaires, avec bords C 05 (fig. 66, n° 4) et F 07 (fig. 66, n° 5), appartiennent à des urnes dont la forme globale ne peut être précisée) ; — coupes tronconiques à bord biseauté vers l'intérieur E 08 (fig. 66, n° 9) et D 08 (fig. 66, nos 10 et 1 1) ; un exemplaire porte des méplats sur toute la surface intérieure de la panse (fig. 66, n° 8). 2) Mobilier de surface découvert dans le couloir (fig. 64 b) — bord d'urne à méplats vers l'intérieur, de forme C 21 (fig. 66, n° 15) ; — deux fragments de panse d'urnes carénées, décorés d'une rangée horizontale de coups incisés (fig. 66, nos 12 et 13) ; — fond 21 A (fig. 66, n° 14). 3) Mobilier découvert dans le sondage (fig. 64) a) urnes biconiques à col bas divergent et bord simple à lèvre arrondie, aplatie ou biseautée vers l'intérieur : — deux parties supérieures (fig. 67, nos 1 et 2) équipées de bords respectivement D 04 et D 01 ; — bord F 05 (fig. 67, n° 3) ; bord D 03 (fig. 67, n° 4) ; bord D 05 (fig. 67, n° 5) ; bord C 01 (fig. 67, n° 6) ; — fragment de contact col-panse, décoré de deux fines cannelures horizontales (fig. 67, n° 13) ; — fragments de carènes décorés d'une rangée horizontale d'impressions digitales (fig. 67, nos 14 et 15) ; — trois fragments de carènes, ornés d'une rangée horizontale de coups incisés (fig. 67, nos 16, 17 et 19) ; b) urne biconique surbaissée : — partie inférieure d'un exemplaire comportant un fond creux 22 A (fig. 67, n° 22) ; c) coupes tronconiques : — deux exemplaires équipés de bords D 18 (fig. 67, n° 20) et D 17 (fig. 67, n° 21) ; la surface intérieure de ce dernier comporte de larges méplats ; d) jattes carénées à bord éversé : — deux exemplaires munis de bords D 15 (fig. 67, n° 12) et D 25 (fig. 67, n° 1 1) ; Fig. 67. — Balsièges (Lozère), Grotte III de Saint-Tchaouzou, sondages, céramiques non tournées. 62 G. COSTANTINI, B. DEDET, G. FAGES ET A. VERNHET e) fragments non attribuables à une forme précise d'urne : — col bas divergent, à profil convexe et bord E 05 (fig. 67, n° 7) ; — bord D 1 1 (fig. 67, n° 8) ; bord D 19 (fig. 67, n° 9) ; bord D 18 (fig. 67, n° 10) ; fond 13 B (fig. 67, n° 23). La céramique provenant de la grotte III de Saint-Tchaouzou peut être datée du Bronze Final II. Site n° 44 : grotte XIII de Saint-Tchaouzou Sur le versant méridional du Causse de Changefèges, près de l'ermitage de Saint-Tchaouzou, la grotte XIII est constituée d'un simple couloir descendant, long de 25 m environ et large de 0,8 à 2,5 m (fig. 68). S'agit-il d'un habitat ? Aucun indice ne permet de l'affirmer. Des ramassages de surface ont livré de la céramique du Bronze Final II et du Moyen Age. Le sondage entrepris par P. Druelle a révélé la stratification suivante : — niveau 1, remanié, avec tessons tournés et matériel du Bronze Final, — niveaux 2 et 3 du Bronze Final (le niveau 3 est charbonneux). Le mobilier est conservé au Dépôt archéologique de la Canourgue. — Bibliographie : Dr. Gajac, Matériel préhistorique de Saint-Tchaouzou, dans Bulletin de la Société des Lettres, Sciences et Arts de la Lozère, 1959, p. 170 et suivantes ; A. Soutou, Céramique préhistorique de Saint-Tchaouzou, dans Bulletin de la Société des Lettres, Sciences et Arts de la Lozère, 1954, p. 413 et suivantes ; P. Druelle, Les grottes de Saint-Tchaouzou, dans Revue du Gévaudan, 1980, 4, p. 50-66 ; id., La grotte XIII de Saint-Tchaouzou à Balsièges, dans Revue du Gévaudan, 1982, 1, p. 5 et suivantes. Fig. 68. — Balsièges (Lozère), Grotte XIII de Saint-Tchaouzou, plan d'après P. Druelle ; en hachuré : sondage. — Description du matériel : — urne à col haut parallèle, à profil extérieur légèrement convexe, bord simple D 01, panse carénée et fond à pied bas 42 C (fig. 69, n° 1) ; une rangée horizontale d'impressions circulaires décore le contact du col et de la panse, ainsi que la panse, juste au-dessus de la carène ; VESTIGES PROTOHISTORIQUES DANS LES GRANDS CAUSSES 63 V I rangée— polissage d'une fine horizontale urne coupe sur cannelure leàFig. tronconique col d'impressions col, 69. divergent lissage horizontale — Balsièges ébauché à bas bord juste à profil circulaires àpartout (Lozère), facettes sous légèrement leorne ailleurs DGrotte bord, 18laetzone ;convexe de fond XIII quatre dearrondi dediamètre etSaint-Tchaouzou, méplats panse de forme haute maximum horizontaux 81à profil (fig. céramiques de69,laarrondi et n° panse d'un 3) bombement non ;(fig. ; aménagement la surface 1069, tournées. cm n° 2)intérieure au; bord fond des Esurfaces est ; 05amenaornée ; une: 64 G. COSTANTINI, B. DEDET, G. FAGES ET A. VERNHET gement des surfaces : intérieur bosselé mais poli, lissage ébauché à l'extérieur ; ce vase presque complet possède deux trous de suspension distants de 25 mm, percés sous le bord, au creux de la cannelure ; — bord C 21 de coupe tronconique (fig. 69, n° 4) ; aménagement des surfaces : lissage fini à l'intérieur ; — fond 12 A d'urne (fig. 69, n° 5). Ce lot de vases est caractéristique du Bronze Final IL 5.2. Commune de Chanac Site n° 45 : dolmen double de l'Aumède Ce dolmen est situé sur une hauteur boisée dominant le hameau de l'Aumède, sur le Causse de Sauveterre. Il s'agit d'une sépulture à chambre double, enserrée dans un tumulus circulaire. Au cours des travaux de restauration, engagés en 1978, des couches charbonneuses, avec esquilles d'os calcinées, ont été reconnues dans l'épaisseur du tertre. Elles témoignent de réutilisations de la sépulture. Le mobilier est déposé au Dépôt archéologique de la Canourgue. — Bibliographie : A. de Mortillet, Les monuments mégalithiques de la Lozère, Paris, 1905 ; G. Fages, Les mégalithes des Causses de Lozère, leur conservation, dans Bulletin du Centre d'Etudes et de Recherches Littéraires et Scientifiques de Mende, n° 7, p. 20. — Description du mobilier : — bord E 08 de coupe tronconique (fig. 70). Il ne peut être daté avec précision mais appartient à coup sûr au Bronze Final ou au Premier Age du Fer. )cm Fig. 70. — Chanac (Lozère), Dolmen de l'Aumède, céramique non tournée. 5.5. Commune de Cultures Site n° 46 : grotte de la Fouon del Latch La cavité de la Fouon del Latch est située sur la rive gauche du Lot, entre Barjac et Chanac. Elle comprend deux galeries, qui se rejoignent à 150 ou 200 m et se terminent sur un lac. Selon C. Morel, le mobilier découvert s'échelonne du Néolithique au Bronze Final. Pour cette dernière période, la grotte aurait servi d'ossuaire. Du mobilier, accompagnant « une quarantaine de squelettes », ne subsistent qu'une pointe de lance à douille et une tige d'épingle, conservées au Musée de Mende. Une hache à rebords aurait été découverte à l'entrée de la grotte par un cultivateur de la commune de Cultures. — Bibliographie : C. Morel, Analyses spectographiques d'objets de cuivre ou de bronze du musée de Mende, dans Bulletin de la Société des lettres, sciences et arts de la Lozère, 1962, p. 3 ; G. Fages, Les haches métalliques du département de la Lozère (essai d'inventaire), dans Bulletin de la Société préhistorique française, 1977, 74, CRSM, 2, pp. 61-64. — Description du mobilier : — pointe de lance à douille ; bout arrondi ; nervure centrale de section arrondie ; douille allongée, de section circulaire, comportant deux trous de fixation diamétralement opposés de 2,9 mm de diamètre ; longueur totale : 166 mm ; longueur de la douille : 54 mm ; diamètre de la douille : 19,5 mm ; bavure de coulée le long de la douille, dans le prolongement d'un des ailerons (fig. 71). Tout comme l'exemplaire de la Couvertoirade (Aveyron) (58), cette pointe de lance, avec sa douille allongée, semble devoir être datée du Bronze Final III ou du Premier Age du Fer. (58) Voir supra, § 2.4, site n° 7. VESTIGES PROTOHISTORIQUES DANS LES GRANDS CAUSSES -0 Fig. 71. — Cultures (Lozère), Grotte de la Fouon del Latch, mobilier en bronze. 65 66 G. COSTANTINI, B. DEDET, G. FAGES ET A. VERNHET 5.4. Commune d'Esclanèdes Site n° 47 : tumulus n° 1 de Rocherousse Ce tertre non localisé avec précision se trouvait sur une crête calcaire, au nord de la vallée du Lot, à moins de 100 m du dolmen de Rocherousse. Nous reprenons les quelques phrases publiées par le Dr Prunières : « ... dans un champ cultivé, à gauche de la route neuve d'Uel-Bougo à Esclanèdes. Un seul sujet, dolichocéphale. Le squelette est tout entier allongé, la tête à l'est, les pieds à l'ouest. La belle épée en bronze que voici, avec ses rivets et sa bouterolle aussi en bronze, était déposée à droite du squelette, la poignée à hauteur de la hanche et de la main droite ; la bouterolle à la hauteur de la tempe. Un beau vase noir, uni, large et peu profond, reposait derrière la tête. Je trouvai dans le tumulus un bloc de grès dont une face est polie, comme sur les pierres à écraser le grain. » L'épée est conservée, avec une bonne partie de la collection Prunières, au Musée de l'Homme, à Paris. — Bibliographie : Dr Prunières, Mobilier de trente nouveaux tumuli au milieu des dolmens du Causse de Sauveterre, dans Association française pour l'avancement des sciences, 1887, pp. 698-703, et notamment p. 699. — Description de l'épée : — épée en bronze, de type Gtindlingen (fig. 72), brisée en quatre morceaux ; longueur totale : 76,9 cm ; longueur de la languette : 1 1,4 cm ; largeur de la lame au départ : 4,4 cm ; largeur de la lame dans la partie médiane : 3,3 cm ; la partie distale de la languette (garde) possède deux trous de rivets, la partie médiane (fusée) et la partie proximale (pommeau) un trou de rivet chacune. Fig. 72. — Esclanèdes (Lozère), tumulus 1 de Rocherousse, épée en bronze. VESTIGES PROTOHISTORIQUES DANS LES GRANDS CAUSSES 67 Cette épée suscite les mêmes remarques chronologiques que l'exemplaire similaire du tumulus III de Floyrac, à Onet-le-Château (Aveyron) (59). 5.5. Commune de Florac Site n° 48 : grotte de Pelet La grotte de Pelet s'ouvre à 200 m environ au sud du rocher de Rochefort qui domine Florac. La cavité est un tunnel rectiligne orienté sensiblement est-ouest, de section plus large que haute (1,60 x 1,30). Après une quinzaine de mètres, le plafond s'abaisse pour former une petite salle circulaire sans suite pénétrable. Ces lieux semblent peu propices à l'habitat. C. Boude a recueilli sur un remplissage argileux rouge un bord de vase chalcolithique, sans doute en liaison avec des sépultures attestées par^uelques petits os humains, et des débris de plusieurs urnes et coupes, ainsi qu'un annelet en bronze, attribuables au Premier Age du Fer. Ce mobilier est conservé au Dépôt archéologique de La Canourgue. — Bibliographie : G. Fages, Quelques cavités préhistoriques et protohistoriques de la vallée du Tarn, Lozère dans Revue du Gévaudan, 1981/4, pp. 5-44 et notamment pp. 5-8. — Description du mobilier : — partie supérieure d'urne à panse très galbée, col divergent et bord D 04 (fig. 73, n° 1) ressaut au contact du col et de la panse ; les parois du col et de la panse sont lissées de manière identique (état n° 2) ; — deux fragments de panses d'urnes décorées d'une rangée horizontale d'impressions quadrangulaires (fig. 73, n° 2) ou circulaires (fig. 73, n° 3) ; les surfaces présentent soit un lissage ébauché, soit un lissage fini ; — un bord E05/E07 de coupe arrondie-convexe à bord divergent (fig. 73, n° 4) ; les surfaces sont lissées ; — un bord 109 de coupe arrondie-convexe à bord convergent (fig. 73, n° 6) ; — un bord D04 de coupe tronconique, ornée d'une cannelure horizontale sous le bord à l'intérieur (fig. 73, n° 5). Tous ces tessons incluent un dégraissant de calcite broyée. Ces vases sont datables du Premier Age du Fer. 10 cm Fig. 73. — Florac (Lozère), Grotte de Pelet, céramiques non tournées. Site n° 49 : habitat de hauteur de Rochefort Sur la bordure orientale du Causse Méjean, les rochers de Rochefort dominent de près de 500 m la vallée du Tarnon et la ville de Florac (fig. 74). Dans ces rochers et à leur base, des éboulements ont mis à nu des dépôts archéologiques. Quatre sondages de 2 x 2 m, réalisés en 1969 par A. Vernhet, ont révélé la présence d'habitats protohistoriques et de dépôts de pente sur un hectare environ (fig. 75 et 76). Les trois premiers ont livré un mobilier assez homogène de l'Age du Bronze Final III A ; (59) Voir supra, § 2.8. G. COSTANTINI, B. DEDET, G. FAGES ET A. VERNHET 68 C tumuli ) La BasMda Fig. 74. — Florac (Lozère), situation des gisements protohistoriques. Fig. 75. — Florac (Lozère), Rochefort, sondages 1 et 2, coupes. Fig. 76. — Florac (Lozère), Rochefort, sondages 3 et 4, coupes. VESTIGES PROTOHISTORIQUES DANS LES GRANDS CAUSSES 69 le quatrième, situé à 10 m en contrebas d'une petite chapelle médiévale dédiée à Sainte-Lucie, a livré un mobilier moins sûr dans des niveaux remaniés. Tous les objets recueillis sont conservés au Dépôt archéologique de La Canourgue (Lozère). L'habitat de Rochefort est à rapprocher du dépôt (votif ?) de la source du Pêcher, située entre lui et l'agglomération actuelle de Florac (fig. 74). Ce dépôt comprenait notamment un couteau en bronze à douille conique et une aiguille à chas datables du Bronze Final III A (60). — Bibliographie : site inédit. — Description du mobilier : a) Classement des formes de vases non tournés livrées par le gisement de Rochefort. Malgré l'état de fragmentation de l'ensemble du mobilier, quatorze séries, cinq formes d'urnes et neuf de coupes, peuvent être individualisées : — urne de série 1 : urne fine, bord divergent à un ou plusieurs méplats vers l'intérieur, col haut parallèle et panse globuleuse ou carénée ; — urne de série 2 : urne fine, bord divergent simple ou à méplat vers l'intérieur, col haut divergent et panse globuleuse ou carénée ; — urne de série 3 : urne fine, bord simple ou plus souvent à méplat vers l'intérieur, col bas divergent à profil rectiligne ou légèrement convexe, panse à carène vive ou adoucie ; — urne de série 4 : urne à col bas divergent peu évasé, bord simple et panse haute à profil arrondi ; — urne de série 5 : urne à col bas parallèle, bord simple et panse haute à profil arrondi. Les urnes de série 1, 2 et 3 peuvent être décorées sur la partie supérieure de la panse de motifs relevant d'une ou plusieurs techniques : cannelures, traits simples ou doubles gravés avant séchage, impressions parfois sur cordon : — coupe de série 6 : coupe à col très bas divergent et bord simple, panse globuleuse ou carénée ; — coupe de série 7 : coupe (ou coupelle) à bord convergent ou parallèle et panse à profil arrondi ou caréné, décorée de doubles traits horizontaux gravés avant séchage ; — coupe de série 8 : coupe à bord convergent muni de méplats vers l'intérieur et panse à profil arrondi convexe ; — coupe de série 9 : coupe tronconique à bord à facettes ; — coupe de série 10 : coupe tronconique à bord simple ou biseauté et panse cannelée à l'intérieur ; — coupe de série 11 : coupe tronconique à bord simple ou biseauté et panse lisse à l'intérieur ; — coupe de série 12 : coupe à panse à profil arrondi convexe et bord divergent à méplat vers l'intérieur ; — coupe de série 13 : coupe à panse à profil arrondi convexe et bord simple ; — coupe de série 14 : coupe carénée à col cylindrique et bord éversé. b) Le matériel du sondage 1 La céramique non tournée : — urnes de série 1 : 8 exemplaires attestés par les bords suivants : D05 (fig. 77, n° 1), D09 (fig. 77, n° 6), Dl 1 (fig. 77, n° 8), D18 (fig. 77, n°* 3 et 4), D25 (fig. 77, n° 2), D26/D28 (fig. 77, n° 5) et D29 (fig. 77, n° 7). Les types d'aménagement des surfaces des cols sont dans un ordre décroissant de fréquence : polissage, lissage ébauché, lissage fini ; — urnes de série 2 : 2 exemplaires munis de bords COI (fig. 77, n° 10) et B19 (fig. 77, n° 9) ; les surfaces extérieures des cols sont polies ; — urnes de série 5:21 exemplaires avec des bords D01 (fig. 77, n° 30), D04 (fig. 77, n° 23), D05 (fig. 77, nos 21, 28 avec méplat intérieur cannelé et 31), D07 (fig. 77, n° 24), D08 (fig. 77, nos 12, 13, 17, 25 et 26 (ce dernier possède une cannelure sur le méplat), D09 (fig. 77, n° 1 1 avec fine rainure horizontale à l'intérieur sous le bord et une rangée horizontale d'impression d'une extrémité de baguette au contact du col et de la panse à l'extérieur), DU (fig. 77, n° 29), D19 (fig. 77, nos 16, 19 et 18, tous trois avec méplat cannelé à l'intérieur et le dernier avec un décor de cannelures horizontales sur le haut de la panse), E04 (fig. 77, n° 22), E05 (fig. 77, n° 27) et E08 (fig. 77, n°* 14, 15 et 20, ce dernier avec méplat cannelé à l'intérieur). La surface extérieure du col est toujours polie de même que, lorsque l'observation est possible, celle de la panse ; — urnes de série 4 : un exemplaire muni d'un bord C05 (fig. 77, n° 32). Aménagement des surfaces : lissage ébauché à l'extérieur, sur le col ; — décor d'urnes de série 1, 2 ou 3 : — cannelures horizontales, peu profondes, aux arêtes adoucies sur partie supérieure de panse : 17 exemplaires (fig. 77, nos 33 à 49) ; cannelures horizontales, peu profondes, aux arêtes adoucies, associées à des doubles lignes horizontales gravées avant séchage (fig. 77, n° 50) ou à des lignes brisées en trait simple, gravées avant séchage (fig. 77, n° 52) ou à une rangée horizontale de coups incisés obliques placée sur une arête (fig. 77, n°51). La partie supérieure de ces vases décorés de cannelures a toujours une surface polie ; — rangée horizontale d'impressions (fig. 77, nos 53, 55 à 57, 59 à 67), parfois accompagnées de mamelon (fig. 77, n° 61), ou parfois placées sur cordon (fig. 77, n° 64). La surface extérieure du col, rarement observable, présente un polissage ou (60) G. Fages, Le couteau à douille du « Pesquio », commune de Florac, Lozère, dans BSPF, 68, 1971, p. 68-69. 70 G. COSTANTINI, B. DEDET, G. FAGES ET A. VERNHET 34 -35 45 *36-V37 46 47 ^38 ^39 #40 48 *49 [68 Fig. 77. — Florac (Lozère), Rochefort, sondage 1, céramiques non tournées. un lissage fini ; celle de la panse montre dans des proportions semblables soit un polissage, soit un lissage fini, soit un lissage ébauché. Dans trois cas, on peut observer simultanément le traitement du col et de la panse : l'aménagement est identique dans deux cas (polissage pour l'un, lissage fini pour l'autre) et supérieur sur le col dans un cas (lissage fini et lissage ébauché) ; — rangée horizontale de coups incisés (fig. 77, nos 54 et 58) ; — cordon lisse (fig. 77, n° 68) ; — doubles ou triples traits horizontaux gravés avant cuisson (fig. 78, nos 19 à 22), surfaces extérieures polies ; — coupes de série 6 : trois exemplaires dont un bord D09 et décor de cannelures horizontales sur la partie supérieure de la panse (fig. 78, n° 3), et deux fragments de carènes décorées de cannelures obliques torsadées (fig. 78, nos 1 et 2) ; surfaces polies ; — coupes de série 7 : 11 exemplaires munis de bords G18 (fig. 78, n° 10), H05 (fig. 78, nos 4, 7, 9 et 12), H07 (fig. 78, nos 5, 6 et 8), 105 (deux exemplaires dont fig. 78, n° 1 1) et 108 (fig. 78, n° 13) ; ces vases portent un décor d'une à trois lignes horizontales gravées avant séchage, soit en double trait, soit dans un cas en trait triple ; partie médiane d'un exemplaire caréné portant une ligne horizontale en double trait juste au-dessus de la carène (fig. 78, n° 14). La surface extérieure de toutes ces coupes est polie ; — coupes de forme 8 : 6 exemplaires munis de bords 108 (fig. 78, nos 23 à 25, 27 et 28), ou 115 (fig. 78, n° 26). L'un d'eux (fig. 78, n° 23) est décoré de cannelures horizontales à l'extérieur. Les surfaces extérieures sont polies ; VESTIGES PROTOHISTORIQUES DANS LES GRANDS CAUSSES 3 W=ï I ' ? 71 .1= e-r f8 9 q-i= «^-r ^-r ^-r 33 34 35 36 ^45 \ "• 46 47 5? 53 54 6? 63 44 51 60 61 70 ^71 37 72 0 73 48 55 49 56 64 65 66 74 75 76 77 10 cm 57 58 67 ^68 78 79 59 ^69 81 82 Fig. 78. — Florac (Lozère), Rochefort, sondage 1, céramiques non tournées. — coupes déforme 9 : trois exemplaires attestés par deux bords A19 (fig 78, nos 29 et 30) et un bord Al 1/A19 (fig. 78, n° 31); — coupes déforme 10: 17 exemplaires dont un bord D05 (fig. 78, n° 37), un bord D08 (fig. 78, n° 36), un bord E04 (fig. 78, no 34), un bord E05 (fig. 78, no 35) et deux bords E08 (fig. 78, no 32 avec deux sillons sur le méplat du bord, et n° 33), et onze fragments de panses portant des cannelures horizontales sur la surface intérieure (fig. 78, nos 38 à 47). Les surfaces intérieures de tous ces exemplaires sont polies ; les surfaces extérieures sont polies dans un cas, lissées avec soin dans 4 cas, lissées grossièrement dans 4 cas et non aménagées dans un cas ; — coupes déforme 11 : 38 exemplaires avec des bords Cil (fig. 78, nos 59, 72, 77 et 78), D05 (fig. 78, n°* 60 et 61, fig. 79, n° 5), D07 (fig. 79, n° 14), D08 (fig. 78, n°* 52, 55, 56, 58, 62, 63, 68, 74 et 75), DU (fig. 78, nos 70, 71 et 76), D16 (fig. 79, n° 1), D18 (fig. 78, nos 65, 68 et 79), D29 (fig. 79, nos 2 à 4), E04 (fig. 78, n° 57), E05 (fig. 78, n°s 69, 81 et 82), E08 (fig. 78, n° 50 avec deux cannelures sur le méplat, n° 53 avec un sillon sur le méplat, 51, 64 et 67), El 1 (fig. 78, n° 73) et El 3 (fig. 78, n° 54). Une seule de ces coupes est décorée : double ligne brisée gravée avant séchage sur le dessus du méplat et trois fines cannelures horizontales (fig. 79, n° 14). La plupart du temps l'aménagement de la surface extérieure est moins soigné que celui de la surface intérieure : 12 cas parmi lesquels on trouve les combinaisons suivantes : lissage fini et polissage dans 8 cas, lissage ébauché et lissage fini dans deux cas, lissage ébauché et polissage dans 1 cas, surface non aménagée et polissage dans un cas. Toutefois une proportion importante des coupes de forme 1 1 (8 exemplaires) présentent un degré égal de finition des surfaces à l'extérieur et à l'intérieur (polissage) ; 72 G. COSTANTINI, B. DEDET, G. FAGES ET A. VERNHET — coupes de forme 9 ou 11 : deux fragments de panses ornées dans leur partie médiane à l'intérieur de deux fines cannelures horizontales peuvent appartenir à l'une de ces deux formes (fig. 78, n° 48 et 49). Leurs surfaces sont également polies à l'intérieur et à l'extérieur ; — coupes déforme 12 : 9 exemplaires avec bords E04 (fig. 79, n° 9), E05 (fig. 79, n° 7, 8 et 16), E07 (fig. 79, n° 6 et 10), E08 (fig. 79, n° 12), El 8 (fig. 79, n° 13) et D08 (fig. 79, n° 11). Ces coupes présentent deux combinaisons d'aménagement des surfaces : soit extérieur moins soigné qu'intérieur (lissage ébauché et lissage fini), soit même finition à l'intérieur et à l'extérieur dans ce cas ou bien lissage ébauché, ou bien polissage ; — coupes déforme non déterminable .un bord D01 (fig. 79, n° 15) un bord D07 (fig. 79, n° 20), un bord E03 (fig. 79, n° 17), un bord E06 (fig. 79, n° 18) un bord F04 (fig. 79, n° 19) ; — 19 fonds d'urnes et/ou de coupes : 1 1A = 2 (fig. 79, n° 22 et 23), 1 1B = 1 (fig. 79, n° 24), 12A = 1 (fig. 79, n° 25), 12B = 3 (fig. 79, n° 26 à 28), 13A - 4 (fig. 79, n° 29 à 32), 21 A = 2 (fig. 79, n° 33 et 34), 22A = 2 (fig. 79, n° 35 et 36), un fond de type 30B décoré à l'extérieur de cannelures horizontales (fig. 79, n° 37), un fond 42A décoré sous le plancher d'une croix en double trait gravée avant séchage (fig. 79, n° 21), et un fond de type 60A (fig. 79, n° 38). ?o 23 28 1= 29 30 37 31 32 24 33 25 "34 26 27 ~35 —36 38 Fig. 79. — Florac (Lozère), Rochefort, sondage 1, céramiques non tournées. Objets divers — pointe de flèche en tôle de bronze de type « Le Bourget » avec ailerons bien dégagés et deux perforations pour la fixation, dans la partie médiane ; hauteur 29 mm ; largeur aux ailerons 20 mm (fig. 80, n° 1) ; — fragment de lamelle en silex opaque de couleur blanchâtre, cassée à ses extrémités distale et proximale ; sur la face supérieure, trois négatifs d'enlèvements parallèles antérieurs ; bord droit à retouches directes, continues, courtes (margin ales), abruptes et écailleuses ; deux retouches directes courtes et abruptes forment un petit cran sur la partie proximale du bord gauche ; face inférieure : ondulations de percussion, petites retouches d'usage ou accidentelles courtes et inverses sur le bord gauche ; dimensions : longueur conservée : 26,1 mm ; largeur : 15,6 mm ; épaisseur : 2,8 mm (fig. 80, n° 2). c) Le matériel du sondage 2 — urnes de série 3 : 5 exemplaires attestés par les cols et bords suivants : C09, DU (fig. 81, n° 3 et 4), E04 (fig. 81, n° 1) et E19 (fig. 81, n° 2) ; tous ces cols ont une surface extérieure polie ; — urnes de série 4 : 3 exemplaires avec des bords D01 (fig. 81, n° 6 et 7) et D05 (fig. 81, n° 8) ; — décors d'urnes de série 1, 2 ou 3 : — rangée horizontale d'impressions au niveau du diamètre maximum de la panse : 3 exemplaires (fig. 81, n° 9 à 11) ; cols et panses sont aménagés à l'extérieur de façon identique (polissage ou lissage fini) ; — groupe de cannelures horizontales peu profondes à arête adoucie, placé sur la partie supérieure de la panse : 6 exemplaires (fig. 81, n° 12 à 17). La surface extérieure est polie dans tous les cas ; : VESTIGES PROTOHISTORIQUES DANS LES GRANDS CAUSSES 73 I o 0 r b- IIi/ 3 Fie 80. — Florac (Lozère), Rochefort. 1 et 2 : sondage 1 ; 3 : son dage 3 ; 4 : sondage 4. 1 : bronze ; 2 à 4 : silex (grandeur nature). T 1 : ' ■' 1 ~ï I. 22 29 30 32 Fig. 81. — Florac (Lozère), Rochefort, sondage 2, céramiques non tournées. 74 G. COSTANTINI, B. DEDET, G. FAGES ET A. VERNHET — lignes horizontales gravées avant séchage en trait double : 3 exemplaires (fig. 81, n° 18 à 20) présentant également une surface extérieure polie ; — fonds d'urnes : un fond 12A décoré de cannelures horizontales (fig. 81, n° 31) et un fond 12B (fig. 81, n° 32) ; — coupes de série 7 : deux exemplaires équipés d'un bord 108 (fig. 81, n° 22) ou 115 (fig. 81, n° 21). Ces deux vases sont décorés de doubles traits gravés avant séchage : deux lignes horizontales dans un cas et un rectangle ou méandre dans l'autre cas. Tous les deux ont des surfaces extérieure et intérieure polies ; — coupes de série 10 .trois exemplaires attestés par des tessons de panse à surface intérieure cannelée (fig. 81, n° 23 à 25). Dans deux cas la surface intérieure est mieux aménagée que la surface extérieure (polissage et lissage fini) ; dans un cas l'aménagement est identique à l'extérieur et à l'intérieur (polissage) ; — coupes de série 11:3 bords Dl 1 (fig. 81, n° 28), D19 (fig. 81, n° 27) ou D21 (fig. 81, n° 26). La surface intérieure est mieux aménagée que la surface extérieure pour deux de ces coupes (polissage et lissage fini). Une même finition des surfaces caractérise la troisième (stade intermédiaire entre lissage fini et polissage) ; — coupe de série 12 .un bord E19 (fig. 81, n° 29) ; l'extérieur présente un lissage fini, l'intérieur est poli ; — coupe de série 13 .un bord E02 (fig. 81, n° 30), lissage ébauché à l'extérieur, stade intermédiaire entre lissage fini et lissage ébauché à l'intérieur. d) Le matériel du sondage 3 — urnes de série 3 : partie supérieure d'un exemplaire décoré en haut de la panse de cannelures horizontales et équipé d'un bord E19 (fig. 82, n° 1) ; deux bords E05 (fig. 82, n° 2 et 3). Un fragment de panse décorée d'une ligne horizontale gravée en double trait avant séchage appartient peut-être à une urne de cette série (fig. 82, n° 4) ; les surfaces des cols et des panses de ces vases sont polies ; — urne de série 4 : un bord D06 (fig. 82, n° 5). — urne de série 5 : partie supérieure d'un exemplaire muni d'un bord G01/G02 et décoré au contact du col et de la panse d'un cordon à impressions digitales horizontal (fig. 82, n° 76) ; col et panse présentent le même type d'aménagement des surfaces (lissage ébauché) ; — coupe de série 7 : un exemplaire muni d'un bord 105 et décoré en haut de la panse à l'extérieur de trois cannelures horizontales (fig. 82, n° 7) ; les surfaces intérieure et extérieure sont polies ; — coupe de série 11 : un bord D03 (fig. 82, n° 8) ; les surfaces intérieure et extérieure sont soigneusement lissées ; — coupes de série 13 : un bord E05 (fig. 82, n° 9) et un bord E04 (fig. 82 n° 10) ; l'aménagement des surfaces est identique à l'intérieur et à l'extérieur (lissage ébauché ou polissage) ; — coupe de série 14 : partie supérieure d'un exemplaire à bord D19 et surfaces polies (fig. 82, n° 11) ; — fonds d'urnes : un fond 1 1 A (fig. 82, n° 13), un fond 12A (fig. 82, n° 14) et un fonds 13A (fig. 82, n° 12) ; — un fragment d'anse en ruban (fig. 82, n° 15) ; — l'extrémité d'un poinçon aménagé dans une lamelle de silex gris opaque ; face supérieure : un négatif d'enlèvement antérieur, retouches directes continues, longues et abruptes sur les deux bords formant une pointe mousse ; dimensions : longueur conservée : 25,1 mm ; largeur : 18,5 mm ; épaisseur : 3,7 mm (fig. 80, n° 3). 9 ^10 ^ i12 ^BK 13 Fig. 82. — Florac (Lozère), Rochefort, sondage 3, céramiques non tournées. e) Le matériel du sondage 4 — urne de série 2 : un col muni d'un bord Cl 1 (fig. 83, n° 1), lissage fini sur la surface ; — urne de série 4 : un bord D01 (fig. 83, n° 2) ; VESTIGES PROTOHISTORIQUES DANS LES GRANDS CAUSSES 75 Fig. 83. — Florac (Lozère), Rochefort, sondage 4, céramiques non tournées. — décors d'urnes de série 1,2 ou 3 .un fragment de panse décoré d'une rangée horizontale d'impressions (fig. 83, n° 3) ; un fragment de panse décoré de cannelures horizontales (fig. 83, n° 4) ; les surfaces extérieures sont polies ; — vases de forme non déterminable : un bord F04, un fragment de panse de gros récipient avec une anse en boudin vertical (fig. 83, n° 5) ; — un éclat non retouché de silex blanchâtre opaque, face supérieure (a), négatifs d'enlèvements antérieurs et esquilles ; face inférieure (b), bulbe et ondulations de percussion. Longueur : 37 mm ; largeur : 22 mm ; épaisseur : 6 mm (fig. 80, n° 4). f) Le matériel du point 6 — urne de série 3 : un bord D05 (fig. 84, n° 1) ; — urne de série 4 : un bord D08 (fig. 84, n° 2) ; — décors d'urnes de série 1, 2 ou 3 : • cannelures horizontales sur la partie supérieure de la panse (fig. 84, n° 3 et 4), • rangée horizontale d'impressions pyramidales (fig. 84, n° 5) ou hémisphériques (fig. 84, n° 6). — urne de série 5 : partie supérieure d'un exemplaire muni d'un bord G03 et décoré au contact du col et de la panse d'un cordon horizontal portant des impressions digitales (fig. 84, n° 11) ; — coupes de série 11 : deux exemplaires munis de bords E18 (fig. 84, n° 7) ou Cil (fig. 84, n° 8) ; — coupe de série 12 : un bord E14 (Fig. 84, n° 9) ; — coupe de série 13 : un bord D07 (fig. 84, n° 10) ; — bords appartenant à des vases de série non déterminable : un bord D05 (fig. 84, n° 12), un bord D12 (fig. 84, n° 13) et deux bords D07 (fig. 84, n° 14). 8 9 10 I YV.\ Fig. 84. — Florac (Lozère), Rochefort, point 6, céramiques non tournées. Ce matériel ayant été découvert en surface, les tessons sont altérés et il n'est pas possible d'apprécier le degré de finition des surfaces. g) Datation du gisement La pointe de flèche de type « Le Bourget », nous l'avons vu à propos de l'exemplaire de la grotte n° 1 de Sargel à Saint-Rome de Cernon (Aveyron) (61), n'apporte guère de précision chronologique puisque c'est un objet en usage du Bronze (61) Voir supra, § 2.15. 76 G. COSTANTINI, B. DEDET, G. FAGES ET A. VERNHET Final II à la fin du vie s. av. J.C. Dans leur majorité, les vases du site de Rochefort se rapportent à des formes existant aussi bien au Bronze Final II qu'au Bronze Final III A. Cependant les coupes et coupelles de série 7 à bord convergent ou parallèle et panse à profil arrondi ou caréné, décorées de doubles traits horizontaux gravés avant séchage, série très fournie ici, sont par contre bien datées du Bronze Final III A. En l'absence de céramiques exclusivement datables du Bronze Final II, nous conclurons à l'homogénéité du gisement protohistorique de Rochefort et à son appartenance au Bronze Final III A. 5.6. Commune de Gatuzières Site n° 50 : dolmen d'Aures Cette sépulture est située sur un replat de la crête qui prolonge vers le sud la cote 1 1 56. Elle est à 700 m environ du point culminant. Un modeste tertre circulaire de 4 m de diamètre entoure une petite cella de forme rectangulaire. Elle a été entièrement vidée, en 1974, par des clandestins. Le tamisage partiel des déblais entrepris par G. Fages en 1982 a livré des fragments d'armilles soudées et un pied de fibule en bronze qui indiquent une réutilisation de la tombe au Premier Age du Fer. Le mobilier est conservé au Dépôt archéologique de La Canourgue. — Bibliographie : G. Fages, Supplément à l'inventaire des mégalithes du Causse Méjean, Travaux du Dépôt de Fouilles Préhistoriques d'Anilhac, 1977, p. 7 (pied de fibule inédit) ; — Description du mobilier : — pied de fibule mouluré et relevé à angle droit (hauteur du pied 17 mm) (fig. 85). Ce fragment appartient très probablement à une fibule à ressort bilatéral des vie-ve siècles avant J.C. Fig. 85. — Gatuzières (Lozère), Dolmen d'Aures, mobilier en bronze. 5. 7. Commune de Hures-La Parade Site n° 51 : station des Douzes Le site a été découvert en 1981 par J.-Y. Boutin au cours des travaux d'aménagement du parc à voitures du restaurant Vergély aux Douzes. Ces travaux ont entaillé une terrasse qui s'étire au pied d'une faible barre rocheuse à moins de 50 m au-dessus du lit de la Jonte. Un niveau sensiblement plus sombre est discernable sur une vingtaine de mètres. Les vestiges mêlés appartiennent à deux époques : Bronze Final III A et époque Gallo-Romaine. Il s'agit sans doute d'un habitat adossé à la barre rocheuse. Le mobilier est conservé au Dépôt archéologique de La Canourgue. — Bibliographie : inédit. — Description du mobilier : La céramique livrée par ce gisement, exclusivement des vases non tournés, inclut un dégraissant de calcaire. Les teintes sont sombres, gris-noir à marron foncé. A) Cols bas divergents d'urnes (fig. 86, n° 1 à 3) ; bords simples D05 (n° 1), E04 (n° 2) ou D04 (n° 3) ; la surface extérieure présente un lissage fini ou ébauché. B) Un bord d'urne à col divergent probablement haut (fig. 86, n° 5), bord à méplats vers l'intérieur C21 (n° 5) ; surfaces extérieure et intérieure soigneusement lissées. VESTIGES PROTOHISTORIQUES DANS LES GRANDS CAUSSES :36 =35 n;r H 77 t=^ m <\2 ^13 m.K 0 ^15 10 cm ^16 17 Fig. 86. — Hures-La Parade (Lozère), Les Douzes, céramiques non tournées. C) Coupes biconiques à bord convergent (fig. 86, n° 9 à 1 1) ou parallèle (fig. 86, n° 12) ; les panses des vases de cette forme peuvent avoir un profil caréné ou arrondi. Ici seule la première possibilité est attestée (n° 9). Les bords sont H05 (n° 9 à 1 1) ou F04 (n° 12). Ces récipients sont souvent décorés sur la partie supérieure de la panse à l'extérieur de doubles lignes horizontales incisées finement avant séchage (n° 10 à 12). L'aménagement des surfaces est le plus souvent soigné (lissage fini, exceptionnellement ébauché). D) Coupes tronconiques (fig. 86, n° 4 et 13 à 16) : bords à méplats C21 (n° 4) ou D08 (n° 13 et 14) ; les décors attestés sont de deux sortes : une ligne brisée irrégulière, incisée sur le méplat du bord (n° 13), ou bien de larges méplats jointifs couvrant la surface intérieure de la vasque (n° 15 et 16). Les surfaces intérieures sont soigneusement lissées ; à l'inverse l'extérieur n'a fait l'objet dans les meilleurs des cas, que d'un brossage rudimentaire. E) Une coupe arrondie, convexe à bord divergent E08 (n° 17) ; surfaces : lissage fini. F) Des fragments décorés de panses d'urnes : rangée horizontale d'impressions triangulaires (n° 6), ou deux séries horizontales de doubles traits incisés finement avant séchage (n° 7). G) Un bord C08 de vase de forme indéterminée (n° 8). Ce gisement a aussi livré une perle en tôle de bronze enroulée et un fragment de bracelet en lignite (non figurés). L'ensemble de ce lot est homogène et date du Bronze Final III A. Site n° 52 : Grotte del Pastre L'entrée modeste de la grotte del Pastre se cache au sommet des hautes falaises dolomitiques de la vallée de la Jonte, juste en amont du ravin de Sourbettes. La cavité est un simple couloir descendant, coudé plusieurs fois. Après le passage bas de l'entrée (hauteur 0,80 m, largeur 1,50 m), elle devient plus spacieuse pour se terminer 22 m plus loin. La partie inférieure abrite un dépôt sépulcral compris entre le Chalcolithique et le Bronze Moyen. Un seul tesson signale une fréquentation au cours du Bronze Final (collection M. Lacas, Millau). — Bibliographie : J. Maury, Les étapes du peuplement sur les Grands Causses, Millau, 1967, p. 295-297 (Tesson Bronze Final, inédit). — Description du mobilier : — Fig. 87 : fragment de la partie supérieure d'une jatte à col divergent, bord D08, panse carénée et décorée de cannelures obliques, surfaces polies. Ce vase est caractéristique du Bronze Final II. Fig. 87. — Hures-La Parade (Lozère), Grotte del Pastre, céramiques non tournées. Site n° 53 : Rocher de Saint-Gervais Le rocher de Saint-Gervais est un éperon remarquable, bordé de falaises sur le rebord du Causse Méjean, au-dessus du confluent de la vallée de la Jonte et du ravin des Bastides. Il est actuellement couronné par une chapelle dédiée aux saints Gervais et Protais. La majorité des documents archéologiques recueillis provient d'un ramassage de surface effectué par 78 G. COSTANTINI, B. DEDET, G. FAGES ET A. VERNHET G. Costantini sur une terrasse qui domine le ravin des Bastides. Au pied de la falaise, principalement devant la grotte 1 du même nom, les ruissellements dégagent quelques débris de céramique. Ils suggèrent un habitat de la fin de l'Age du Bronze, à égale distance entre le fond de la vallée et le plateau. Ce mobilier est conservé au Dépôt archéologique de La Canourgue. — Bibliographie : le mobilier est inédit mais les grottes ont été signalées dans : Spéléo-club des Causses, Spéléo Causse Méjean, t. 1, 1982, p. 270-271. — Description du mobilier : Les tessons découverts comprennent uniquement de la céramique non tournée, de teinte marron, renfermant de la calcite broyée. Ce sont : A) Un fragment de panse à profil arrondi d'urne grossière, décorée d'une rangée horizontale d'impressions irrégulières (fig. 88, n» 1). B) Une petite urne à col bas divergent, et bord D01/D09 (fig. 88, n° 2). C) Un fragment de panse probablement de coupe à bord convergent, décoré à l'extérieur de deux doubles lignes horizontales incisées avant séchage (fig. 88, n° 3). D) Des coupes tronconiques à bord simple (fig. 88, n° 4 à 7) ; bord D19 (n° 4 et 6), D14/D29 (n° 5) ou D04 (n° 7) ; décor de deux cannelures horizontales jointives en haut de la panse à l'intérieur (n° 4) ou de larges méplats sur la surface intérieure de la panse (n° 6). La surface intérieure de ces vases est soigneusement lissée tandis que la surface extérieure est restée brute de finition ou n'a subi qu'un simple brossage. E) Un bord F07 de petite urne de forme non déterminée (fig. 88, n° 8). Ces vases peuvent être datés du Bronze Final III, probablement de la phase A. Fig. 88. — Hures-La Parade (Lozère), Rocher Saint-Gervais, céramiques non tournées. Fig. 89. — Hures-La Parade (Lozère), Grotte aé rienne de Sourbettes, coupe de la falaise (1 : grotte aérienne ; 2 : aven) et plan de la grotte aérienne (relevés D. André et coll.). ■25 L5O VESTIGES PROTOHISTORIQUES DANS LES GRANDS CAUSSES 79 Site n° 54 : grotte aérienne de Sourbettes L'entrée circulaire de cette grotte s'ouvre plein sud, dans une falaise haute de 65 m, située au-dessus des maisons du hameau abandonné de Sourbettes, sur le versant du Causse Méjean. Elle est à 12,5 m au-dessous du rebord supérieur de la paroi rocheuse (fig. 89). C'est un couloir très étroit de 0,5 m à 0,8 m de large à peu près horizontal, et de 35 m de développement. Au fond, une étroiture permet la jonction avec l'aven du même nom. Dans les cuvettes du sol rocheux une sédimentation pelliculaire masquait mal les traces d'une fréquentation humaine remontant au Bronze Final. Parmi des résidus de combustion, gisaient des débris de plusieurs vases déplacés par de rares visites spéléologiques. La faune, curieusement représentée par des phalanges d'équidés, a dû être introduite par des rapaces. Vu l'accès peu commode de cette cavité (actuellement, descente de 12,5 m en plein vide) on comprend mal la motivation qui a poussé les gens du Bronze Final à l'utiliser : sépulture comme semble l'indiquer la découverte de deux phalanges humaines ? ou sanctuaire ? Le mobilier recueilli par D. André, J.-Y. Boutin, G. Fages et J.-L. Pinna est conservé au Dépôt archéologique de La Canourgue. — Bibliographie : le mobilier est inédit mais la grotte a été signalée dans Spéléo-Club des Causses, Spéléo Causse Méjean, t. 1, 1982, p. 280. — Description du mobilier : — A) Une jatte carénée à col tronconique et bord éversé D01 (fig. 90, n° 1) ; une cannelure orne le méplat que forme le bord vers l'intérieur du vase ; l'extérieur est décoré de deux groupes de deux sillons jointifs horizontaux, l'un au contact col-panse, l'autre au-dessus de la carène adoucie. Ces décors sont tracés dans la pâte humide. Les surfaces sont polies. — B) des urnes biconiques à col bas divergent (fig. 90, nos 2 à 4, 8 et 17). Les bords sont simples : D01 (fig. 90, nos 2 et 3). Deux types de décor sont attestés : des cannelures horizontales sur la partie supérieure de la panse (fig. 90, nos 2 et 8), un cordon impressionné au niveau du diamètre maximum de la panse (fig. 90, n° 17). Les surfaces extérieures offrent le plus souvent un lissage ébauché, plus rarement un lissage fini. — C) une coupe tronconique à lèvre épaissie biseautée vers l'intérieur (fig. 90, n° 5), bord D14, décor de méplats jointifs couvrant toute la surface intérieure de la vasque ; aménagement des surfaces : polissage à l'intérieur, lissage ébauché à l'extérieur. — D) une coupe tronconique à bord simple D04 (fig. 90, n° 9) ; aménagement des surfaces : lissage fini à l'intérieur, état brut (brossage) à l'extérieur. — E) coupes arrondies convexes à bord divergent E08 (fig. 90, nos 6 et 10). La surface intérieure est soit polie, soit lissée avec soin ; la surface extérieure laissée brute de finition. — F) une coupe arrondie convexe à bord convergent 105 munie d'une anse verticale en ruban (fig. 90, n° 7), raccordée à la paroi par étalement ; surfaces présentant un lissage fini. — G) fonds : un fond 12 A (fig. 90, n° 14), un fond 13 A (fig. 90, n° 15), un fond 21 A (fig. 90, n° 1 1), un fond 22 A (fig. 90, n° 16) et deux fonds 21/22/23 A (fig. 90, n°* 12 et 13). L'ensemble de ce lot peut être daté du Bronze Final II. 9H "10 11 0 «10 "%^15"^"K— H16 ~ 12 w 13 /0cm \^^ Fig. 90. — Hures-La Parade (Lozère), Grotte aérienne de Sourbettes, céramiques non tournées. 17 80 G. COSTANTINI, B. DEDET, G. FAGES ET A. VERNHET 5.8. Commune de La Malène Site n° 55 : Abri-grotte de Cuer-Fatchi Sur la bordure du Causse Méjean qui surplombe le village de La Malène, la cote 906 est ceinturée par une muraille en pierres sèches de l'Age du Fer. Au nord-est de cette enceinte, en pied de falaise, se trouve un vaste abri en arc de cercle, largement ouvert sur la vallée du Tarn (40 x 6 m). Près d'un mur transversal, F. Boulot a découvert un foyer dans une cuvette partiellement creusée dans le plancher rocheux. Cet aménagement récent contient des tessons vernissés modernes, des fragments de tegulae gallo-romaines, des tessons de l'Age du Fer et de rares documents de l'Age du Bronze Final. L'abri a dû servir d'habitat occasionnel. — Bibliographie : G. Fages, Quelques cavités préhistoriques et protohistoriques de la vallée du Tarn, Lozère, dans Revue du Gévaudan, 4, 1981, p. 28. — Mobilier du Bronze Final : — un col bas divergent d'urne, bord D01 (fig. 91, n° 1), surface polie à l'extérieur, à lissage ébauché à l'intérieur ; — un fragment de panse d'urne décoré de coups incisés obliques groupés par faisceaux de sens alterné surmontant une ligne incisée largement, horizontale (fig. 91, n° 2) ; surfaces lissées ; — un fragment de coupe tronconique, bord El 4, surface intérieure polie et aménagée en méplats, surface extérieure non aménagée (fig. 91, n° 3). Ces tessons ne peuvent être datés avec précision à l'intérieur du Bronze Final. _j10 cm Fig. 91. — La Malène (Lozère), Abri-grotte de Cuer-Fatchi, céramiques non tournées. 5.9. Commune de Laval-du-Tarn Site n° 56 : Aven de Baume-Brune Sur la partie supérieure du versant droit de la vallée du Tarn (causse de Sauveterre), à 600 m de Cabrunas, l'Aven de Baume-Brune a une entrée fort étroite, partiellement obstruée par un éboulis, qui conduit à l'intersection de deux galeries disposées en croix. Le développement total est de 30 m environ. Vers 1959, le Dr. Charles Morel a découvert en surface, principalement dans la partie est de la cavité, du mobilier protohistorique protégé par des dépôts carbonates. L'absence de foyers et de documents ostéologiques pourrait faire penser que la cavité avait une fonction de réserve. Le mobilier est conservé au Musée de Mende. — Bibliographie : Le matériel est sommairement décrit dans : Ch. Morel, Les disques en terre cuite de l'aven de Baume-Brune, (causse de Sauveterre, Lozère), dans B.S.P.F., 56, 1959, p. 625. — Mobilier du Bronze Final : — grand vase à provision partiellement reconstituable ; bord et col manquent, départ de col divergent et contact col-panse anguleux ; panse haute à carène adoucie, fond légèrement creux 21 B ; la partie supérieure de la panse est ornée de trois cannelures horizontales jointives surmontant des cannelures obliques, larges, qui cessent au niveau de la carène ; ces cannelures sont peu appuyées ; les surfaces extérieures sont soigneusement lissées ; l'intérieur, moins bien fini, laisse voir les traces du colombin ; la teinte dominante est marron avec des coups de feu noirs ; le dégraissant est formé de calcite ; la hauteur de la panse peut être estimée à 75 cm environ (fig. 92, n° 1) ; — grande urne à col divergent bas à profil arrondi concave, bord déversé à lèvre C01-C03, panse globuleuse à carène adoucie ornée de deux mamelons ; surfaces : lissage fini à l'extérieur, lissage ébauché à l'intérieur laissant voir les traces du colombin ; teinte marron dominante, avec zones plus sombres ; dégraissant : calcite essentiellement et quelques rares inclusions ferrugineuses (fig. 92, n° 2). Ces deux récipients sont bien datables du Bronze Final II. VESTIGES PROTOHISTORIQUES DANS LES GRANDS CAUSSES 81 Fig. 92. — Laval-du-Tarn (Lozère), Aven de Baume-Brune, céramiques non tournées. 5.10. Commune de Meyrueis Site n° 57 : Grotte de la Baume des Aubrets Dans le « ravin des échos », qui descend du causse Noir vers la Jonte, la Baume des Aubrets est située à moins de 500 m de la grotte aménagée de Dargilan. Son entrée est vaste et haute ; précédée d'un couloir à ciel ouvert, elle est barrée par un mur de refend en pierre sèche. Une salle de 30 x 8 m se termine par deux cheminées bouchées par des remplissages concrétionnés. D. André a ramassé en surface quelques tessons. La cavité a pu servir d'habitat à la fin de l'Age du Bronze et à l'Age du Fer, mais une fréquentation plus récente a sans doute perturbé les vestiges antérieurs. — Bibliographie : Spéléo-Club des Causses, Spéléo Causse Noir, III, 1980, p. 64 (le mobilier est inédit). — Mobilier : — un bord de coupe tronconique D02 (fig. 93, n° 17) ; polissage sur la surface extérieure ; lissage ébauché sur la surface intérieure. La datation ne peut être précisée entre le Bronze Final et le Premier Age du Fer. Site n° 58 : station du Moulin de Capélan Dans le talus supérieur de la route de Meyrueis au Rozier, 500 m en aval du Moulin de Capélan, cette station a été repérée par J.-Y Boutin après un élargissement de la route. Sur une dizaine de mètres de longueur, on voit un niveau sombre 5 10 cm 6 55 10 11 12 ATi3 ^u 15 —m W16 Fig. 93. — Meyrueis (Lozère). 1 à 6 : Grotte de Costeguison (ou Meyrueis 1) ; 7 : Grotte de Meyrueis 8 ; 8 : Grotte de Meyrueis 4 ; 9 à 12 : Grotte de Nabrigas ; 13 à 16 : Grotte du Serre del Caylar n° 2 ; 17 : Grotte des Aubrets ; 18 : Grotte de Pauparelle. Céramiques non tournées. G- COSTANTINI, B. DEDET, G. FAGES ET A. VERNHET 82 dans la coupe de l'éboulis encaissant. Ce niveau contient quelques charbons de bois, des esquilles d'os calcinées, et des fragments de céramique entraînés par la pente. Il s'agit d'un petit habitat de vallée, entre la Jonte et le pied de la falaise, à 50 m environ au-dessus de la rivière. Ce mobilier est conservé au Dépôt archéologique de La Canourgue. — Bibliographie : site inédit. — Céramique du Bronze Final : Le mobilier recueilli se compose uniquement de tessons de céramique non tournée, de teinte essentiellement gris-noir ou marron, le plus souvent sombre, incluant un dégraissant presque exclusivement formé de calcite broyée. Ce matériel peut être regroupé en plusieurs formes : — A) des urnes biconiques à col bas divergent (fig. 94, nos 1 à 7). Le profil du col peut être rectiligne (n° 3), ou légèrement convexe (nos 1 et 2) ; le bord est soit simple : D01/D09 (n° 3) ou biseauté vers l'intérieur : D05 (nos 1 et 2). Le décor comprend des méplats (n° 5) ou des cannelures (n° 6) sur la partie supérieure de la panse, ou un cordon horizontal à impressions ovalaires au contact col-panse (n° 7). Les surfaces extérieures présentent soit un lissage fini, soit un lissage ébauché. — B) des vases à embouchure resserrée, bords H05 (n° 8) ou G04 (nos 9 et 10). Les surfaces sont soigneusement lissées. — C) une coupe tronconique à bord facetté C17 (n° 11). Elle est décorée à l'extérieur de deux groupes de doubles traits horizontaux, incisés avant séchage ; les surfaces sont lissées avec soin. — D) des coupes tronconiques à lèvre épaissie, biseautée vers l'intérieur (nos 12 à 15) ; bords E08 (nos 12 et 13) ; panses ornées à l'intérieur de larges méplats (nos 14 et 15). Tandis que les surfaces extérieures sont laissées brutes ou n'ont été que sommairement lissées, les surfaces intérieures présentent un lissage fini. — E) coupes arrondies convexes à bord divergent E04 (nos 16 et 17) ; les surfaces intérieures sont lissées ; les surfaces extérieures sont lissées ou polies ; — F) coupes arrondies convexes à bord convergent 101/105 (n° 18) ou 105 (n° 19), l'une d'elles est décorée à l'extérieur de cannelures horizontales jointives (n° 19) ; aménagement des surfaces : état n° 3 ou 1 à l'intérieur, état n° 2 ou 1 à l'extérieur. — G) un fond 12B d'urne (n° 20). Cet ensemble paraît homogène et doit être rapporté au Bronze Final II. V12 12 \ \3 Fig. 94. — Meyrueis (Lozère), Moulin du Capélan, céramiques non tournées. Site n° 59 : Grotte de la Chèvre A quelques kilomètres en aval de Meyrueis, sur la rive droite de la Jonte, la grotte de la Chèvre se trouve à mi-pente du versant sud du causse Méjean. Depuis une petite terrasse extérieure, un vaste couloir donne accès à un réseau de 328 m de développement (fig. 95). Le couloir d'accès et une première salle ont servi d'habitat depuis le Néolithique moyen. On note des sépultures de l'Age du Cuivre dans le réseau supérieur et des dépôts gallo-romains dans les gours d'une seconde salle. Des ramassages récents, après de multiples fouilles anarchiques, montrent une fréquentation assez intense de la cavité à l'Age du Bronze Final IL Du mobilier de la grotte de la Chèvre est conservé aux musées de Mende, de Rodez, de Millau, de Toulouse (Muséum d'Hist. Naturelle) et au Dépôt archéologique de La Canourgue. — Bibliographie : gisement signalé par J. Maury, Les étapes du peuplement sur les Grands Causses, Millau, 1967, p. 147 ; J.-L. Roudil, Informations archéologiques, dans Gallia-Préhistoire, 19, 1976, 2, p. 579 ; Spéléo-Club des Causses, Spéléo Causse Méjean, 1, 1982, p. 172. — Description du mobilier du Bronze Final : La céramique, non tournée exclusivement, de teinte dominante gris-noir et plus rarement marron sombre, incluant un dégraissant essentiellement composé de calcite broyée, comprend plusieurs formes de vases inégalement représentées. VESTIGES PROTOHISTORIQUES DANS LES GRANDS CAUSSES 83 Fie 95. — Meyrueis (Lozère), Grotte de la Chèvre, plan (relevé S.C.C.). A) Jattes carénées à col tronconique et bord éversé présentant un ou deux méplats vers l'intérieur (fig. 96, n° 1 à 17). Les formes de bord attestées sont D01 (fig. 96, n° 3), D04 (fig. 96, n° 5 et 6), Dl 1 (fig. 96, n° 2 et 4) et Dl 1/D19 (fig. 96, n° 1). La carène est simple (fig. 1, n° 1, 2, 7, 11, 12, 15, 17) ou forme un ressaut (fig. 96, n° 3, 4, 13, 14, 15). Le décor affecte la moitié des exemplaires. Il se situe en deux endroits, à l'intérieur sur le méplat du bord et/ou à l'extérieur sur le col. Dans le premier cas il consiste en une cannelure (fig. 96, n° 1 et 2). Dans le second cas, il s'agit soit de deux cannelures horizontales groupées surmontant la carène (fig. 96, n° 1, 2 et 7), soit de deux cannelures séparées, l'une sous le bord, l'autre juste au-dessus de la carène (fig. 96, n° 12, 15 et 18). La surface extérieure est polie ou plus rarement lissée avec soin ; la surface intérieure est le plus souvent lissée avec soin ou plus rarement grossièrement lissée, mais d'une façon générale celle-ci est moins bien soignée que celle-là. B) Une tasse carénée, à bord simple ornée d'un méplat au-dessus de la carène (fig. 96, n° 20). Les surfaces sont grossièrement lissées. C) Coupes arrondies convexes à bord convergent biseauté vers l'intérieur (fig. 96, n° 23 et 25). Les bords sont de forme 105 (fig. 96, n° 23) au 105/104 (fig. 96, n° 25). Le décor se trouve soit à l'intérieur sur le dessus du bord (une cannelure, fig. 96, n° 23), soit à l'extérieur sur le haut de la panse (groupes de deux lignes horizontales incisées avant séchage (fig. 96, n° 23), ou deux cannelures horizontales (fig. 96, n° 25). Les surfaces extérieures sont polies, les surfaces intérieures lissées avec soin. D) Une coupe carénée à bord parallèle biseauté vers l'intérieur (fig. 96, n° 24) ; bord F08 ; décor de trois cannelures horizontales à l'extérieur au-dessus de la carène ; surfaces extérieure et intérieure polies. E) Coupes tronconiques à lèvre épaissie biseautée vers l'intérieur (fig. 96, n° 26 à 31) : bords D08 (fig. 96, n° 26 et 28) ou D17 (fig. 96, n° 29) ; la panse est souvent ornée à l'intérieur de larges méplats horizontaux (fig. 96, n° 26, 27, 30 et 31) ; l'aménagement des surfaces est plus soigné à l'intérieur (polissage ou lissage fini) qu'à l'extérieur (lissage ébauché ou simple brossage). F) Urnes biconiques à col divergent (fig. 96, n° 22, 32 à 42 et 46). Les cols ont un profil soit rectiligne (fig. 96, n° 22, 32, 33, 37 et 39), soit légèrement convexe (fig. 96, n° 34, 35, 38 et 42). Les bords sont soit simples : D01 (fig. 96, n° 46), D01/D09 (fig. 96, n° 22), D02 (n° 41) ; soit à deux méplats : D15 (n° 34) ; soit à un méplat : D05 (n° 32, 35, 37, 38), D08 (n° 33, 39 et 42), DU (n° 40). Deux exemplaires seulement sont suffisamment conservés pour que l'on puisse discerner la forme de la panse : panse à profil arrondi (n° 46) ou à carène adoucie (n° 22). Ces vases peuvent être non décorés (n° 46) ou porter un décor en deux endroits : sur le dessus de la lèvre (impressions circulaires grossières, n° 42) ou à l'extérieur sur la partie supérieure de la panse (cannelures horizontales, n° 22). Les uns, environ la moitié, ont une surface polie ou soigneusement lissée ; les autres présentent un lissage rudimentaire. G) Une urne à col divergent, sans doute haut, et bord à méplats C14 (fig. 96, n° 36) ; surface polie. H) Un vase à embouchure resserrée, bord G04, décoré à l'extérieur d'une cannelure et de deux traits horizontaux incisés avant séchage (fig. 96, n° 21) ; surface polie. I) Un gobelet à panse arrondie peu galbée et col très bas divergent à bord C01 (fig. 96, n° 19). J) Fragments décorés d'urnes dont on ne peut déterminer exactement la forme : quatre techniques sont employées : • cannelures horizontales, seules (n° 48), ou associées à des impressions ovalaires (n° 47) ou en arc de cercle (n° 53), sur la partie supérieure de la panse, G. COSTANTINI, B. DEDET, G. FAGES ET A. VERNHET 84 i :f __| % 7 8 -9 f10 11 =™12 13 =( 23 r 4 14*15 N10 cm ~13 26 71 f 5 r 6 16 17 ~*18 I 19 Tï V ^ *23 32 42 ■ . .' V ■' \<: • '.-■ '.'■■'• ■; ' '■ *32 44 ■■'■"■ ■.:'-■■■ ■■■■•'■'■ -:-:i\ 45 ~mtf ^48 52 49 bis1 1 61 1? 62 63 264 65 57 66 3'567 I58 68 4 69 Fig. 96. — Meyrueis (Lozère), Grotte de la Chèvre, céramiques non tournées. 59 70 9 71 VESTIGES PROTOHISTORIQUES DANS LES GRANDS CAUSSES 85 • une rangée horizontale de coups incisés obliques (n° 54 et 55), verticaux (n° 51), ou en double ligne brisée (n° 49) sur le diamètre maximum de la panse, • une rangée horizontale d'impressions circulaires (n° 50), pyramidales (n° 52) ou ovalaires (n° 45 et 57), • incisions fines, horizontales et verticales, en trait double, tracées avant séchage (n° 56, 58 et 59). K) Fonds : fonds plats : 11A (n°63 et 64), 12A (n° 62), fonds creux : 21A (n°67), 22B (n°65), 23A (n° 70), et indéterminables (n° 68 et 69) ; pieds bas de type 41, 42 et 43 C (n° 61 et 71). La grotte de la Chèvre présente un lot de vases, semble-t-il homogène, datable du Bronze Final II. Site n° 60 : Grotte de Costeguison (ou des Très Berbaous, ou de Meyrueis 1) Sur le flanc sud du Causse Méjean, rive droite de la Jonte, entre Meyrueis et les grottes de Nabrigas, des falaises en escalier cachent, à mi-pente un ensemble de petites cavités communiquant plus ou moins entre elles. La plus importante, connue parfois sous le nom de grotte des Très Berbaous ou de Meyrueis 1 est suffisamment spacieuse pour avoir servi d'habitat ou d'ossuaire depuis le Néolithique moyen. Une cascade de gours contenait de nombreuses offrandes du Ier s. avant J.-C. et de la période gallo-romaine : la grotte est alors un sanctuaire du type de celui de Sargel (Saint-Rome de Cernon, Aveyron). Des fouilles et des ramassages divers ont vidé la grotte de son contenu archéologique. Les fouilleurs connus sont H. Poujol et l'abbé Cérès (1864-1865), le Dr Morel et son équipe (vers 1958), A. Soutou et A. Vernhet (1966). Le mobilier conservé est au musée de Millau. Quelques céramiques de l'Age du Bronze Final ne permettent pas de connaître le type d'occupation de la grotte à cette époque. Est-ce encore un simple habitat ? La cavité a-t-elle déjà l'affectation cultuelle qu'on lui attribue à partir de la fin de l'Age du Fer ? — Bibliographie : gisement signalé par G. Barruol, Informations archéologiques, dans Gallia, 27, 1969, p. 415 ; Spéléo-Club des Causses, Spéléo Causse Méjean, I, 1982, p. 231. — Description du mobilier du Bronze Final : Parmi le petit lot de céramique, uniquement des vases non tournés, provenant de cette cavité, on trouve : — Deux coupes tronconiques à bord biseauté vers l'intérieur D05 (fig. 93, n° 1) ou E05 (fig. 93, n° 2) ; l'une d'elles est ornée à l'intérieur de la vasque de larges méplats. — Quatre fonds : 61/62/63C (fig. 93, n° 3) ; 1 1 A (fig. 93, n° 4) ; 23 A (fig. 93, n° 5) et 23C (fig. 93, n° 6). La datation de ce matériel ne peut être précisée au Bronze Final II ou III. Site n° 61 : Grotte de Meyrueis 4 La grotte de Meyrueis 4 se situe à 14 m au nord-ouest de la grotte de Costeguison (= Meyrueis 1). Dans une petite anfractuosité de l'entrée, un tesson marquait la continuité de l'occupation du site à l'Age du Bronze Final. — Bibliographie : grotte signalée dans Spéléo-Club des Causses, Spéléo Causse Méjean, I, 1982, p. 238. — Description du mobilier : Un fragment de panse d'urne non tournée, polie à l'extérieur et décorée de cannelures horizontales (fig. 93, n° 8). Datation imprécise dans le Bronze Final. Site n° 62 : Grotte de Meyrueis 8 Un peu à l'ouest du groupe principal des Grottes de Meyrueis, se trouve un porche de 5 m d'ouverture donnant accès à une galerie d'une cinquantaine de mètres. Le sol, remué par des grattages clandestins, a livré quelques traces d'un habitat protohistorique. — Bibliographie : grotte signalée dans Spéléo-Club des Causses, Spéléo Causse Méjean, 1, 1982, p. 239-240. — Description du mobilier : De cette grotte provient un bord de coupe tronconique à bord biseauté vers l'intérieur de forme D14 (fig. 93, n° 7) ; la surface intérieure est polie, tandis que la surface extérieure présente un lissage sommairement ébauché. La datation de ce tesson est imprécise entre le Bronze Final II et le Premier Age du Fer. Site n° 63 : Tumulus de Frépestel Dans la collection Ph. de Nogaret, conservée au Musée de Millau, figure un scalptorium dont l'étiquette porte la mention suivante « fibule en bronze Tr dans un tumulus de Frépestel avril 1902 les F... ». Il existe près de la ferme de 86 G. COSTANTINI, B. DEDET, G. FAGES ET A. VERNHET Frépestel qui se situe sur le rebord méridional du Causse Méjean, un peu en amont de Meyrueis, plusieurs tertres funéraires de forme circulaire, parfois assez importants, voisinant avec de nombreuses petites sépultures mégalithiques. Presque tous présentent un puits central, indice d'une ancienne fouille. — Bibliographie : inédit. — Description du mobilier : Scalptorium en bronze ; tête en anneau formé par la tige enroulée ; extrémité opposée bifide ; tige de section quadrangulaire plate ; longueur : 7,5 mm (fig. 97). C'est un objet typique du Premier Age du Fer (62). 0 \J Fig. 97. — Meyrueis (Lozère), Tumulus de Frépestel, scalptorium en bronze. Site n° 64 : Grotte des Maïsses ou grotte-ossuaire de la Jonte 1, ou de Dargilan En bordure nord du Causse Noir, entre Sérigas et Dargilan, dans le haut des corniches dolomitiques qui dominent les gorges de la Jonte, la grotte des Maïsses est une simple poche de 13 m de longueur sur 2 à 4 m de large. Axée nord-sud, elle possède trois entrées sur cassure ; l'entrée supérieure, qui est l'accès le plus facile, nécessite une descente en opposition de 7 m. Découverte en 1973 par D. André, cette cavité lui livra les restes d'au moins dix-huit individus attribuables au Néolithique Final ou au Chalcolithique. Des tessons de vases montrent curieusement une longue fréquentation du site à l'Age du Bronze Final, à l'Age du Fer et aux époques historiques. Un sondage réalisé en 1983 par Gilbert Fages a montré une fréquentation du Néolithique moyen. Pour la période du Bronze Final, il est difficile de préciser le type d'utilisation de la grotte : sépulture, cachette ou refuge ? La difficulté d'accès exclut l'hypothèse d'un habitat permanent. L'ensemble du mobilier est conservé au Dépôt archéologique de La Canourgue. — Bibliographie : Spéléo-Club des Causses, Spéléo Causse Noir, 3, 1980, p. 91 (le mobilier est inédit). — Description du mobilier : Le mobilier est uniquement composé de céramiques non tournées à pâte sombre (gris-noir à marron), et dégraissant de calcite et de calcaire mélangés. Les pièces lés plus caractéristiques sont : — une petite urne à fond plat, seule subsiste la panse, à profil arrondi, décorée de trois cannelures horizontales, jointives, placées au-dessus du diamètre maximum ; les surfaces présentent un lissage fini (fig. 98, n° 1) ; (62) A. Soutou, Les scalptoriums hallstattiens du sud-ouest de la France, dans BSPF, 56, 1959, p. 121-128. VESTIGES PROTOHISTORIQUES DANS LES GRANDS CAUSSES 87 '•■ \ /1 Fig. 98. — Meyrueis (Lozère), Grotte des Maïsses, céramiques non tournées. — un bord F04 d'urne grossière, ornée au contact col-panse d'un cordon horizontal impressionné au doigt ; le lissage des surfaces n'est qu'ébauché (fig. 98, n° 2) ; — un fragment de panse carénée d'urne grossière décorée de deux rangées horizontales d'impressions circulaires, les surfaces montrent un lissage ébauché (l'orientation du tesson, haut-bas, n'est pas déterminable) (fig. 98, n° 3) ; — un fond 1 1 A de petite urne, surfaces brutes (fig. 98, n° 4). Ce lot de vases est datable du Bronze Final II. Site n° 65 : Grotte de Nabrigas En bordure sud du Causse Méjean, sur le flanc droit du ravin de la Barelle (fig. 99), la grotte de Nabrigas s'ouvre à trente mètres du rebord des falaises qui dominent la Jonte. La cavité est célèbre, depuis les explorations d'E.A. Martel (xixe s.), pour sa faune quaternaire. L'entrée a dû servir d'habitat tout au long de la Préhistoire et de la Protohistoire, mais les aménagements ultérieurs (bergerie temporaire jusqu'à l'époque actuelle) ont détruit les couches archéologiques. Dans les galeries bouleversées par les chercheurs de canines ou de crânes d'ursus spelaeus, quelques tessons attestent une occupation de l'Age du Bronze Final ou de l'Age du Fer. Une galerie humide et calcitée conserve encore les traces d'un foyer sans doute un peu plus récent. — Bibliographie : Spéléo-Club des Causses, Spéléo Causse Méjean, 1, 1982, p. 247 (mobilier inédit). Fig. 99. — Meyrueis (Lozère), Grotte de Nabrigas, plan (relevé S.C.C.). 88 G. COSTANTINI, B. DEDET, G. FAGES ET A. VERNHET — Description du mobilier : — coupe tronconique à bord biseauté vers l'intérieur E05 (fig. 93, n° 9) ; état de surface n° 3 à l'intérieur et n° 5 (brossage uniquement) à l'extérieur ; — coupe tronconique à bord méplate vers l'intérieur D18 (fig. 93, n° 10), décoré d'une cannelure horizontale sur le méplat ; surface plus soigneusement lissée à l'intérieur qu'à l'extérieur (état n° 2) ; — fragment de petit vase grossier à panse à carène adoucie, état d'aménagement des surfaces : n° 3 (fig. 93, n° 11). — fond creux (22 A) de coupe (fig. 93, n° 12) ; polissage à l'extérieur ; lissage ébauché à l'intérieur. Ces documents peuvent se rapporter aussi bien au Bronze Final II qu'au Bronze Final III. Site n° 66 : Grotte de Pauparelle En bordure sud du Causse Méjean, légèrement en amont du hameau de Pauparelle, de hautes falaises dominent la vallée de la Jonte. Dans la paroi rocheuse, une anfractuosité béante témoigne d'un réseau souterrain démantelé par des éboulements lors de l'élargissement de la vallée. Dans un recoin, sur un remplissage de cailloutis argileux, subsistaient quelques décimètres cubes d'un niveau sombre, charbonneux, contenant un peu de faune, deux ou trois tessons de l'Age du Cuivre et un tesson datable de l'Age du Bronze Final ou de l'Age du Fer. Le site, aujourd'hui épuisé, a été exploré par G. Fages en 1969 et 1974. — Bibliographie : Gisement archéologique inédit. — Description du mobilier : — bord E04 de coupe arrondie convexe, présentant un lissage fini sur les deux faces (fig. 93, n° 18). La datation est impossible à préciser à l'intérieur du Bronze Final et de l'Age du Fer. Site n° 67 : Grotte du Serre del Caylar n° 2 En rive gauche de la vallée de la Jonte, sur le versant nord du Causse Noir, la grotte n° 2 du Serre del Caylar est un simple couloir concrétionné de 20 m de longueur, assez haut dans sa première partie et allant en s'amenuisant vers le fond où la cavité finit par être complètement obstruée par les concrétions. Un ramassage de surface, réalisé par Daniel André, a fourni des tessons datables de l'Age du Cuivre à l'Age du Fer. Le gisement paraît avoir été bouleversé au moins partiellement par des terriers. Il peut s'agir d'un petit habitat, limité par l'étroitesse de la grotte. Aucun ossement humain n'a été rencontré. — Bibliographie : Spéléo-Club des Causses, Spéléo Causse Noir, 3, 1980, p. 100 (mobilier inédit). — Description du mobilier : — deux coupes tronconiques à bord biseauté vers l'intérieur D08 (fig. 93, n° 13 et 15), dont une décorée de méplats à l'intérieur de la vasque. Les surfaces intérieures sont mieux aménagées (polissage ou lissage fini) que les surfaces extérieures (brossage ou lissage fini) ; — un bord de coupe arrondi convexe à bord divergent E04 (fig. 93, n° 14), lissage ébauché sur les deux faces ; — un tesson de partie supérieure de panse d'urne décoré de méplats (fig. 93, n° 16) ; état des surfaces : n° 2 à l'extérieur ; n° 3 à l'intérieur. Ces documents ne peuvent être datés avec précision à l'intérieur du Bronze Final et du Premier Age du Fer. 5.11. Commune de Prades Site n° 68 : Coffre de la Téoulière à Vallongue En plein Causse Méjean, le coffre de la Téoulière se trouve sur une crête, en bordure nord de la route actuelle de Vallongue au Mas-Saint-Chély. Il s'agit d'un coffre mégalithique à chambre rectangulaire, close sur les quatre côtés, noyée au centre d'un tumulus circulaire fait de pierraille locale. Le monument fut sans doute édifié vers la fin de l'Age du Cuivre et couramment utilisé jusqu'au Bronze Ancien (inhumations multiples). A l'Age du Bronze Final, il est réutilisé pour abriter une sépulture à incinération dans l'ancienne chambre funéraire. Le tertre n'a pas été fouillé mais simplement sondé par G. Fages. — Bibliographie : G. Costantini et G. Fages, Le coffre de Vallongue, Prades, Lozère, dans B.S.P.F., 68, 1971, p. 430-439. — Mobilier du Bronze Final : Le lot des documents les plus récents, datables du Bronze Final II, livrés par les fouilles de sauvetage du coffre de la Téoulière, anciennement vidé, comprend : VESTIGES PROTOHISTORIQUES DANS LES GRANDS CAUSSES 89 — une petite urne non tournée à panse à profil arrondi très galbée, col divergent et fond creux (10 tessons mais la partie supérieure du col et le bord manquent) (fig. 100, n° 1). Ce vase est décoré de fines cannelures très peu profondes tracées avant séchage : trois cannelures horizontales au contact col-panse, des groupes de cinq à sept segments de cannelures verticales sur la partie supérieure de la panse. La surface extérieure est soigneusement lissée ; la surface intérieure présente un lissage ébauché ; — un bord faceté Cil d'urne à col divergent (fig. 100, n° 2) ; — une trentaine de fragments très érodés d'une urne à panse à profil arrondi, au contact col-panse souligné par une cannelure horizontale de largeur et profondeur variables (fig. 100, n° 3) ; — un fragment de panse de vase avec départ d'anse (fig. 100, n° 4). Fig. 100. — Prades (Lozère), Vallongue, coffre de la Téoulière, céramiques non tournées. Tous ces tessons incluent un dégraissant de calcite. Les couleurs des surfaces varient selon les exemplaires du noir au grisâtre et au rougeâtre. Il est possible par ailleurs que se rattachent à la même période d'utilisation (ou de réutilisation) de cette sépulture les objets suivants, dont l'usage est attesté durant toute la durée de l'Age du Bronze : — une pointe de flèche en os, à pédoncule et ailerons (fig. 101, n° 1), — une pointe de flèche en bronze, à pédoncule et ailerons (fig. 101, n° 2), — deux anneaux fragmentaires en bronze, à section lenticulaire (fig. 101, n° 3), ou ronde (fig. 101, n° 5), — un fragment de fil de bronze recourbé appartenant peut-être à un anneau en spirale (fig. 101, n° 4). 1 3cm Fig. 101. — Prades (Lozère), Vallongue, coffre de la Téoulière, mobilier en os (1) et en bronze (2 à 5). 90 G. COSTANTINI, B. DEDET, G. FAGES ET A. VERNHET 5.12. Commune de Saint-Georges de Lévéjac Site n° 69 : Grottes des Baumes Chaudes Sur le versant sud du Causse de Sauveterre, dans les gorges du Tarn juste au-dessous du Point-Sublime, les grottes des Baumes Chaudes se trouvent dans un vaste cirque boisé. D'aval en amont on distingue trois cavités : — une galerie sépulcrale fouillée par le Dr Prunières au xixe siècle, — un tunnel ayant servi d'habitat, fouillé par les Dr Prunières et Gajac, — une grotte-aven fouillée par le Dr Prunières. Les vestiges les plus abondants de ce site remarquable mais aujourd'hui dilapidé, remontent au Néolithique et à l'Age du Cuivre. Quelques tessons dédaignés par les fouilleurs antérieurs dans le tunnel et dans les galeries de la grotte-aven, attestent une fréquentation des lieux à l'Age du Bronze Final et à l'Age du Fer (ramassages Gilbert Fages). Il faut signaler l'existence d'une nappe d'eau au fond de la grotte-aven. Un habitat est possible, sans grande preuve apparente. — Bibliographie : Gisement signalé dans : Dr Prunières, Blessures et fractures graves régulièrement guéries sur des os humains de l'époque préhistorique, dans A.F.A.S., 1882, p. 824 ; E.A. Martel, Les Causses Majeurs, Millau, 1936 ; J. Arnal, Esquisse du Néolithique lozérien, dans Revue du Gévaudan, 1953, p. 363 ; J. Maury, Les étapes du peuplement sur les Grands Causses, Millau, 1967, p. 150 ; A. Soutou, Provenance des objets de la collection Prunières, dans B.S.P.F., 53, 1956, p. 157. — Description des documents : — partie supérieure d'urne grossière carénée, à col légèrement divergent ; bord C07 décoré sur le dessus de la lèvre d'impressions ; une rangée horizontale d'impressions grossièrement circulaires orne également la carène. Les surfaces présentent un lissage ébauché (fig. 102, n° 1) ; — fragment de panse d'urne grossière carénée, décoré d'une rangée horizontale de coups incisés obliques placés sur la carène (fig. 102, n° 2) ; — fragment de panse de gobelet à panse surbaissée et col divergent, décoré sur la partie supérieure de la panse de deux cannelures et de deux traits incisés avant séchage horizontaux (fig. 102, n° 3) ; surfaces soigneusement lissées ; — bord Cil de coupe arrondi convexe (fig. 102, n° 4), surface intérieure polie, lissage ébauché sur la surface extérieure. Tous ces vases non tournés ont un dégraissant de calcite presque exclusivement. Leur datation peut se placer, mais avec des réserves, au Bronze Final II. 10 cm Fig. 102. — Saint-Georges-de- Lévéjac (Lozère), Grotte des Baumes-Chaudes, céramiques non tournées. 5.13. Commune de Saint-Pierre-des-Tripiers Site n° 70 : Grotte du Baoumas En plein Causse Méjean, la grotte du Baoumas s'ouvre en bordure d'une dépression cultivée, entre le hameau de la Viale et le rebord du plateau. C'est une cavité assez vaste, à laquelle on accède par trois orifices possibles : deux entrées latérales utilisées par les premiers occupants des lieux et une entrée en aven (fig. 103). Des fouilles entreprises par Gilbert VESTIGES PROTOHISTORIQUES DANS LES GRANDS CAUSSES 91 Fig. 103. — Saint-Pierre-des-Tripiers (Lozère), Grotte du Baoumas. Plan : 1 et 2 : entrées latérales ; en pointillé : emplacement des vestiges. Fages depuis 1972 ont révélé une aire d'habitat stratifié (puissance 1,40 m) du Néolithique Final et de l'Age du Cuivre. La couche superficielle, remaniée par des aménagements gallo-romains ou plus récents, a livré quelques documents attribuables aux Ages du Bronze Moyen et Final. A cette dernière période, la grotte a très certainement abrité, pour un bref séjour, un petit groupe humain. L'habitat est possible, mais peu prouvé. — Bibliographie : Le gisement est signalé dans : J. Maury, Les étapes du peuplement sur les Grands Causses, Millau, 1967, p. 146 ; Spéléo-Club des Causses, Spéléo Causse Méjean, 1, 1982, p. 153. — Description des documents : — col bas divergent d'urne, bord D08, surface extérieure non finie (brossage) (fig. 104, n° 7), — fragment de contact col-panse d'urne (fig. 104, n° 8), — fragment de panse de coupe à bord déversé et carène adoucie (fig. 104, n° 9). Ces vases sont datables du Bronze Final II. = 20 un 10 cm Fig. 104. — Saint- Pierre-des Tripiers (Lozère). 1 à 6 : Rocher de Cinglegros ; 7 à 9 : Grotte du Baoumas. Céramiques non tournées. Site n° 71 : Grotte Maurice Le ravin des Bastides descend du Causse Méjean vers les gorges de la Jonte. Dans les falaises supérieures de ce ravin, face au rocher de Saint-Gervais, au pied d'une sorte de cirque rocheux aux parois verticales ou subverticales, la grotte Maurice est une petite cavité descendante, précédée par une terrasse dont la partie antérieure est encombrée de gros blocs réunis par des murs de pierres sèches. La partie terminale est très basse de plafond (fig. 105). A l'Age du Cuivre, le fond G. COSTANTINI, B. DEDET, G. FAGES ET A. VERNHET 92 A Fig. 105. fines hachures — Saint-Pierre-des-Tripiers : foyer chalcolithique ; (Lozère), pointillésGrotte : sépultures Maurice. chalcolithiques A : plan ; B : ; coupe cercles; noirs : tessons du Bronze Final. de la cavité a accueilli les dépouilles d'au moins deux individus. A l'Age du Bronze Final, les tessons d'une jatte ont été dispersés dans l'éboulis de l'entrée. D'autres fragments de céramiques plus récentes marquent une utilisation des lieux jusqu'au Moyen Age. A l'Age du Bronze comme au Moyen Age la grotte n'a dû être qu'un abri temporaire, bien qu'un habitat soit possible sur la terrasse de l'entrée. — Bibliographie : G. Fages, M. Lorblanchet, A. Bonhaure, La grotte Maurice, lieu-dit « Le Signal », Saint-Pierre des Tripiers, Lozère, dans Revue du Gévaudan, 1980, 4, p. 67-73. — Description du mobilier : — six morceaux d'une urne basse, bord Dl 1, col divergent bas et panse surbaissée à profil arrondi (fig. 106). Le décor consiste en deux cannelures horizontales jointives au niveau du diamètre maximum de la panse. Toutes les surfaces sont polies et ont une couleur noire fumigée homogène. En épaisseur, la pâte est marron et renferme un très fin dégraissant de calcite et calcaire mêlés. Ce vase est datable du Bronze Final II ou du Bronze Final III A. 10 cm Fig. 106. — Saint-Pierre-des-Tripiers (Lozère), Grotte Maurice, céramique non tournée. Site n° 72 : Rocher de Cinglegros Le rocher de Cinglegros est un gros monolithe isolé, par l'érosion, de la falaise du Causse Méjean dominant le Tarn. Sur le sommet du bloc, d'accès très difficile par escalade (avant l'aménagement touristique des lieux), plusieurs petites terrasses naturellement protégées par des verticales ont été occupées au Bronze Final III A, d'après les éléments recueillis en surface. La nature du site est difficile à interpréter. Il pourrait s'agir d'un refuge occasionnel, mais l'hypothèse de dépôts de type cultuel (?) ne peut être exclue a priori. Le mobilier analysé ici se trouve au Dépôt archéologique de La Canourgue. — Bibliographie : inédit. — Description du mobilier : — une pendeloque triangulaire en bronze formée d'un anneau à section triangulaire, corps triangulaire ; les deux faces sont lisses ; hauteur : 36 mm (fig. 107) ; — une coupe à bord convergent 104 décorée à l'extérieur sur la partie supérieure de la panse de trois doubles lignes horizontales incisées finement avant séchage (fig. 104, n° 1) ; les surfaces sont soigneusement lissées ; VESTIGES PROTOHISTORIQUES DANS LES GRANDS CAUSSES 0 93 3cm Fig. 107. — Saint- Pierre-des-Tripiers pendeloque en (Lozère), bronze. Rocher de Cinglegros, — un col divergent à profil convexe de petite urne (fig. 104, n° 2) ; bord E05 ; — un bord E08 de coupe arrondie convexe (fig. 104, n° 3) ; — trois fragments de panse d'urnes décorées de cannelures (fig. 104, nos 4 et 5) ou d'impressions quadrangulaires (fig. 104, n° 6). L'ensemble de ce lot présente des teintes sombres gris-noir. Ces tessons incluent un dégraissant de calcite exclusi vement. Ils peuvent être datés du Bronze Final III A. Les pendeloques de ce type sont datées du Bronze Final III et surtout III B (63). 5.14. Sainte-Enimie Site n° 73 : Grotte de la Baume ou du Clauzas Cette cavité se trouve tout près de la ferme de la Baume, en plein causse de Sauveterre, dans la parcelle du Clauzas. La première salle connue de tout temps, grossièrement ovalaire de 30 m sur 20 m, est humide et son sol est constitué par un pierrier descendant. Un diverticule sondé en 1970 par MM. Raffanel et Malaval abrite les restes d'un petit habitat chalcolithique (fig. 108). Depuis lors, des recherches clandestines ont perturbé une grande partie du gisement. Sur les déblais (argile noire), gisaient de maigres vestiges d'une fréquentation (habitat sans doute ?) au Bronze Final. Fig. 108. — Sainte- Enimie (Lozère), Grotte de la Baume ou du Clauzas. Plan (relevé Spéléo-Club de la Lozère) ; en pointillé : gisement préhistorique. (63) F. Audouze, Les ceintures et ornements de l'Age du Bronze en France, dans Gallia Préhistoire, 19, 1976, p. 69-172 et notamment p. 155-165. G. COSTANTINI, B. DEDET, G. FAGES ET A. VERNHET 94 A la fin de 1983 et au début de 1984, une désobstruction effectuée par le Spéléo-Club de la Lozère, au fond de la salle, a permis d'explorer la suite du réseau souterrain. Cette suite a été utilisée comme sépulture au chalcolithique et a été fréquentée au Bronze Final II ou III A. Les témoins de cette dernière époque voisinaient en surface avec un foyer chalcolithique. Ils indiquent un simple passage des hommes du Bronze Final en ces lieux. Mais le but nous échappe : approvisionnement en eau ? sanctuaire ? Le mobilier est conservé au Dépôt archéologique de La Canourgue. — Bibliographie : inédit. — Description du mobilier : — deux tessons d'une coupe tronconique à bord D16 souligné à l'intérieur d'une cannelure horizontale large et profonde ; la vasque est ornée à l'intérieur de larges méplats ; la surface intérieure est polie tandis que l'extérieure est laissée brute ; teinte marron zonée de noir ; dégraissant de calcite broyée (fig. 109, n° 5). De telles coupes sont courantes au Bronze Final II et III A. f Fig. 109. — Sainte-Enimie du Lapin(Lozère). ; 5 : Grotte 1 : Abri de la1 du Baume Ravinoude 1 dula0Clauzas. Fage ; 2 etCéramiques 3 : Dolmen non à10vestibule cmtournées. de Dignas ; 4 : Grotte Site n° 74 : Grotte de Castélos : Sur le versant du Causse Méjean, à 500 m environ au sud des ruines du château de Castélos, à 2 ou 3 m au-dessus du pied de la falaise s'ouvre une petite salle vaguement circulaire d'environ 4 m2. Un cône d'éboulis composé de terre grise pulvérulente et de plaquettes anguleuses, situé sous l'entrée principale, contenait le matériel archéologique. Il est évident que ce dépôt n'est pas en place, il paraît provenir d'un étage supérieur dont le plancher, situé au niveau de l'orifice d'accès, se serait écroulé. Par ailleurs, un soutirage inférieur a fait disparaître la plus grande partie du dépôt. Découverte fortuitement en 1977 par F. Boulot, cette cavité a fait l'objet de travaux de la part de G. Fages. Compte tenu des conditions de gisement, seul le tamisage intégral des sédiments humiques était concevable. Il a permis de recueillir une série homogène de documents du Bronze Final III B (conservée au Dépôt archéologique de La Canourgue). La configuration des lieux excluant toute possibilité d'habitat, ce dépôt pourrait avoir constitué une réserve (de provisions ?). — Bibliographie : G. Fages, Quelques cavités préhistoriques et protohistoriques de la vallée du Tarn, Lozère, dans Revue du Gévaudan, 1981, 4, p. 24-28. — Description du mobilier : La céramique, exclusivement des vases non tournés à dégraissant à base de calcite broyée, comprend les formes suivantes a) quatre types d'urnes, d'après la forme du col et du bord, mais aucun exemplaire ne présente de profil complet. De ce fait panse, fond et décoration ne peuvent être étudiés séparément pour chaque type : • des urnes à col haut divergent à profil rectiligne et bord divergent muni de méplats sur la surface intérieure, de forme C21 (fig. 110, nos 2 et 4), C 14 (fig. 1 10, n° 3) ou Bl 1 (fig. 1 10, n" 5), ou simplement biseauté D04 (fig. 1 10, n° 1) ; • des urnes à col bas divergent à bord arrondi D01 (n° 7) ou aplati D07 (n° 6) ; • une urne à col bas parallèle à bord arrondi FOI (nos 8 et 10) ; • une urne à col convergent et bord déversé à méplats vers l'intérieur Bll (n° 9). Dans tous les cas, le contact col-panse est adouci (nos 11 à 23, 26. 30 et 35) ; la partie supérieure de la panse est fréquemment ornée : • de méplats (nos 11 et 17) ; • de méplats soulignés par une rangée horizontale d'impressions triangulaires (n° 26) ou pyramidales (nos 27 et 28) ; • d'une rangée horizontale de coups incisés (n° 25) ou d'impressions pyramidales (n° 29) ; • de cannelures horizontales plus ou moins fines (nos 23, 24 et 30 à 35). VESTIGES PROTOHISTORIQUES DANS LES GRANDS CAUSSES 28 95 18 95 r 31 32 33=^34 37 41 42 43 44 47 i: y?0,5 f ,n —!,« 48 49 52 50 I 10cm 51 53 56 54 ^ 55 57 Fig. 110. — Sainte-Enimie (Lozère), Grotte de Castélos, céramiques non tournées. G. COSTANTINI, B. DEDET, G. FAGES ET A. VERNHET 96 et 19). Les fonds sont plats ou creux, dans tous les cas à base élargie, de forme 12B (fig. 1 1 1, n° 13) ou 22B (fig. 111, nos 17 Toutes les urnes sont lissées extérieurement et à l'intérieur du col ; leur couleur marron-clair est assez régulière. b) Une forme de gobelet représentée par deux exemplaires incomplets (fig. 110, nos 36 et 37). La panse à carène adoucie s'orne sur la partie supérieure de méplats, de cannelures horizontales, et sur l'arête inférieure d'une de ces dernières, de courts traits incisés obliques. c) Des coupes et des coupelles à carène vive (fig. 110, nos 38 à 43) ou adoucie (fig. 110, n° 44), bords convergents à lèvre simple de forme H01 (fig. 1 10 n°« 38, 39 et 43), G01 (fig. 1 10, n°* 41 et 44), G05 (fig. 1 10, n° 42) ou G09 (fig. 1 10, n° 40), ou bord parallèle de forme F09 (fig. 1 10, n° 50) ; fonds creux de type 23 A (fig. 1 10, nos 38 et 39) ; le décor est exceptionnel : une cannelure horizontale sur la carène (fig. 1 10, n° 41). Ces vases sont le plus souvent soigneusement lissés à l'intérieur et à l'extérieur. d) Une coupelle arrondie convexe à bord convergent de forme 101-105 (fig. 1 10 n° 47) ; deux cannelures horizontales ornent la partie supérieure de la panse à l'extérieur ; les surfaces sont soigneusement lissées. e) Des coupes à carène formant méplat et bord parallèle de type FOI (fig. 110, n°45) ou F04 (fig. 110, nos46, 48 et 49) ; l'une d'elle est décorée à l'extérieur sur l'arête d'un méplat, de courtes incisions obliques (fig. 110, n° 45). Les parois de ces vases sont lissées. f) Des coupes tronconiques à bord déversé à méplats vers l'intérieur ; bords Bl 1 (fig. 1 10, nos 51 et 52), C 29 (fig. 110, n° 53) et Cl 1 (fig. 110, n° 54). Cette forme peut être ornée à l'intérieur de la vasque en deux secteurs : près du fond, d'un groupe de trois à quatre cannelures horizontales (fig. 110, n° 55 à 57) ; l'un des exemplaires porte en outre un motif géométrique (deux losanges opposés ?) disposé radialement, incisé en trait simple dans la pâte humide et rehaussé de matière blanche (fig. 1 10, n° 55) ; sur les méplats du bord, lignes brisées incisées en trait simple dans la pâte sèche (fig. 1 10, n° 51). Aucun fond n'est sûrement attesté pour cette forme. La différence d'aménagement des surfaces est très forte entre l'intérieur (polissage ou lissage fini) et l'extérieur (lissage seulement ébauché ou état brut de finition). g) Des coupes à panse arrondie convexe et bord divergent simple, à lèvre E01 (fig. 1 1 1, nos 2 et 6), E04 (fig. 1 1 1, n° 5), E05 (fig. 1 1 1, n° 1), E07 (fig. 1 1 1, n°« 7 et 8), E08 (fig. 1 1 1, n° 3) et E09 (fig. 1 1 1, n° 4). Un seul exemplaire porte un décor (fig. 1 1 1, n° 1) : trois cannelures rayonnantes à l'intérieur de la vasque. Ces vases, de facture grossière, ne présentent qu'un lissage ébauché. h) Une coupe à panse arrondie convexe et bord parallèle F02 (fig. 111, 10), surfaces polies, i) Un bord D07 (fig. 111, n° 11) de vase de forme non déterminable. j) Des fonds de coupelles, de coupes ou de gobelets 23A (fig. 111, n° 12) 12A (fig. 111, n° 14), 13A (fig. 111, nos 15 et 16) ou 23 A (fig. 111, n° 18). Cet ensemble de documents est caractéristique du Bronze Final IIIB de faciès non mailhacien I. 25,5 2,8 12 10 13 14 -26 15 16 17 18 19 Fig. 111. — Sainte-Enimie (Lozère), Grotte de Castélos, céramiques non tournées. Site n° 75 : Dolmen à vestibule de Dignas Ce dolmen est situé sur le rebord du Causse de Sauveterre dominant Sainte-Enimie. C'est un dolmen à vestibule édifié au centre d'un tumulus circulaire, construit et utilisé au Néolithique Final/Chalcolithique. Il a été fouillé par le docteur VESTIGES PROTOHISTORIQUES DANS LES GRANDS CAUSSES 97 Prunières à la fin du siècle dernier. Sa consolidation en 1977 par G. Fages a permis de découvrir, dans le tumulus derrière la dalle de chevet, des documents du Bronze Final ou du début de l'Age du Fer, conservés au Dépôt archéologique de La Canourgue. — Bibliographie : gisement signalé par G. Fages, Les mégalithes des Causses de la Lozère, leur conservation, dans Bulletin du Centre d'Etudes et de Recherches littéraires et scientifiques de Mende, n° 7, p. 17-29, et notamment p. 18 et 19. — Description du mobilier : — un bord C29 appartenant à une urne à grand col divergent et panse arrondie convexe à profil très galbé (fig. 109, n°2) ; — un tesson de panse d'urne de forme indéterminable, décoré à l'extérieur de traits doubles, horizontaux et verticaux (peut-être élément de méandre), tracés avant séchage (fig. 109, n° 3). Ces documents témoignent d'une réutilisation du dolmen au Bronze Final III B ou au vne siècle. Site n° 76 : Grotte du Lapin à Pougnadoires La grotte du Lapin est un vaste abri situé au pied de la grande falaise du Causse de Sauveterre qui domine les Gorges du Tarn au-dessus du hameau de Pougnadoires. Cette cavité, qui a pu servir d'habitat, a été fréquentée à différentes époques depuis le Néolithique Final comme le montrent les découvertes de surface ; en particulier G. Fages y a découvert un tesson de vase (conservé au Dépôt archéologique de La Canourgue) attestant une utilisation de l'abri au Bronze Final IL — Bibliographie : gisement signalé dans Abbé Costecalde, Grotte du Lapin, nouvelle grotte de Pougnadoires, dans Revue du Gévaudan, 1929, p. 19. — Description du matériel : — un tesson de panse d'urne à carène adoucie, décor de deux cannelures horizontales au-dessus de la carène ; surface extérieure lissée avec soin, dégraissant de cal cite additionné d'un peu de calcaire (fig. 109, n° 4). La datation probable de ce vase est le Bronze Final H. Site n° 77 : Abri 1 du Ravin de la Fage II s'agit d'une simple poche de corrosion de 3 m sur 2 m en pied de falaise à mi-pente du Causse Méjean, un peu en aval de Sainte-Enimie. Transformée en abri de vigneron, l'entrée est actuellement murée (fig. 1 12). Une fouille de sauvetage, effectuée sur ce gisement en 1976 et 1977 par G. Fages, a permis d'établir que la fissure terminale avait servi de tombe à plusieurs individus déposés au Néolithique Final-Chalcolithique. Au sommet du remplissage (couche remaniée), le Bronze Final n'est représenté que par des fragments d'une urne et peut-être par une spirale en fil de bronze (non analysée). Le dépôt de ce vase reste énigmatique : habitat ? sépulture ? (certains ossements trouvés en surface portent des traces d'ustion, peut-être accidentelles, dues aux feux allumés par les viticulteurs). Le mobilier est conservé au Dépôt archéologique de la Canourgue. — Bibliographie : G. Fages : Quelques cavités préhistoriques et protohistoriques de la vallée du Tarn, Lozère, dans Revue du Gévaudan, 1981, 4, p. 13. .1... Fig. 112. — Sainte-Enimie (Lozère), Abri 1 du Ra vin de la Fage, coupe et plan ; cercle noir : emplace ment du vase du Bronze Final. 98 G. COSTANTINI, B. DEDET, G. FAGES ET A. VERNHET — Description du mobilier : — une dizaine de tessons appartenant à une urne à col bas divergent à profil légèrement concave et à panse peu galbée ; bord E01 ; décor de deux doubles traits horizontaux tracés avant séchage à la pointe mousse ; les surfaces sont polies, la pâte de couleur gris très sombre inclut un très fin dégraissant de calcite et de calcaire (fig. 109, n° 1). Ce vase peut être daté du Bronze Final II. 5.15. Commune de Saint-Rome de Dolan Site n° 78 : aven-grotte du Baumas Sur le Causse de Sauveterre, l'aven-grotte du Baumas se trouve à 1 km au sud de Saint-Rome de Dolan et s'ouvre, au point le plus bas d'une grande cuvette (altitude 805 m), par un abri sous roche où s'est installée une bergerie. Au fond de l'abri un boyau conduit après une trentaine de mètres à une petite salle d'où une verticale de quelques mètres permet d'explorer la suite du réseau. Un filet d'eau qui tombe en cascade alimente le siphon terminal. C'est en explorant la verticale qu'en 1968 un jeune spéléologue mendois découvrit, posés entre deux pierres, deux bracelets en bronze du Premier Age du Fer. Peu de temps après, M. -P. Brouillet ramassait au bas de la verticale une perle tubulaire, constituée par une tôle de bronze enroulée, dont la datation est comprise entre le Bronze Moyen et le début du Premier Age du Fer. En l'absence de tout ossement humain et étant données la nature des lieux et la composition du mobilier, il semble que nous ayons affaire à des « dépôts votifs » au Premier Age du Fer, mais peut-être déjà au Bronze Moyen ou au Bronze Final. — Bibliographie : cette cavité est signalée dans : R. de Joly, Campagne 1930. Gouffre du Baumas, dans Bulletin du Club Cévenol, t. VI, nos 1-2, 1930-1936, p. 124-125 ; L. Balsan, Coins perdus des Causses, dans Bulletin du Club Cévenol, t. VI n° 4, 1936, p. 391. — Description du mobilier : — fig. 113 : bracelet plein en bronze, fermé, de section ovalaire, patine vert sombre laissant voir des plages dorées ; coups de lime très nets sur la face intérieure, plutôt anguleuse ; sur la face extérieure décor exécuté à la lime ; diamètre 74 à 76 mm, section large de 7,1 à 7,4 mm et épaisse de 6,5 mm. — fig. 1 14 : bracelet creux, en bronze, formé par une bande de métal emboutie par martelage, raccordée soigneusement et maintenue par deux rivets : décor de fins traits de lime, surfaces réservées en creux ; polissage pour faire disparaître les débords du décor, bords et arête médiane légèrement polis par le frottement ; diamètre 86 à 89,5 mm ; largeur 28,5 à 29,5 mm ; épaisseur du métal 1 mm ; diamètre des rivets : 4 mm. mmmm. 5 cm Fig. 113. — Saint-Rome-de-Dolan (Lozère), Aven-grotte du Baumas, bracelet en bronze. VESTIGES PROTOHISTORIQUES DANS LES GRANDS CAUSSES 99 5cm Fie 114. — Saint- Rome-de-Dolan (Lozère), Aven-grotte du Baumas, bracelet en bronze. Ces deux types de bracelets datent du Premier Age du Fer. Ils sont bien connus tous deux dans les dépôts « launaciens » du Languedoc (64), comme par exemple celui de Launac même et ceux des environs de Montpellier (65), de Carcassonne (66) ou de Rochelongue (67). Les bracelets fermés à jonc plein sont en outre fréquents à même époque dans les tumulus des Garrigues héraultaises (68). 5.16. Commune de Vébron Site n° 79 : Abri du Devès de Galy L'abri du Devès de Galy se situe au sommet du Causse Méjean, à environ 200 m au nord de la ferme de Galy, dans la dolomie ruiniforme sur le versant exposé au sud. Il se compose d'une petite terrasse bordée par un chaos rocheux en avant d'un renfoncement. Vers l'aval, près des parois, on remarque une couche de terre très sombre de 30 à 40 cm d'épaisseur maximum, mais les travaux agricoles récents, les arbustes et les terriers ont bouleversé le gisement. Cl. Marolle a effectué en 1982 une petite fouille sur ce site occupé sporadiquement depuis le Néolithique Moyen (Chasséen). Quelques tessons signalent une fréquentation (habitat ?) des lieux au Bronze Final II. Le matériel est actuellement conservé au domicile du découvreur à Douzy (Ardennes). — Bibliographie : gisement inédit. — Description du mobilier : A) Urnes : — urne basse à col divergent muni d'un bord D04 et panse carénée (fig. 115, n° 1) ; décor d'impressions circulaires sur le dessus de la lèvre ; (64) J. Guilaine, L'Age du Bronze..., p. 356. (65) J. Arnal, J. Peyron et A. Robert, La cachette de fondeur hailstattienne des environs de Montpellier, dans R. E. Lig., 33, 1967 ( = Hommage à F. Benoit, I, 1972), p. 150-160 et notamment p. 156, fig. 3, n° 12. (66) J. Guilaine, Le dépôt de Bronze de Carcassonne, dans RAN, II, 1969, p. 1-28 et notamment pi. 1 1 et 12. (67) A. Bouscaras et C. Hugues, La cargaison des bronzes..., p. 183, fig. 5, n° 6. (68) Cf. J. Vallon, Les tertres funéraires..., pi. 51, n° 356, pi. 52, n° 359, pi. 53, n° 363 et pi. 56, n° 370 et 371 (tumulus 1, 2, 3 et 6 du Ravin-des-Arcs à Notre-Dame de Londres), pi. 77, n° 482 (tumulus n° 8 de Cazarils à Viols-le-Fort) et pi. 97, n° 587 (tumulus n° 6 de Peyrescanes à Viols-le-Fort). 100 G. COSTANTINI, B. DEDET, G. FAGES ET A. VERNHET Fig. 115. — Vébron (Lozère), Abri du Devès de Galy, céramiques non tournées. — deux tessons de panses carénées peuvent appartenir à des urnes de même forme que précédemment, décorées sur la carène soit d'une rangée de coups incisés verticaux (fig. 115, n° 2), soit d'une rangée d'impressions (fig. 1 15, n° 3) ; — un col divergent bas à profil convexe équipé d'un bord E05 (fig. 115, n° 8) ; — un fragment de panse d'urne décoré d'un cordon horizontal impressisonné (fig. 1 1 5, n° 4) ; B) Coupe arrondie-convexe : un bord E04 décoré sur le dessus de la lèvre de coups incisés (fig. 115, n° 9). C) Coupe tronconique : un exemplaire muni d'un bord B29 (fig. 115, n° 11) ; D) Vases divers : — une tasse ou urne à carène vive (fig. 1 1 5, n° 5) ; — deux tessons de vases de forme non déterminable, décorés de doubles lignes horizontales tracées avant cuisson (fig. 115, n«» 6 et 7); — un fond 12A de coupe, creusé d'une gorge au contact fond-panse. Cet ensemble de documents semble homogène et peut être daté du Bronze Final II. Site n° 80 : grotte du Devès de Villeneuve La grotte du Devès de Villeneuve se trouve au pied d'une petite falaise qui couronne le Causse Méjean au-dessus du Tarnon. C'est une salle de 12 m de profondeur, 7 à 8 m de large et 5 à 6 m de hauteur moyenne qui s'ouvre par un porche de près de 10 m d'ouverture et se poursuit par une galerie légèrement ascendante obstruée à 15 m par une coulée stalagmitique (fig. 1 16). Le sol de la salle, d'où émergent plusieurs blocs effondrés, est horizontal. Un sondage de reconnaissance effectué récemment par Gilbert Fages au fond du porche a révélé l'existence d'un habitat du Néolithique-Chalcolithique avec atelier de taille. Au départ de la galerie, parmi des pierres, gisaient des restes humains mêlés à de la céramique de plusieurs époques : Néolithique-Chalcolithique, Bronze Final H, Moyen Age ou époque moderne. Les documents du Bronze Final II sont peu nombreux et il est par ailleurs impossible de déterminer, pour cette époque, la nature de l'occupation (habitat ? sépulture ?). Ces objets sont conservés au Dépôt archéologique de La Canourgue. — Bibliographie : gisement inédit. VESTIGES PROTOHISTORIQUES DANS LES GRANDS CAUSSES 101 Fig. 1 16. — Vébron (Lozère), Grotte du Devès de Villeneuve, plan (les étoiles marquent l'emplacement des documents du Bronze Final). — Description du mobilier : — un fragment de la partie supérieure d'une urne grossière à ouverture resserrée sans col, bord G04 décoré sur la lèvre d'impressions digitales ; la surface extérieure est brute d'aménagement, la surface intérieure a fait l'objet d'un lissage ébauché (fig. 117, n° 1); — un bord D08 de coupe tronconique (fig. 117, n° 2). Le premier de ces deux vases semble se rapporter au Bronze Final II, datation qui peut également convenir pour le second. 5 cm Fig. 117. — Vébron (Lozère), Grotte du Devès de Villeneuve, céramiques non tournées. 102 G. COSTANTINI, B. DEDET, G. FAGES ET A. VERNHET 6. Conclusions Les découvertes dont nous venons de dresser l'inventaire ne permettent pas d'aborder tous les aspects de la civilisation des Grands Causses entre le Bronze Final II et le Premier Age du Fer. Les gisements ayant fait l'objet de fouilles, et non de simples ramassages de surface, sont trop rares dans cette région pour pouvoir étudier de façon précise faciès mobiliers, formes de l'habitat, économie ou société. En dehors de l'habitat de Rochefort à Florac, les données concernant l'économie manquent totalement. Et d'ailleurs sur ce site, l'échantillonnage des vestiges de faune est si réduit qu'il n'autorise aucune conclusion valable (69). La nature de l'implantation ou de la fréquentation de beaucoup de sites, et a fortiori leur organisation interne, nous échappe le plus souvent et nous réduit à des identifications hypothétiques. Dans la plupart des cas en l'absence de fouilles, notamment dans les gisements stratifiés, le classement des mobiliers est typologique et parfois imprécis par suite d'évent uelles occupations multiples. Mais, malgré ces réserves, l'abondance de la documentation et le nombre élevé de sites dont elle provient permettent cependant de faire deux séries de remarques, les unes concernant les implantat ions humaines, et les autres les faciès céramiques, du Bronze Final II au Premier Age du Fer. 6.1. Les caractères de l'occupation humaine 6.1.1. Répartition chronologique des sites — Gisements du Bronze Final II (fig. 118) : — Aveyron — Aven du Bel Air IV (Creissels) — Aven du Rajal del Gorp (Millau) — Grotte du Riou Ferrand (Millau) — Aven des Canalettes (Nant) — Grotte-bergerie de Jarnac (Saint-Georges-de-Luzençon) — Grotte 3 de Sargel (Saint-Rome-de-Cernon) — Grotte 4 de Sargel (Saint- Rome-de-Cernon) — Grotte 5 de Sargel (Saint- Rome-de-Cernon) — Grotte de Sagnos (Sainte-Eulalie-de-Cernon) — Gard — Grotte du Luc, phase 1 (Lanuéjols) — Grotte des Morts, Bramabiau (Saint-Sauveur-des-Pourcils) — Hérault — Abri de Combefère (Les Rives) ? — Grotte de Mouniès (Sorbs) — Lozère — Grotte du Maguel (Balsièges), phase 1 — Grotte de Saint-Tchaouzou III (Balsièges) — Grotte de Saint-Tchaouzou XIII (Balsièges) — Grotte del Pastre (Hures-la-Parade) — Grotte aérienne de Sourbettes (Hures-la-Parade) — Aven de Baume Brune (Laval-du-Tarn) — Station du Capélan (Meyrueis) — Grotte de La Chèvre (Meyrueis) — Grotte des Maïsses (Meyrueis) — Baumes Chaudes (Saint-Georges- Lévéjac) — Coffre de Téoulière (Prades) — Grotte du Baoumas (Saint-Pierre-des-Tripiers) (69) Voir ci-après, Annexe 1, détermination de la faune de l'habitat de Rochefort à Florac (Lozère), par P. Columeau. VESTIGES PROTOHISTORIQUES DANS LES GRANDS CAUSSES ::> .«••• *\y"' / 0a■A 6/?orrf HABITAT DE PLEIN RÉUTILISATION COFFRE 20 Km AIR Fig. 118. — Situation des gisements du Bronze Final II étudiés. 5 : Bel- Air IV (Creissels) ; 1 1 : Riou-Ferrand (Millau) ; 12 : Rajal del Gorp (Millau) ; 13 : Canalettes (Nant) ; 19 : Sagnos (Sainte-Eulalie-de-Cernon) ; 20 : Jarnac (Saint-Georges-de-Luzençon) ; 21 : Sargel 3-4-5 (Saint- Rome-de-Cernon) ; 26 : Luc (Lanuéjols) ; 27 : Puech-Buisson (Lanuéjols) ; 31 : Bramabiau (Saint-Sauveur-des-Pourcils) ; 38 : Combefère (Les Rives) ; 39 : Mouniès (Sorbs) ; 41 : Le Maguel (Balsiè ges) ; 43 : Saint-Tchaouzou III (Balsièges) ; 44 : Saint-Tchaouzou XIII (Balsièges) ; 52 : Pastre (Hures-La Parade) ; 54 : Sourbettes (Hures-La Parade) ; 56 : BaumeBrune (Laval-du-Tarn) ; 58 : Capélan (Meyrueis) ; 59 : La Chèvre (Meyrueis) ; 64 : Les Maïsses (Meyrueis); 68 : Teoulière (Prades); 69 : Baumes-Chaudes (SaintGeorges-Lévéjac); 70 : Baoumas (Saint-Pierre-des-Tripiers); 76 : Le Lapin (Sainte-Enimie) ; 77 : Balat de la Fage (Sainte-Enimie) ; 79 : Devès de Galy (Vébron) ; 80 : Devès de Villeneuve (Vébron). — Grotte du Lapin (Sainte-Enimie) — Abri 1 du Balat de la Fage (Sainte-Enimie) — Abri du Devès de Galy (Vébron) — Gisements du Bronze Final III A (fig. 119) : Aveyron Grotte du Boundoulaou (Creissels) Gard Grotte du Roc du Midi (Blandas) Grotte du Luc (Lanuéjols), phase 2 Grotte de Puech-Buisson (Lanuéjols) Hérault Abri de Camp Rouch (Pégairolles de l'Escalette) Grotte aérienne du Bout du Monde (Saint-Pierre-de-la-Fage) ? Lozère Rocher de Rochefort (Florac) Station des Douzes (Hures-la-Parade) Station du Rocher de Saint-Gervais (Hures-la-Parade) ? Rocher de Cinglegros (Saint-Pierre-des-Tripiers) 103 104 G. COSTANTINI, B. DEDET, G. FAGES ET A. VERNHET A CROTTE A HABITAT DE PLEIN AIR 20km I Fig. (Hures-La laou Buisson Bout-du-Monde zes 119. (Lanuéjols) (Creissels) — Situation Parade) ; (Saint-Pierre-de-la-Fage) 24 : ;Roc des ; 3353du gisements : : Saint-Gervais (SaintMidi Camp Pierre-des-Tripiers). (Blandas) duRouch Bronze ; 49(Hures-La :; Rochefort (Pégairolles-de-L'Escalette) 26Final : LucIIIParade) (Lanuéjols) A(Florac) étudiés. ; 72; 514; : 27 : Cinglegros : BoundouLes : Puech; Dou37 : — Gisements du Bronze Final III B (fig. 120) : Aveyron — Oppidum de la Granède (Millau), phase 1 — Camp de Los Goïnos (Sauclières) — Tumulus I de Villeplaine (Séverac-le-Château) — Lozère — Grotte de Castélos (Sainte- Enimie) — Gisements du Bronze Final III A ou III B : — Aveyron — Oppidum de l'Andurme (Rivière-sur- Tarn) — Grotte 5 de Sargel (Saint-Rome-de-Cernon) — Hérault — Grotte du Castellas (La Vacquerie) — Gisements du Bronze Final II ou III A : Gard — Grotte de la Jurade (Rogues) — Hérault Grotte du Suquet (Pégairolles de l'Escalette) Grotte aérienne du Bout du Monde (Saint-Pierre-de-la-Fage) Grotte du Rouquet (Sorbs) — Lozère Grotte Maurice (Saint-Pierre-des-Tripiers) Grotte de La Baume (Sainte-Enimie) VESTIGES PROTOHISTORIQUES DANS LES GRANDS CAUSSES ▲ GROTTE A HABITAT DE PLEIN AIR • TUMULUS a OBJET SOLE 0 20Km Fig. 120. — Situation des gisements du Bronze Final III B étudiés. 10 : La Granède (Millau) ; 22 : Camp de Los Goïnos (Sauclières) ; 23 : Villeplaine (Séverac-leChâteau) ; 74 : Castélos (Sainte-Enimie). — Gisements du Bronze Final II ou III : — Aveyron Les Infruts (La Couvertoirade) Grotte des Faux-Monnayeurs (Millau) Grotte du Chat (Roquefort-sur-Soulzon) Station de Roquesaltes (Saint-André-de-Vézines) Grotte 1 de Sargel (Saint-Rome-de-Cernon) Gard Rocher de la Côte de Revens (Revens) Abri de Cuer Fatchi (La Malène) Lozère Grotte de Meyrueis 1 ou de Costeguison (Meyrueis) Grotte de Meyrueis 4 (Meyrueis) Grotte de Nabrigas (Meyrueis) Grotte de la Baume (Sainte-Enimie) — Gisements du Premier Age du Fer (fig. 121) : Aveyron Oppidum de la Granède (Millau), phase 2 Gard Grotte du Luc (Lanuéjols), phase 3 Lozère Grotte de Pelet (Florac) Aven-Grotte du Baoumas (Saint-Rome-de-Dolan) — Gisements des vmv* s. av. J.-C. (fig. 122) : Aveyron Oppidum du Puech de Buzeins (Buzeins) Grotte de PAncise II (Campagnac) Grotte de Longviala (Campagnac) Oppidum de la Granède (Millau), phase 3 Tumulus de la Goudalie (Rodelle) — Lozère Dolmen d'Aures (Gatuzières) 105 106 G. COSTANTINI, B. DEDET, G. FAGES ET A. VERNHET ▲ GROTTE Ci HABITAT DE PLEIN AIR 20 Km Fig. 121. — Situation des gisements du Premier Age du Fer étudiés. 10 : La Granède (Millau) ; 26 : Luc (Lanuéjols) ; 48 : Pelet (Florac) ; 78 : Baoumas (SaintRome-de-Dolan). /"'•■ •« A GROTTE A HABITAT DE PLEIN AIR • TUMULUS M RÉUTILISATION DOLMEN 0 20Km Fig. 122. — Situation des gisements du milieu de l'Age du Fer étudiés. 1 : Puech de Buzeins; 2 : L'Ancise II (Campagnac); 3 : Longviala (Campagnac); 10 : La Granède (Millau); 16 : la Goudalie (Rodelle); 50 : Aures (Gatuzières). VESTIGES PROTOHISTORIQUES DANS LES GRANDS CAUSSES 107 — Gisements du Bronze Final III ou du Premier Age du Fer : — La Couvertoirade Aveyron — Tumulus 3 de Floyrac (Onet-le-Château) — Lozère — Grotte de la Fouon del Latch (Cultures) — Tumulus de Rocherousse (Esclanèdes) — Dolmen à vestibule de Dignas (Sainte-Enimie) — Gisements non datables (Bronze Final II au Premier Age du Fer) : — Gard — Coffre de Lanuéjols (Lanuéjols) — Hérault — Aven d'Auguste (Saint-Maurice-de-Navacelles) — Lozère — Grotte du Maguel (Balsièges) — Grotte de Saint-Tchaouzou II (Balsièges) — Dolmen double de l'Aumède (Chanac) — Grotte de Meyrueis 8 (Meyrueis) — Grotte de Pauparelle (Meyrueis) — Grotte n° 2 du Serre du Caylar (Meyrueis) Le tableau de la fig. 123 résume les données par types de sites (grotte, plein air, objet isolé, tombe tumulaire, réutilisation de tombe plus ancienne, dolmen ou coffre) et par grandes phases (Bronze Final II, Bronze Final III A, Bronze Final III B, Premier Age du Fer, ve-ive s. avant J.-C). Globalement, si l'on ne considère que le nombre des implantations, le Bronze Final II est la phase la mieux représentée (29 gisements) suivie par le Bronze Final III (17 sites dont 10 pour le Bronze Final III A et 4 pour le Bronze Final III B) et par le Premier Age du Fer (9 sites). Mais l'importance d'une période dépend aussi de la nature et de la taille des implantations. Les sites funéraires pris en considération ici (tumulus et réutilisation de tombes antérieures) sont trop peu nombreux pour pouvoir tirer quelque enseignement de leur répartition. Ce sujet devra être étudié en tenant compte des nombreuses fouilles anciennes effectuées depuis le siècle dernier dans les tumulus et les dolmens des Grands Causses et il ne saurait être question de l'aborder ici. En revanche le rapport entre sites troglodytiques et sites de plein air peut être étudié avec profit dans la mesure où les fouilles anciennes dans cette région ont essentiellement porté sur les tombes et très rarement sur les autres points d'implantation humaine. Le rapport global grottes/sites de plein air du Bronze Final II à la fin du Premier Age du Fer marque une très nette prééminence du premier type d'implantation : 63 grottes (84%) pour 12 sites de plein air (16 %). Cette constatation doit être admise avec prudence car la grotte est un lieu privilégié de prospection et nombre de gisements de plein air sont plus difficiles à repérer ou sont détruits par les travaux agricoles. Types de sites Grotte Plein air Objet isolé Tumulus Réutilisation Dolmen ou Coffre Totaux 27 1 0 0 6 4 0 0 1 1 1 1 2 1 0 0 6 0 0 0 g 2 1 0 3 1 0 1 2 2 0 1 B.F. III ou Ier Age du Fer 1 0 1 2 1 29 0 10 0 4 0 3 0 6 0 11 0 5 1 6 1 5 B.F. III A B.F. II B.F. II B.F. II B.F. III A B.F. III B ou ou ou B.F. III B B.F. III A B.F. III I" Age du Fer Ve-IV S. av. J.-C. B.F. II à i« Age Totaux du Fer 7 63 0 12 0 3 ^ 5 0 2 9 Fig. 123. — Tableau de répartition chronologique des différents types de gisements étudiés. 5 88 108 G. COSTANTINI, B. DEDET, G. FAGES ET A. VERNHET Cependant, même si elle doit être atténuée, cette prééminence est fort probable comme le montrent les variations par période, où la baisse de l'importance relative de l'occupation troglodytique est manifeste. Et c'est là la seconde constatation intéressante : en nombre d'implantations, l'impor tancerelative des sites de plein air s'accroît du Bronze Final II à la fin du Premier Age du Fer, même si les sites troglodytiques sont toujours les plus nombreux (sauf peut-être au Bronze Final III B) : 27 grottes pour 1 site de plein air au Bronze Final II, 6 pour 4 au Bronze Final III A, 1 pour 1 au Bronze Final III B, 3 pour 1 au Premier Age du Fer et 2 pour 2 aux ve-ivc s. avant J.-C. 6.1.2. Les sites troglodytiques Cette appellation regroupe des réalités diverses et, en général, d'approche très difficile. Les gisements où les objets, observés en place, peuvent permettre une identification de la nature de l'occupation des lieux, sont exceptionnels. C'est le cas seulement pour six grottes prises en compte ici : — l'aven IV du Bel-Air à Creissels (Aveyron) : accès, configuration des lieux, présence des gours, composition et localisation du mobilier indiquent que nous avons affaire à un point d'eau utilisé au Bronze Final II ; — la grotte de La Jurade à Rogues (Gard) : la présence d'une coupe du Bronze Final II ou III A isolée au fond d'un étroit couloir est difficile à expliquer. « Dépôt votif » ? En tout cas, manifestement, les lieux n'ont servi ni d'habitat, ni de sépulture, ni de point d'eau, ni de lieu de réserve ; — l'aven-grotte du Baumas à Saint-Rome de Dolan (Lozère) : deux bracelets en bronze du Premier Age du Fer, placés isolés dans une anfractuosité d'un puits vertical, constituent soit une petite « cachette » d'objets métalliques, soit un « dépôt votif » ; — l'aven du Rajal del Gorp à Millau (Aveyron) a servi de « grotte-sanctuaire » du ne s. avant au Ve s. après J.-C. Le lot de petits récipients du Bronze Final II (jattes, coupes et coupelles) qui y a été découvert correspond-il à des « dépôts votifs » du même type ? Cette cavité a pu aussi servir de point d'eau, mais la composition du mobilier du Bronze Final II s'accorde mal avec cet usage ; — la grotte de Castélos à Sainte-Enimie (Lozère) : la composition du mobilier et sa localisation primitive dans une salle aux dimensions très réduites assignent à ces lieux une fonction de réserve de denrées au Bronze Final III B ; — l'aven de Baume-Brune à Laval-du-Tarn (Lozère) : les observations de C. Morel lors de la découverte, la composition du matériel (gros récipients) et la topographie des lieux semblent indiquer ici aussi une fonction de réserve de denrées au Bronze Final IL Ainsi donc ces six grottes montrent l'existence d'au moins trois utilisations : — approvisionnement en eau, — lieu de réserve, — « grotte-sanctuaire » ? Dans tous les autres cas nous en sommes réduits aux hypothèses en nous fondant sur les caractéristiques des cavités et en appliquant des critères de jugement pas forcément valables à l'époque protohistorique. Malgré cette réserve, on peut tenter de classer les grottes étudiées ici par type d'utilisation. Ces cavités ont des situations variées, reflets de préoccupations économiques diverses : sommet de plateau, milieu ou base de la falaise de la corniche sommitale du plateau, versant, fond de vallée. Nous les classerons donc en même temps par type de site. a) Grottes qui ont pu servir d'habitat Dans tous ces cas, l'habitat est possible (accès, dimensions, hygrométrie), mais non prouvé du fait des conditions de découverte. A fortiori le caractère temporaire ou fixe de ces habitats ne peut être appréhendé. VESTIGES PROTOHISTORIQUES DANS LES GRANDS CAUSSES 109 — Sommet de plateau : — au Bronze Final II : Baoumas (Saint- Pierre-des-Tripiers) et Devès de Galy (Vébron), sur le Causse Méjean ; Luc (Lanuéjols) sur le Causse Noir ; Canalettes (Nant), Combefère (Les Rives) et Mouniès (Sorbs) sur le Larzac ; Jarnac (Saint-Georges de Luzençon) sur un satellite occidental du Larzac ; — au Bronze Final III A : Luc (Lanuéjols) sur le Causse Noir ; Camp Rouch (Pégairolles de l'Escalette) sur le Larzac ; — au Bronze Final II ou III A : La Baume (Sainte-Enimie) sur le Causse de Sauveterre et Rouquet (Sorbs) sur le Larzac ; — au Bronze Final III A ou III B : Castellas (La Vacquerie) sur le Larzac ; — au Premier Age du Fer : Luc (Lanuéjols) sur le Causse Noir ; — aux ve-ive s. avant J.-C. : Longviala (Campagnac) sur le Causse de Sauveterre. — — — corniche — — Milieu de la falaise de la corniche sommitale des causses : au Bronze Final II : Riou Ferrand (Millau), corniche du Larzac ; au Bronze Final III A : Bout du Monde (Saint-Pierre de la Fage), corniche du Larzac ; Roc du Midi (Blandas), du causse de Blandas ; au Bronze Final II ou III A : Bout du Monde (Saint-Pierre de La Fage), corniche du Larzac ; aux ve-ive siècles avant J.-C. : Ancise II (Campagnac), corniche du Sauveterre. — Base de la falaise de la corniche sommitale des causses : — au Bronze Final II : Saint-Tchaouzou III et XIII (Balsièges), corniche du Changefège ; Valat de la Fage 1 (Sainte-Enimie) et Devès de Villeneuve (Vébron), corniche du Méjean ; Bramabiau (Saint-Sauveur des Pourcils), corniche du Causse de Camprieu ; Sagnos (Sainte-Eulalie-de-Cernon), corniche du Larzac ; Sargel 3, 4 et 5 (Saint-Rome de Cernon), corniche d'un satellite occidental du Larzac ; — au Bronze Final III A : Puech Buisson (Lanuéjols), corniche du Causse Noir ; — au Bronze Final III A ou III B : Sargel 5 (Saint-Rome de Cernon), corniche d'un satellite occidental du Larzac ; — au Bronze Final II ou III A : Maurice (Saint-Pierre-des-Tripiers), corniche du Méjean ; — au Bronze Final II ou III : Cuer Fatchi (La Malène), corniche du Méjean ; — au Bronze Final II, III ou Premier Age du Fer : Saint-Tchaouzou II (Balsièges), corniche du Changefège. ! — Mi-versant : — Bronze Final II : Lapin (Sainte-Enimie), versant du Sauveterre ; la Chèvre (Meyrueis), versant du Méjean ; — Bronze Final II ou III : Meyrueis 1 et 8 et Nabrigas (Meyrueis), versant du Méjean ; — Bronze Final II ou III ou Premier Age du Fer : Meyrueis 4, versant du Méjean ; Aubrets et Serre du Caylar 2 (Meyrueis), versant du Causse Noir. — au Bronze Final III B : Castélos (Sainte-Enimie), moyenne falaise du Méjean ; — Fond de vallée : — Bronze Final II : Le Maguel (Balsièges), vallée du Lot ; — Bronze Final III A : Boundoulaou (Creissels), vallée du Tarn. Pour plusieurs de ces grottes l'utilisation à des fins d'habitat n'est pas forcément exclusive. D'autres fonctions sont aussi envisageables : — fonction de point d'eau : Mouniès (Sorbs) et Baumes Chaudes (Saint-Georges de Lévéjac) au Bronze Final II ; Boundoulaou (Creissels) et Roc du Midi (Blandas) au Bronze Final III A ; Longviala (Campagnac) aux ve-ive siècles avant J.-C. ; aven d'Auguste (Saint-Maurice de Navacelles) entre le Bronze Final II et le Premier Age du Fer ; — fonction de « grotte-sanctuaire » : cette fonction est bien attestée à partir du ne siècle avant J.-C. et durant la période gallo-romaine à Sargel 1 (Saint-Rome de Cernon), Mouniès (Sorbs) et Costeguison (ou Meyrueis 1). En était-il de même auparavant, au Bronze Final II et III dans ces cavités ? Nous l'ignorons ; mais cette hypothèse, qui peut s'appliquer aussi à d'autres grottes, ne peut être écartée. 110 G. COSTANTINI, B. DEDET, G. FAGES ET A. VERNHET b) Grottes qui ont pu servir de point d'eau — — — — — Sommet de plateau au Bronze Final II : Rajal del Gorp (Millau) et Mouniès (Sorbs) sur le Larzac ; au Bronze Final II ou III : La Baume (Sainte-Enimie) sur le Sauveterre ; au Bronze Final II ou III ou Premier Age du Fer : aven Auguste (Saint-Maurice-de-Navacelles) sur le Larzac ; aux ve-ive siècles avant J.-C. : Longviala (Campagnac) sur le Sauveterre. — Milieu de la falaise de la corniche sommitale des causses : — Bronze Final III A : Roc du Midi (Blandas), corniche du Causse de Blandas. — Base de la falaise de la corniche sommitale des causses : — Bronze Final II ou III A : Suquet (Pégairolles de l'Escalette), corniche du Larzac ; — Bronze Final II ou III : Faux Monnayeurs (Millau), corniche du Causse Noir. — Mi-Versant : — Bronze Final II : Bel-Air (Creissels), versant du Larzac. — Fond de vallée : — Bronze Final III A : Boundoulaou (Creissels), vallée du Tarn. c) Grottes ayant servi de réserve de provisions — Milieu de la falaise de la moyenne corniche des causses : — Bronze Final III B : Castélos (Sainte-Enimie), corniche du Causse Méjean. : — Base de la falaise de la corniche sommitale des causses : — Bronze Final II Baume Brune (Laval-du-Tarn), corniche du Causse de Sauveterre. d) Grottes ayant pu servir de nécropole — Milieu de la falaise de la corniche sommitale des causses : — Bronze Final II : Les Maïsses (Meyrueis), corniche du Causse Noir ; Sourbettes (Hures-La Parade), corniche du Méjean. — Fond de vallée : — Bronze Final II : Le Maguel (Balsièges) ? et Fouon del Latch (Cultures), vallée du Lot. e) Grottes ayant pu servir de lieu de « dépôt votif » — Sommet de plateau : — Bronze Final II : Rajal del Gorp (Millau), sur le Larzac ; — Premier Age du Fer : Baoumas (Saint-Rome-de-Dolan), sur le Sauveterre. — Milieu de la falaise de la corniche sommitale des causses : — Bronze Final II : Sourbettes (Hures-la-Parade), corniche du Méjean ; — Bronze Final II ou III : Le Chat (Roquefort-sur-Soulzon), corniche d'un satellite occidental du Larzac. — Base de la falaise de la corniche sommitale des causses : — Bronze Final II ou III A : La Jurade (Rogues), corniche du Causse de Blandas. VESTIGES PROTOHISTORIQUES DANS LES GRANDS CAUSSES 11 1 f) Grottes pour lesquelles aucune hypothèse ne peut être avancée mais où les conditions d 'habitat sont défavorables — Sommet de plateau : — Bronze Final II : Pastre (Hures-la Parade) sur le Méjean. — Milieu de la falaise de la corniche sommitale des causses : — Bronze Final II ou III, ou Premier Age du Fer : Pauparelle (Meyrueis), corniche du Méjean ; — ve-ive siècles avant J.-C. : Ancise II (Campagnac), corniche du Sauveterre. — Base de la falaise de la corniche sommitale des causses : — Bronze Final II : Sargel 4 et 5 (Saint-Rome de Cernon), corniche d'un satellite occidental du Larzac ; — Bronze Final II ou III A : Suquet (Pégairolles de l'Escalette), corniche du Larzac ; — Premier Age du Fer : Pelet (Florac), corniche du Méjean. 6.1.3. Les habitats de plein air Les habitats de plein air se trouvent, comme les grottes, en des positions très variées : — Sommet de hauteur sur les causses : — au Bronze Final II ou III : Rocher de Roquesaltes (Saint-André de Vézines), Causse Noir ; — aux ve-ive siècles avant J.-C. : Puech de Buzeins (Buzeins), Sauveterre. — Eperon du rebord des causses : — du Bronze Final III B à l'époque gallo-romaine : la Granède (Millau), éperon du Larzac; — au Bronze Final III A ou III B : Andurme (Rivière sur Tarn), éperon du Sauveterre. — Sommet de rocher isolé du rebord du plateau : — au Bronze Final III A : Rocher de Cinglegros (Saint-Pierre des Tripiers), Causse Méjean. — Base de la falaise de la corniche sommitale des causses : — au Bronze Final III A : Rochefort (Florac) et rocher Saint-Gervais (Hures-la-Parade), corniche du Méjean. — Mi-versant : — au Bronze Final II ou III : Rocher de la Côte de Revens (Revens), versant du Causse Noir. — Food de vallée : — au Bronze Final II : station du Capélan (Meyrueis), vallée de La Jonte ; — au Bronze Final III A : station des Douzes (Hures-la-Parade), vallée de la Jonte. Le faible nombre d'habitats de plein air repérés ne permet guère d'étudier les variations par phases chronologiques. L'état actuel des recherches sur ces gisements ne permet pas non plus de connaître de façon précise leur étendue. La plupart occupe une surface réduite de l'ordre de quelques centaines de mètres carrés (Capélan, les Douzes, Saint-Gervais, Roquesaltes, Cinglegros). Mais certains s'étendent sur plusieurs milliers de mètres carrés (L'Andurme), un ou même plusieurs hectares (3 ha pour Granède, 1 ha pour Rochefort). L'organisation de ces habitats, l'architecture domestique nous échappent aussi complètement pour le moment. 12 G. COSTANTINI, B. DEDET, G. FAGES ET A. VERNHET 6.1.4. Conclusion sur l'implantation de l'habitat Le tableau de la fig. 124 où les grottes susceptibles d'avoir été utilisées comme habitat sont classées par type de site et par phases, et celui de la fig. 125 où les habitats de plein air sont classés de même façon, suggèrent une constatation importante. A toutes les phases de la période considérée, l'habitat est surtout situé dans les zones élevées de la région : sommets des plateaux et falaises de leurs couronnes sommitales. Les zones plus basses, versants et fonds de vallées ne totalisent en revanche que peu de sites. Globalement, du Bronze Final II à la fin du Premier Age du Fer, le rapport s'établit à 34 grottes dans les régions élevées pour 10 dans les régions moyennes et basses, et à 9 sites de plein air dans les régions élevées pour 3 dans les régions moyennes et basses. Du fait de leur altitude, les plateaux jouissent de conditions climatiques montagnardes. Les vallées, situées 400 ou 500 m plus bas, bénéficient généralement d'un climat beaucoup plus clément. Or le déséquilibre numérique que nous constatons entre les deux groupes d'implantations ne plaide pas en faveur de l'hypothèse de communautés vivant de façon temporaire, selon un cycle saisonnier par exemple, tantôt dans l'un, tantôt dans l'autre de ces deux domaines climatiques. Il se pourrait plutôt que nous ayons affaire à deux groupes de populations distincts possédant chacun une économie propre, l'un plus important en nombre d'individus, vivant sur les plateaux, l'autre plus restreint, habitant les vallées. Types de sites Sommet Causse Milieu falaise couronne sommitale Base falaise couronne sommitale Mi-versant Fond de vallée Totaux 6 2 0 1 2 0 1 1 B.F. III ou i«r Age du Fer 0 1 2 1 0 1 0 0 1 0 0 6 10 2 1 20 1 0 1 6 0 0 0 1 1 0 0 2 1 3 0 7 1 0 0 1 0 0 0 1 0 0 0 2 0 0 0 0 1 3 0 4 15 8 2 44 B.F. III A B.F. II B.F. II B.F. II B.F. III A B.F. III B ou ou ou B.F. III B B.F. III A B.F. III Ier Age du Fer Ve-IVe S. av. J.-C. B.F. II à Ier Age du Fer 0 Totaux 13 Fig. 124. — Tableau de répartition chronologique des différents types de situation des grottes susceptibles d'avoir servi d'habitat ou d'abri, étudiées. Types de sites Sommet Causse Eperon rebord du sommet du Causse Rocher isolé de la couronne sommitale Base de falaise couronne sommitale Mi-versant Fond de vallée Totaux 0 0 0 0 0 1 0 1 B.F. III ou Ier Age du Fer 0 0 0 1 1 0 0 1 1 0 0 4 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 1 1 2 0 1 4 0 0 0 1 0 0 0 1 0 0 0 0 0 1 0 2 0 0 0 1 0 0 0 2 0 0 0 0 0 0 0 0 2 1 2 12 B.F. III A B.F. II B.F. II B.F. II B.F. III A B.F. III B ou ou ou B.F. III B B.F. III A B.F. III 1er Age du Fer V«-IVe S. av. J.-C. B.F. II à i« Age du Fer 0 Totaux 2 Fig. 125. — Tableau de répartition chronologique des différents types de situation des habitats de plein air étudiés. VESTIGES PROTOHISTORIQUES DANS LES GRANDS CAUSSES 1 13 6.2. Essai de caractérisation des faciès mobiliers du Bronze Final Etant donnée la rareté des objets métalliques découverts dans les gisements étudiés ici, seule la céramique peut être prise en compte pour tenter de caractériser les faciès mobiliers. Mais de plus, le nombre très réduit de gisements datés du Premier Age du Fer et du milieu de l'Age du Fer, et la faible quantité de documents que ces sites ont procurée ne permettent pas des conclusions valables sur les faciès céramiques de ces époques. Nous nous contenterons donc d'examiner seulement dans les gisements pris en compte dans cette étude les faciès céramiques du Bronze Final II, III et III B. Ceux-ci ont été établis en n'utilisant que les données issues de sites occupés durant une seule période, ou pour certains gisements importants à occupations multiples, les objets typologiquement bien datés par ailleurs. Mais cette tentative ne correspond qu'à une première approche. Les recherches ultérieures devront la préciser. 6.2.1. Le faciès céramique du Bronze Final II Forme 1 : urne fine à bord divergent à un ou plusieurs méplats vers l'intérieur, col haut parallèle à profil extérieur légèrement convexe, panse globuleuse, ou à carène vive ou adoucie, fond plat, creux ou à pied bas (par exemple fig. 11, n° 3). Cette forme est présente sur sept gisements : — aven IV du Bel Air (Creissels, Aveyron) : 1 exemplaire ; — grotte du Riou-Ferrand (Millau, Aveyron) : 1 exemplaire ; — aven des Canalettes (Nant, Aveyron) : 1 exemplaire ; — grotte du Luc (Lanuéjols, Gard) : 1 exemplaire ; — grotte de Mouniès (Sorbs, Hérault) : 1 exemplaire ; — grotte III de Saint-Tchaouzou (Balsièges, Lozère) : 1 exemplaire ; — grotte XIII de Saint-Tchaouzou (Balsièges, Lozère : 1 exemplaire. Les formes de bord attestées sont: E04 (3 exemplaires), C11/C13 (1 exemplaire), D01 (1 exemplaire) et D19 (1 exemplaire) ; les formes de fond sont : 1 1 A (1 exemplaire), 21 A (2 exemplaires) et 42C (1 exemplaire). La plupart de ces vases est décorée. Le plus souvent l'ornementation consiste en deux méplats ou larges cannelures, horizontaux, sur la partie supérieure de la panse, ou en cannelures obliques sur la partie médiane de la panse. Dans un cas, il s'agit d'une rangée horizontale d'impressions circulaires à la base du col et sur la carène. Forme 2 : urne à col bas divergent rectiligne ou légèrement convexe, bord divergent simple, panse haute biconique et fond plat ou légèrement creux (par exemple fig. 10). Ce type d'urne paraît très répandu ; treize gisements caussenards en ont livré : — aven IV du Bel-Air (Creissels, Aveyron) : 3 exemplaires ; — aven des Canalettes (Nant, Aveyron) : 1 exemplaire ; — grotte 3 de Sargel (Saint-Rome-de-Cernon, Aveyron) : 4 à 8 exemplaires ; — grotte 4 de Sargel (Saint-Rome-de-Cernon, Aveyron) : 4 exemplaires ; — grotte 5 de Sargel (Saint-Rome-de-Cernon, Aveyron) : 2 exemplaires ; — grotte III de Saint-Tchaouzou (Balsièges, Lozère) : 15 exemplaires ; — grotte XIII de Saint-Tchaouzou (Balsièges, Lozère) : 1 exemplaire ; — Baume- Brune (Laval-du-Tarn, Lozère) : 1 exemplaire ; — station du Moulin du Capélan (Meyrueis, Lozère) : 7 exemplaires ; — grotte de la Chèvre (Meyrueis, Lozère) : 13 exemplaires ; — grotte des Maïsses (Meyrueis, Lozère) : 1 exemplaire ; — grotte du Baoumas (Saint-Pierre-des-Tripiers, Lozère) : 1 exemplaire ; — abri 1 du Valat de la Fage (Sainte-Enimie, Lozère) : 1 exemplaire. Les bords sont, dans l'ordre décroissant de fréquence : D05 (1 1 exemplaires), D08 (4 exemplaires), D01 et D04 (3 exemplaires), D01/D09 et E05 (2 exemplaires), COI, D02, D03, D01/D03, DO5/DO8, Dl 1, D13, D15, E01, E04, E08 et F05 : 1 exemplaire). Les urnes de forme 2 sont souvent décorées. 114 G. COSTANTINI, B. DEDET, G. FAGES ET A. VERNHET L'ornementation peut prendre place en différents endroits du vase : — sur la carène : 14 exemplaires ; — sur la partie supérieure de la panse : 9 exemplaires ; — au contact du col et de la panse : 2 exemplaires ; — sur le dessus de la lèvre : 1 exemplaire. Les techniques utilisées sont diverses : — rangée horizontale d'impressions : 10 exemplaires ; — larges cannelures horizontales : 8 exemplaires ; — rangée horizontale de coups incisés : 5 exemplaires ; — larges cannelures obliques parallèles : 3 exemplaires ; — cordon impressionné : 1 exemplaire ; — double sillon incisé horizontal : 1 exemplaire. Forme 3 : petite urne fine à col bas divergent, bord simple et panse haute à profil arrondi (par exemple, fig. 24, n° 2). Cette forme n'est attestée que sur deux gisements : — aven du Rajal del Gorp (Millau, Aveyron) : 2 exemplaires ; — grotte de Sagnos (Sainte-Eulalie-de-Cernon, Aveyron) : 1 exemplaire. Les bords sont : D01/D09, D08 ou D29. Un exemplaire est décoré de cannelures horizontales placées au niveau du diamètre maximum de la panse. Forme 4 : urne grossière à col convergent bas, bord simple convergent ou divergent et panse haute à profil arrondi ou caréné (par exemple, fig. 117, n° 1). Elle se rencontre dans les sites suivants : — grotte des Maïsses (Meyrueis, Lozère) : 2 exemplaires ; — grotte du Devès de Villeneuve (Vébron, Lozère) : 1 exemplaire. Les bords sont de forme F04 ou G04. Ces urnes sont décorées d'impressions digitales grossières sur le dessus de la lèvre ou sur un cordon placé au contact du col et de la panse. Forme 5 : petite urne à col convergent, bord divergent et panse à épaulement très marqué (par exemple, fig. 37, n° 1). C'est une forme rare qui n'apparaît que dans deux gisements : — grotte 3 de Sargel (Saint-Rome-de-Cernon, Aveyron) : 1 exemplaire ; — grotte 4 de Sargel (Saint-Rome-de-Cernon, Aveyron) : 1 exemplaire. Les bords sont de forme D05 ou D21 ; ces vases ne sont pas décorés. Forme 6 : jatte à col convergent, bord divergent et panse à épaulement très marqué (par exemple, fig. 24, no 4). Elle est attestée sur les gisements suivants : — aven du Rajal del Gorp (Millau, Aveyron) : 4 exemplaires ; — grotte 4 de Sargel (Saint-Rome-de-Cernon, Aveyron) : 1 exemplaire ; — grotte 5 de Sargel (Saint-Rome-de-Cernon, Aveyron) : 3 exemplaires ; — grotte du Luc (Lanuéjols, Gard) : 1 exemplaire ; — grotte de Bramabiau (Saint-Sauveur-des-Pourcils, Gard) : 1 exemplaire ; — grotte de la Chèvre (Meyrueis, Lozère) : 6 exemplaires. Ces vases ne portent pas de décor ; les bords sont dans un ordre décroissant de fréquence : D01 (4 exemplaires), D04, DU, D14, E01, Eli, E15 et H08 (1 exemplaire). Forme 7 : jatte à col parallèle, bord divergent et panse carénée (par exemple, fig. 36, n° 15). Elle figure dans le matériel livré par six sites : — aven du Rajal del Gorp (Millau, Aveyron) : 1 exemplaire ; — grotte 3 de Sargel (Saint-Rome-de-Cernon, Aveyron) : 1 exemplaire ; — grotte 5 de Sargel (Saint-Rome-de-Cernon, Aveyron) : 4 exemplaires ; — grotte de Sagnos (Sainte- Eulalie-de-Cernon, Aveyron) : 1 exemplaire ; — grotte aérienne de Sourbettes (Hures-la Parade, Lozère) : 1 exemplaire ; — grotte de la Chèvre (Meyrueis, Lozère) : 1 1 exemplaires. Les bords attestés sont : D01 et E25 (2 exemplaires), D04, DU, D19, D11/D19, D29 et D35 (1 exemplaire). Ces jattes sont toujours ornées au-dessus de la carène ou sur le col. Il s'agit presque toujours de cannelures, exceptionnellement de sillons. Le plus souvent ces éléments sont horizontaux, plus rarement obliques. VESTIGES PROTOHISTORIQUES DANS LES GRANDS CAUSSES 1 15 Forme 8 : jatte à col divergent bas, bord biseauté ou méplate vers l'intérieur, panse à carène adoucie et fond creux (par exemple, fig. 38, n° 30). Quatre gisements ont livré de tels vases : — grotte 5 de Sargel (Saint-Rome-de-Cernon, Aveyron) : 1 exemplaire ; — grotte du Luc (Lanuéjols, Gard) : 3 exemplaires ; — grotte du Maguel (Balsièges, Lozère) : 1 exemplaire ; — grotte du Baoumas (Saint-Pierre-des-Tripiers, Lozère) : 1 exemplaire. Les bords sont D05 (2 exemplaires), E05 et D13 (1 exemplaire). Ces jattes sont parfois ornées soit de cannelures verticales sur la panse, soit d'un sillon horizontal au-dessus de la carène. Forme 9 : coupe tronconique à bord à facettes. Cette forme n'est connue que sur un site (fig. 94, no 11). — station du Moulin du Capélan (Meyrueis, Lozère) : 1 exemplaire décoré à l'extérieur de deux groupes de doubles traits incisés horizontaux. Forme 10 : coupe tronconique à bord simple ou biseauté ; la plupart des exemplaires est décorée de méplats horizontaux occupant toute la surface intérieure de la panse (par exemple, fig. 37, n° 12). Ces vases sont abondants et se rencontrent sur huit gisements : — grotte 3 de Sargel (Saint- Rome-de-Cernon, Aveyron) : 3 exemplaires ; — grotte 4 de Sargel (Saint- Rome-de-Cernon, Aveyron) : 2 exemplaires ; — grotte III de Saint-Tchaouzou (Balsièges, Lozère) : 4 exemplaires ; — grotte XIII de Saint-Tchaouzou (Balsièges, Lozère) : 1 exemplaire ; — grotte aérienne de Sourbettes (Hures-la Parade, Lozère) : 2 exemplaires ; — station du Moulin du Capélan (Hures-la Parade, Lozère) : 4 exemplaires ; — grotte de la Chèvre (Meyrueis, Lozère) : 6 exemplaires ; — grotte du Devès de Villeneuve (Vébron, Lozère) : 1 exemplaire. Les bords sont, dans l'ordre décroissant de fréquence, les suivants : D08 (4 exemplaires), E08 (3 exemplaires), D01, D17 et D18 (2 exemplaires), D04, D14 et E23 (1 exemplaire). Forme 11 : coupe arrondie-convexe à bord divergent et lèvre simple (par exemple, fig. 36, n° 16). Elle est présente dans quatre sites : — grotte 3 de Sargel (Saint- Rome-de-Cernon, Aveyron) : 2 exemplaires ; — grotte aérienne de Sourbettes (Hures-la Parade, Lozère) : 1 exemplaire ; — station du Moulin du Capélan (Meyrueis, Lozère) : 2 exemplaires ; — abri du Devès de Galy (Vébron, Lozère) : 1 exemplaire. Les bords sont de type E04 (2 exemplaires) ou E08 (2 exemplaires). Certaines de ces coupes sont décorées. L'une porte des coups incisés sur le dessus de la lèvre (Devès de Galy) ; une autre est ornée de guirlandes de style « Rhin-Suisse » à l'intérieur de la panse (Sargel 3). Forme 12 : coupe basse carénée, à bord simple incliné vers l'extérieur, et panse à double courbure opposée formant à leur jointure une carène vive ou méplatée (par exemple, fig. 37, n° 14). Ces coupes proviennent des gisements suivants : — grotte 4 de Sargel (Saint-Rome-de-Cernon, Aveyron) : 3 exemplaires ; — grotte de la Chèvre (Meyrueis, Lozère) : 1 exemplaire. Les bords sont de forme COI et C09. Forme 13 : coupe arrondie convexe à bord convergent et lèvre simple (par exemple, fig. 90, n° 7). On rencontre cette forme dans trois gisements : — grotte aérienne de Sourbettes (Hures-la Parade, Lozère) : 1 exemplaire ; — station du Moulin du Capélan (Meyrueis, Lozère) : 2 exemplaires ; — grotte de la Chèvre (Meyrueis, Lozère) : 3 exemplaires. Les bords sont de forme 105 (3 exemplaires), 101/105, 104/105 ou F08 (1 exemplaire). L'exemplaire de Sourbettes est muni d'une anse en ruban verticale. Plusieurs de ces coupes sont ornées à l'extérieur de cannelures horizontales (3 cas) ou de deux lignes incisées horizontales (1 cas). 116 G. COSTANTINI, B. DEDET, G. FAGES ET A. VERNHET Forme 14 : coupe tronconique à ressaut vertical et bord à marli (par exemple, fig. 32). La liste des gisements où apparaît cette forme est la suivante : — grotte-bergerie de Jarnac (Saint-Georges-de-Luzençon, Aveyron) : 1 exemplaire ; — grotte 3 de Sargel (Saint-Rome-de-Cernon, Aveyron) : 1 exemplaire ; — grotte du Luc (Lanuéjols, Gard) : 2 exemplaires ; — abri du Devès de Galy (Vébron, Lozère) : 1 exemplaire. Ces coupes sont munies de bords Ail, B29, D01 ou D13. Deux d'entre elles sont décorées à l'intérieur de la panse de guirlandes au peigne dans le style « Rhin-Suisse » (Jarnac et Luc). Vases uniques — urne à col divergent à profil arrondi concave, bord divergent, lèvre aplatie et panse munie de mamelons proéminents : Baume-Brune (Laval-du-Tarn, Lozère) (fig. 92, n° 2) ; — urne à panse moyenne à profil arrondi, col bas divergent, bord divergent à lèvre simple et décor de deux cannelures horizontales au niveau du diamètre maximum de la panse : grotte aérienne de Sourbettes (Hures-la Parade, Lozère) (fig. 90, n°2) ; — jatte carénée à col divergent, bord épaissi et décor de cannelures obliques sur la carène : grotte del Pastre (Hures-la Parade, Lozère) (fig. 87) ; — gobelet à panse arrondie, col bas divergent et bord à lèvre arrondie : grotte de la Chèvre (Meyrueis, Lozère) (fig. 96, n° 19). La place du faciès céramique des Grands Causses au Bronze Final II L'urne de forme 1 couvre une aire très étendue : Champagne-Centre, Massif Central et ses bordures, bassins de la Saône et du Rhône et Languedoc (70). Dans cette dernière région on remarque sa présence surtout dans l'arrière-pays et sa rareté sur les gisements littoraux (71). L'ornementation de ces vases dans les Grands Causses est tout à fait classique sur cette forme. L'urne de forme 2 présente une répartition semblable au type précédent (72). En Languedoc oriental elle est particu lièrement abondante tant dans les sites de l'intérieur (73), que sur les gisements des rives de l'étang de Mauguio (74). Il en va de même des urnes grossières de forme 4 à décor d'impressions (75). En revanche l'urne de forme 3 ne présente guère de comparaisons qu'avec le Languedoc occidental (76). L'urne de forme 5 est rare. Par son profil, elle se rattache aux vases n° 4 et 5 des « formes dominantes du groupe Rhin-Suisse » selon W. Kimmig, dont l'aire de répartition s'étend sur le Nord-Est et l'Est de la France (77). Mais elle ne se rencontre qu'en faible quantité dans les régions (70) C'est le type dit « de Sassenay » par N.-K. Sandars, Bronze Age..., attesté entre autres exemples dans la vallée de la Saône à Sassenay ( Ibid., pi. X, n° 1), en Champagne à Pierre-Morains (A. Brisson et J.-J. Hatt, Fonds de cabanes de l'Age du Bronze Final et du Premier Age du Fer en Champagne (lre partie), dans R. A. Est, 3-4, 1966, p. 165-197 et notamment p. 176, fig. 4, n°4), dans le Bourbonnais à Dompierre-sur-Bresbe (J.-P. Daugas, Les civilisations..., p. 513, fig. 3, n° 9), dans la Marne à Broussy-le-Grand (B. Chertier, Les civilisations de l'Age du Bronze en Champagne, dans La Préhistoire Française, II, 1976, p. 618-629 et notamment p. 624, fig. 3, n° 1), dans le Quercy à Esclauzels (J. Clottes et G. Costantini, Les civilisations de l'Age du Bronze dans les Causses, dans La Préhistoire Française, II, 1976, p. 470-482, et notamment p. 479, fig. 5, n° 3), en Languedoc occidental au Gaougnas (J. Guilaine, L'Age du Bronze..., p. 260, fig. 93, n° 10), dans les Garrigues du Languedoc oriental au Prével Supérieur, au Hasard et à la Sessa (J.-L. Roudil, L'Age du Bronze..., p. 155, 156, fig. 55, n° 3 et p. 184, fig. 69, n°s 2, 4, 5 et 7). (71) B. Dedet, Les gisements lagunaires à l'Age du Bronze Final, dans L 'occupation des rivages de l'étang de Mauguio (Hérault) au Bronze Final et au Premier Age du Fer, III, ARALO, cahier n° 13, 1985, p. 5-46, et notamment p. 13-14 (forme 4 du Bronze Final II sur les gisements lagunaires). (72) Présence notamment dans la Marne à Pierre-Morains (A. Brisson et J.-J. Hatt, Fonds de cabanes..., p. 176, fig. 4, n° 3) ou dans l'Isère (A. Bocquet, L'Isère..., p. 166, fig. 15, nos 4 et 5). (73) C'est le type 4 du Bronze Final II A et II B de J.-L. Roudil, L'Age du Bronze..., p. 153 et 165. (74) B. Dedet, Les gisements lagunaires..., p. 14 (forme 7). (75) Nombreux exemples en Isère (A. Bocquet, L'Isère, op. cit., p. 166, fig. 15, n° 8), en Champagne (A. Brisson et J.-J. Hatt, Fonds de cabanes..., p. 185, fig. 12, nos 1, 2 et 5), en Charente et en Dordogne (N.-K. Sandars, Bronze Age..., p. 251, fig. 68), en Languedoc au Prével supérieur, au Hasard (J.-L. Roudil, L'Age du Bronze..., p. 165 et 178, fig. 66, nos 8, 9 et 17 à 19) et sur les sites lagunaires de Mauguio et de Lansargues (B. Dedet, Les gisements lagunaires..., p. 14, forme 5). (76) J. Guilaine, L'Age du Bronze..., p. 248, forme 3. (77) W. Kimmig, Où en est l'étude de la civilisation des Champs-d'Urnes en France, principalement dans l'Est /"dans RAE, III, 1, 1952, p. 16, fig. 2 A. VESTIGES PROTOHISTORIQUES DANS LES GRANDS CAUSSES 117 voisines des Causses : nord du Languedoc oriental (Tharaux, Gard) et Quercy (Esclauzels et Cuzoul de Sénaillac, Lot) (78). Peut-être doit-elle être rattachée plutôt à la jatte de forme 6, catégorie très abondante dans les Grands Causses et le Languedoc, dont elle ne diffère que par des proportions hautes. La jatte de forme 6 est connue dans le Quercy (coffre du Causse de Fallières à Thémines, Lot) (79) et dans le Massif Central (Pommiers-en-Forez, Loire) (80). Mais elle est surtout très abondante en Languedoc occidental et dans les Garrigues du Languedoc oriental (81). La jatte de forme 7 semble spécifiquement languedocienne, à l'exclusion du faciès littoral de cette région : absente des gisements lagunaires de la région de Mauguio (82), cette forme est bien repré sentée tant en Languedoc occidental (Grotte de Gaougnas à Cabrespine, Aude) (83) que dans les Garrigues du Languedoc oriental (Grotte du Prével supérieur à Montclus, Gard) (84). La jatte de forme 8, bien attestée dans le nord-est et l'est de la France, est très fréquente dans les Garrigues du Languedoc oriental notamment avec le décor de cannelures verticales sur la panse (par exemple au Prével Supérieur à Montclus et au Hasard à Tharaux) (85). Les coupes de forme 9, 10, 11 et 14 connaissent une répartition étendue qui englobe l'Est de la France, le Massif Central et le Languedoc (à l'exception de la zone lagunaire pour la forme 14). Les guirlandes incisées, ou tracées en cannelures légères qui ornent les coupes de forme 10 et 14 sont caractéristiques du « Groupe Rhin-Suisse » et possèdent une distribution analogue (86). Les coupes de forme 12 et 13 sont par contre très rares en Languedoc sauf sur la côte (gisements lagunaires de l'Etang de Mauguio) (87). Ainsi donc le faciès céramique du Bronze Final II des Grands Causses regroupe trois compos antes : — des vases qui se retrouvent dans les régions voisines, Languedoc, Massif Central et ses marges occidentales, mais aussi dans des contrées plus éloignées, Est et Nord-Est de la France, bassins de la Saône et du Rhône : forme 1, 2, 4, 8, 9, 10, 11 et 14 ; — des vases qui n'existent que dans les régions voisines, Languedoc, Massif Central et ses marges occidentales : formes 5 et 6 ; — des vases spécifiques du Languedoc seul : formes 3, 7, 12 et 13. Pratiquement on retrouve dans les Grands Causses toutes les formes du Bronze Final II de la partie intérieure du Languedoc à l'exclusion des formes typiques des gisements côtiers. Sous réserve d'une étude quantitative, impossible en l'état actuel des recherches, le faciès céramique du Bronze Final II des Grands Causses semble donc être proche de celui de l'arrière-pays languedocien. (78) J.-L. Roudil, L'Age du Bronze..., p. 188, fig. 71, n° 7 ; J. Clottes et G. Costantini, Les civilisations..., p. 479, fig. 5, n° 6 ; M. Lorblanchet et L. Genot, Quatre années de recherches préhistoriques dans le Haut-Quercy (1967-1971), dans Bull. Soc. Et. Litt. Se. et art. Lot, XCIII, fasc. 2, 1972, p. 71-153 et notamment p. 148, fig. 41, n° 2. (79) Ibid., p. 122, fig. 25. (80) M. Vaginay, V. Guichard et A. Peyvel, L'Age du Bronze dans la Loire à la lumière des découvertes récentes, dans Cahiers Archéologiques de la Loire, 2, 1982, p. 17-37 et notamment p. 22, fig. 6, n° 1. (81) J. Guilaine, L'Age du Bronze..., p. 260, fig. 93, n° 2, p. 261, fig. 94, n° 5, p. 263, fig. 95, n°s 5 et 9, p. 264, fig. 96, n° 2 ; forme 2 du Bronze Final II A de J.-L. Roudil, L'Age du Bronze..., p. 163. Cette forme n'est pas représentée en revanche sur les gisements lagunaires du littoral du Languedoc oriental. (82) B. Dedet, Les gisements lagunaires... (83) J. Guilaine, L'Age du Bronze..., p. 260, fig. 93, n° 3, et p. 263, fig. 95, n° 4. (84) J.-L. Roudil, L'Age du Bronze..., p. 170, fig. 62, n° 3, p. 176, fig. 65, n° 10 et p. 178, fig. 66, n° 3. (85) Ibid., p. 170, fig. 62, n°« 2, 4 et 6, p. 172, fig. 63, n° 5, et p. 186, fig. 70, n° 6. Cette forme est absente des gisements lagunaires. (86) P. Abauzit et P.- Y. Genty, Sépulture à incinération des Champs d'Urnes à Beaulon (Allier), dans BSPF, 70-8, 1973, p. 244-252. (87) B. Dedet, Les gisements lagunaires..., p. 14-15 (respectivement formes 8 et 13). 118 G. CONSTANTINI, B. DEDET, G. FAGES ET A. VERNHET 6.2.2. Le faciès céramique du Bronze Final III A La connaissance du faciès céramique du Bronze Final III A des Grands Causses repose essentiellement sur le gisement de Rochefort à Florac (Lozère) qui seul, dans cette région et pour cette époque, a livré, dans plusieurs sondages, une documentation abondante. D'autres gisements caussenards permettent toutefois de compléter cette vue d'ensemble. Nous utilisons donc ici la numérotation des formes de Rochefort (ci-dessus § 5.5. site n° 49). Forme 1 : urne fine à bord divergent à un ou plusieurs méplats vers l'intérieur, col haut parallèle à profil extérieur parfois légèrement convexe, panse globuleuse ou carénée et fond plat, creux ou à pied très bas (par exemple, fig. 77, n° 1). Les bords sont, dans l'ordre décroissant de fréquence : D18 = 2 ; D05 = 1 ; D09 = 1 ; Dl 1 = 1 ; D25 = 1 ; D26/D28 = 1 ; et D29 = 1. L'état de fragmentation des vases de forme 1 ne permet pas de connaître avec précision leur ornementation. Cette forme n'est attestée qu'à Rochefort (Florac) (8 exemplaires). Forme 2 : urne fine à bord divergent simple ou à méplat vers l'intérieur. Col haut divergent et panse globuleuse ou carénée (par exemple, fig. 77, n° 9). Les bords sont B 19, COI ou Cil. Ici encore l'état de fragmentation des vases ne permet pas de connaître la décoration utilisée. Cette forme ne se rencontre également qu'à Rochefort (Florac) (3 exemplaires). Forme 1 et 2 : deux urnes à panse globuleuse décorée de méandres incisés avant cuisson en double trait peuvent se rapporter à l'une de ces deux formes. Elles proviennent l'une de la grotte de Luc, l'autre de la grotte de Puech-Buisson, toutes deux à Lanuéjols (fig. 45, n° 7 et 48, n° 1). Forme 3 : urne fine à bord simple ou plus souvent à méplats vers l'intérieur, col bas divergent à profil rectiligne ou légèrement convexe, panse à carène vive ou adoucie (par exemple fig. 6, n° 1). Les bords sont dans l'ordre décroissant de fréquence : D05 = 5 ; E05 = 4 ; E04 = 3 ; E08 = 3 ; Dl 1 = 3 ; D19 = 3 ; E19 = 2 ; C04 = 1 ; C13 = 1 ; D01 = 1 ; D04 = 1 ; D07 = 1 ; C09 = 1 ; D15 = 1 . Le décor, mal connu du fait de la fragmentation des vases, se situe sur la partie haute de la panse, au contact du col et de la panse ou au niveau du diamètre maximum de la panse. Il s'agit de lignes doubles incisées à cru, de rangées horizontales d'impressions ou de cannelures horizontales. Cette forme très courante apparaît sur six gisements : — grotte du Boundoulaou (Creissels, Aveyron) : 1 exemplaire ; — grotte du Roc du Midi (Blandas, Gard) : 2 exemplaires ; — grotte aérienne du Bout du Monde (Saint-Pierre-de-la-Fage, Hérault) : 1 exemplaire ; — Rochefort (Florac, Lozère) : 29 exemplaires ; — Les Douzes (Hures-La Parade, Lozère) : 2 exemplaires ; — Cinglegros (Saint-Pierre-des-Tripiers, Lozère) : 1 exemplaire. Forme 4 : urne à col bas divergent peu évasé, bord simple et panse haute à profil arrondi (par exemple fig. 6, n° 7). Les bords sont dans un ordre décroissant de fréquence : D01 = 4 ; D04 = 2 ; D05 = 2 ; D08 = 2 ; C05 = 1 ; D06 = 1 ; E05 = 1 . Le décor se place sur la partie supérieure de la panse et/ou au niveau du diamètre maximum de celle-ci. Il se compose soit d'une rangée horizontale d'impressions, soit de groupes de cannelures horizontales. Cette forme d'urne se rencontre dans les gisements suivants : — grotte du Boundoulaou (Creissels, Aveyron) : 10 exemplaires ; — grotte de Puech-Buisson (Lanuéjols, Gard) : 2 exemplaires ; — Rochefort (Florac, Lozère) : 7 exemplaires ; — Les Douzes (Hures-La Parade) : 1 exemplaire. Forme 5 : urne à col bas parallèle, bord simple et panse haute à profil arrondi (par exemple fig. 43, n° 1) ; bords F01/F09, G01/G02 ou G03 ; décor au contact du col et de la panse d'un cordon horizontal impressionné. VESTIGES PROTOHISTORIQUES DANS LES GRANDS CAUSSES 1 19 Deux gisements ont livré de telles urnes : — grotte du Roc du Midi (Blandas, Gard) : 1 exemplaire ; — Rochefort (Florac, Lozère) : 2 exemplaires. Forme 6 : coupe à col très bas divergent, bord simple et panse globuleuse ou carénée (par exemple fig. 6, n° 6) ; les bords sont de forme Cl 3, Cl 4, D09 ou E05 ; le décor, à l'extérieur, consiste en cannelures horizontales sous le bord ou en cannelures obliques sur la carène. Les gisements qui ont livré cette forme de coupe sont : — grotte du Boundoulaou (Creissels, Aveyron) : 1 exemplaire ; — grotte aérienne du Bout du Monde (Saint-Pierre-de-la-Fage, Hérault) : 2 exemplaires ; — Rochefort (Florac) : 3 exemplaires. Forme 7 : coupe, ou coupelle, à bord convergent ou parallèle et panse à profil arrondi ou caréné (par exemple fig. 6, n° 18 ou 19) ; décor très fréquent de doubles lignes horizontales, ou exception nellement de méandres symétriques, incisés à cru en double trait ; les bords sont, dans l'ordre décroissant de fréquence : H05 = 7 ; 105 = 5 ; 108 = 5 ; G07 = 3 ; H07 = 3 ; F04 = 2 ; F05 = 2 ; H01 = 2 ; D08 = 1 ; E05 = 1 ; FOI = 1 ; F03/F09 = 1 ; G01 = 1 ; G08 = 1 ; G18 = 1 ; 104 = 1 ; 115 = 1. Dans certains cas (Boundoulaou, Rochefort), le dessus du bord porte des rainures. Ce type de récipient est très fréquent au Bronze Final III A ; il est attesté sur 9 sites caussenards : — grotte du Boundoulaou (Creissels, Aveyron) : 8 exemplaires ; — grotte du Roc du Midi (Blandas, Gard) : 4 exemplaires ; — grotte du Luc (Lanuéjols, Gard) : 10 exemplaires ; — abri de Camp Rouch (Pégairolles-de-PEscalette, Hérault) : 2 exemplaires ; — grotte aérienne du Bout du Monde (Saint-Pierre-de-la-Fage, Hérault) : 1 exemplaire ; — Rochefort (Florac, Lozère) : 14 exemplaires ; — Les Douzes (Hures-La Parade, Lozère) : 4 exemplaires ; — Saint-Gervais (Hures-La Parade, Lozère) : 1 exemplaire ; — Cinglegros (Saint- Pierre-des-Tripiers, Lozère) : 1 exemplaire. Forme 8 : coupe à bord convergent muni de méplats vers l'intérieur et panse à profil arrondiconvexe (par exemple fig. 78, n° 23) ; les bords sont : 108 = 5 ; 115 = 1. Seul le gisement de Rochefort (Florac, Lozère) a livré de telles coupes (6 exemplaires). Forme 9 : coupe tronconique à bord à facettes de forme A19 ou Al 1/A19 (par exemple, fig. 78, n° 29). Cette forme n'est également attestée qu'à Rochefort (Florac, Lozère) (3 exemplaires). Forme 10 : coupe tronconique à bord simple ou biseauté vers l'intérieur et surface intérieure ornée de larges cannelures horizontales (par exemple, fig. 7, n° 1) ; les bords sont dans l'ordre décroissant de fréquence : D05 = 2 ; E08 = 2 ; D08 = 1 ; D15 = 1 ; D19 = 1 ; E04 = 1 ; E05 = 1 ; E24 = 1. Quatre gisements ont livré cette forme : — grotte du Boundoulaou (Creissels, Aveyron) : 4 exemplaires ; — Rochefort (Florac, Lozère) : 20 exemplaires ; — Les Douzes (Hures-la Parade, Lozère) : 2 exemplaires ; — Saint-Gervais (Hures-La Parade, Lozère) : 1 exemplaire. Forme 11 : coupe tronconique à bord simple ou biseauté vers l'intérieur et panse lisse ou parfois ornée d'un groupe de fines cannelures horizontales près du bord, du fond, ou à mi-hauteur de la panse à l'intérieur (par exemple, fig. 7, n° 2) ; les bords sont, dans l'ordre décrpissant de fréquence : D08 = 9 ; E08 = 6 ; Cil = 5 ; D05 = 5 ; DU = 4 ; D18 = 4 ; D29 = 3 ; E05 = 3 ; D19 = 2 ; E18 = 2 ; D03 = 1 ; D04 = 1 ; D07 = 1 ; D08 = 1 ; D14/D29 = 1 ; D16 = 1 ; D21 = 1 ; E04 = 1 ; Eli = 1 ; E13 = 1 ; E15 = 1 ; E25 = 1. Cette forme, très courante, est connue sur cinq sites : — grotte du Boundoulaou (Creissels, Aveyron) : 5 exemplaires ; G. COSTANTINI, B. DEDET, G. FAGES ET A. VERNHET 120 — — — — grotte du Roc du Midi (Blandas, Gard) : 2 exemplaires ; abri de Camp Rouch (Pégairolles-de-1'Escalette, Hérault) : 1 exemplaire ; Rochefort (Florac, Lozère) : 44 exemplaires ; Saint-Gervais (Hures-La Parade, Lozère) : 3 exemplaires. Forme 12 : coupe à panse à profil arrondi-convexe et bord divergent à méplat vers l'intérieur (par exemple, fig. 7, n° 13). Le décor affecte exceptionnellement le méplat du bord (ligne brisée incisée) ; les bords sont, dans l'ordre décroissant de fréquence : E08 = 4 ; D08 = 3 ; E05 = 3 ; C19 = 2 ; E04 = 2 ; E07 = 2 ; E18 = 1. Cette forme existe dans les gisements suivants : — grotte du Boundoulaou (Creissels, Aveyron) : 4 exemplaires ; — Rochefort (Florac, Lozère) : 1 1 exemplaires ; — Les Douzes (Hures-La Parade, Lozère) : 3 exemplaires ; — Cinglegros (Saint-Pierre-des-Tripiers, Lozère) : 1 exemplaire. Forme 13 : coupe à panse arrondie convexe et bord simple D07, E02, E04, E05, E07 ou F04 (un exemplaire de chaque) (par exemple, fig. 48, n° 15). Deux gisements ont livré des coupes de forme 13 : — grotte de Puech-Buisson (Lanuéjols, Gard) : 2 exemplaires ; — Rochefort (Florac, Lozère) : 4 exemplaires. La décoration de ces vases du Bronze Final III A revêt trois aspects : — L'incision fine tracée à cru, en trait généralement double et plus rarement simple ou triple. Dans cette technique on trouve principalement des lignes droites horizontales à l'extérieur de la panse des coupes de forme 7 (Boundoulaou, Roc du Midi, Camp-Rouch, Bout-du-Monde, Rochefort, Les Douzes, Saint-Gervais, Cinglegros), ou sur panse d'urne (Boundoulaou), et plus rarement des méandres symétriques soit sur coupe de forme 7 (Rochefort) soit sur panse d'urne de forme 1 et 2 (Luc et Puech-Buisson) (88). — Des cannelures horizontales sur la partie supérieure de panses d'urnes (Boundoulaou, Camp-Rouch, Rochefort), sur la surface intérieure de panses de coupes tronconiques de forme 10 et 11, et des cannelures légères obliques, sur panse d'urne (Roc du Midi) ou de coupe de forme 6 (Rochefort). — Des rangées horizontales d'impressions ou de coups incisés sur partie supérieure ou diamètre maximum de panses d'urnes (Boundoulaou, Rochefort). Formes et décors se retrouvent sur tous les gisements homogènes du Bronze Final III A du Languedoc aussi bien sur le littoral, îlot Mouisset à Sigean (Aude) (89), Tonnerre I (90) et Tonnerre 11(91) à Mauguio (Hérault), que dans l'arrière-pays, Boussecos à Bize (Aude) (92), Roucaude à Agel (93) et Le Pont-du-Diable à Aniane (94) (Hérault). Mais, ici encore, seule une étude quantitative (88) Le motif du méandre symétrique incisé avant cuisson connaîtra une grande fortune au Bronze Final III B dans le sud du Massif Central et ses marges, en Languedoc et en Catalogne du Nord. J. Boudou, J. Arnal et A. Soutou, La céramique incisée à méandres symétriques du Pont-du-Diable (Aniane, Hérault), dans Gallia, XIX, 1961, p. 201-218 et notamment p. 207-217, en ont étudié la répartition. Mais la plupart des sites bien datés répertoriés par ces chercheurs appartiennent en fait au Bronze Final III B et il est très délicat d'isoler dans leur liste les gisements et les documents datant sûrement du Bronze Final III A. (89) A. Coffyn et Y. Solier, L'îlot Mouisset à Sigean, Aude, dans CLPA, 15, 1966, p. 308-314. (90) M. Py, Fouilles sur le gisement de Tonnerre I (Mauguio, Hérault) en 1976 et 1979, dans L'occupation des rivages de l'étang de Mauguio (Hérault) au Bronze Final et au Premier Age du Fer, H, ARALO, cahier n° 12, 1985, p. 49-120 (sondage 2-1976, couche 4 ; fouille 3-1979, sondage C-D/2-3, couche 3, sondage C-D/6-7, couche 3, sondage C-D/10-ll, couche 3, sondage G-H/2-3, couche 3 et sondage K-L/2-3, couches 3 et 4). (91) B. Dedet, Sondages sur le gisement de Tonnerre II (Mauguio, Hérault) en 1978, dans L'occupation des rivages de l'étang de Mauguio (Hérault) au Bronze Final et au Premier Age du Fer, H, ARALO, cahier n° 12, 1985, p. 121-141 (sondage 1-1978, couches 4, 5 et 6). (92) J. Lauriol, Trois nouveaux gisements du Bronze Final à Bize (Aude) : les habitats de «Boussecos », dans CLPA, 12/1, 1963, p. 131-141. (93) Id., Traces d'habitat de la fin de l'Age du Bronze à « Roucaude » (commune d'Agel, Hérault), dans CLPA, 9, 1960, p. 128-135. (94) J. Boudou, J. Arnal et A. Soutou, La céramique incisée..., p. 201-218. VESTIGES PROTOHISTORIQUES DANS LES GRANDS CAUSSES 121 pourrait permettre d'apprécier le degré de conformité du faciès céramique des Grands Causses avec celui que l'on commence à discerner en Languedoc au Bronze Final III A (95). 6.2.3. Les faciès céramiques du Bronze Final III B Trois gisements caussenards seulement peuvent être rapportés sans équivoque au Bronze Final III B : l'oppidum de la Granède à Millau (Aveyron), dans sa première phase d'occupation (fîg. 16, 17 et 18), le Tumulus I de Villeplaine à Séverac-le-Château (Aveyron) (fig. 40 à 42) et la grotte de Castélos à Sainte-Enimie (Lozère) (fig. 1 10 et 1 1 1). Ils comprennent des formes de vases et des décors qui se retrouvent tous sur les sites contemporains du Languedoc : 1) Urne à col haut divergent à profil concave, bord divergent muni de méplats sur la surface intérieure, panse globuleuse décorée en sa partie supérieure de larges cannelures horizontales souvent associées à une rangée horizontale d'impressions pyramidales ou en coin de règle : la Granède, fig. 16, nos 2, 3 et 5 ; Castélos fig. 110, 2 à 5 et 30 à 35. Cette forme est attestée en Languedoc oriental à Roque-de-Viou (Saint-Dionisy) (96), à la Bergerie Hermet (Calvisson) (97), à Gauto-Fracho (Bou quet) (98), sur les gisements lagunaires de Tonnerre I et II (Mauguio), de Camp-Redon, Forton et Rallongue (Lansargues) (99), et malgré l'état de fragmentation du matériel à Triple Levée (Beaucaire)(100), au Grand-Ranc (Boucoiran) (101), à la Jasse d'Eyrolles (Sainte- Anastasie) (102), ainsi qu'en Languedoc occidental (103). 2) Urne à col bas, parallèle ou divergent, bord simple, sans méplat, panse haute à profil arrondi convexe peu galbé, ornée souvent en sa partie supérieure de larges cannelures horizontales parfois associées à une rangée horizontale d'impressions pyramidales : la Granède, fig. 16, n° 1; Castélos, fig. 1 10, nos 7 à 1 1, 26 et 27. Ce type d'urne est très fréquent tant en Languedoc occidental (104) qu'en Languedoc oriental, sur tous les gisements que nous venons de signaler (105). 3) Gobelet à col très bas et très divergent, à bord à méplats vers l'intérieur, panse globuleuse à profil arrondi convexe ornée en sa partie supérieure d'une ou de deux larges cannelures horizontales : la Granède, fig. 17, nos 3 et 4. Cette forme rare sur les Grands Causses, est également peu représentée en Languedoc : gisements lagunaires de Tonnerre II et Camp Redon (106), Roque de Viou(107). (95) Au demeurant, le faciès céramique du Bronze Final III A du Languedoc est encore mal connu du fait de la rareté des gisements homogènes fouillés. Voir l'état de la question dans B. Dedet, Les gisements lagunaires..., p. 37-39. (96) P. Garmy et M. Py, Deux cabanes stratifiées de l'Age du Bronze Final III B sur l'oppidum de Roque de Viou à Saint Dionisy (Gard), dans Gallia Préhistoire, 19, 1976, p. 239-259, et notamment p. 245, fig. 11, n° 1. (97) P. Garmy, Un village de l'Age du Bronze Final III B à la Bergerie Hermet (Calvisson, Gard), dans DAM, 2, 1979, p. 5-15 et notamment p. 10, fig. 4, n° 12. (98) B. Dedet, L'oppidum de Gauto-Fracho à Bouquet (Gard), dans RAN, VIII, 1975, p. 1-26 et notamment p. 12, fig. 13, n°* 4 et 6 et p. 14, fig. 15, n°s 18 à 20. (99) B. Dedet, Les gisements lagunaires..., p. 21-22 (forme 1 du Bronze Final III B des gisements lagunaires). (100) B. Dedet, A. Michelozzi, M. Py, C. Raynaud et C. Tendille, Ugernum, Protohistoire de Beaucaire, ARALO, cahier n° 6, 1978, p. 19, fig. 8, nos 1 à 27 et 29. (101) B. Dedet, L'habitat de hauteur du Grand-Ranc à Boucoiran (Gard), et le Bronze Final III B dans les Garrigues du Languedoc oriental, dans Gallia Préhistoire, 21, 1978, p. 189-206, et notamment p. 194, fig. 5, nos 17 à 26. (102) Y. Gascô, La fosse Bronze Final III B de la Jasse d'Eyrolles, Sainte-Anastasie, Gard, dans Archéologie en Languedoc, 3, 1980, p. 69-82 et notamment p. 73, fig. 6, nos 15 à 19. (103) J. Guilaine, L'Age du Bronze..., p. 322, fig. 128, no 20. (104) Ibid., p. 322, fig. 128, nos 1 et 2. (105) A Roque de Viou (P. Garmy et M. Py, Deux Cabanes..., p. 245, fig. 1 1, nos 2, 3 et p. 247, fig. 13), à la Bergerie Hermet (P. Garmy, Un village..., p. 8, fig. 3, nos 4 et 7 et p. 10, fig. 4, n° 22), à Gauto Fracho (B. Dedet, L'oppidum de Gauto-Fracho..., p. 13, fig. 14, nos 13 et 14), à Tonnerre I et Tonnerre II, à Forton, à Camp-Redon et à La Rallongue (B. Dedet, Les gisements des rivages..., p. 22, forme 2 du Bronze final III B des gisements lagunaires), à Triple-Levée (B. Dedet, A. Michelozzi, M. Py, C. Raynaud et C. Tendille, Ugernum..., p. 19, fig. 8, n° 28), au Grand-Ranc (B. Dedet, L'habitat de hauteur..., p. 194, fig. 5, nos 1 à 4 et 6 à 12) ou à La Jasse d'Eyrolles (Y. Gascô, La fosse..., p. 72, fig. 4, nos 1 et 2 et fig. 5, n° 14). (106) B. Dedet, Les gisements lagunaires..., p. 23 (forme 4 du Bronze Final III B des gisements lagunaires). (107) P. Garmy et M. Py, Deux cabanes..., p. 254, fig. 20, n° 78. 122 G. COSTANTINI, B. DEDET, G. FAGES ET A. VERNHET 4) Coupes et coupelles à bord simple, convergent, ou plus rarement parallèle ou légèrement divergent, panse à profil caréné ou arrondi. Sans décor, de tels vases se rencontrent à la Granède (fîg. 16, nos 6 à 1 1, 15 à 17 et 19) et à Castélos (fig. 1 10, nos 38 à 50). Avec un décor d'incisions fines tracées à cru au trait double, ou plus rarement simple ou triple, sur la partie supérieure de la panse à l'extérieur, ces vases ne sont présents qu'à la Granède (fig. 17, n° 5 et fig. 18, nos 1 à 5). Ornées de la sorte ou non décorées, ces coupes et coupelles sont très fréquentes dans les gisements Bronze Final III B du Languedoc, à l'exception de Gauto-Fracho où elles font totalement défaut (108). 5) Coupes tronconiques à bord facetté ou à méplat vers l'intérieur, et fond plat, creux ou à pied bas. Ces coupes existent sans décor (Granède, fig. 17, nos 7, 8, 10, 11 et 15 ; Villeplaine, fig. 42, n° 1 ; Castélos, fig. 110, nos 52 à 54), ou décorées d'une ou plusieurs cannelures horizontales en haut, au milieu ou au bas de la panse à l'intérieur (Granède, fig. 17, nos 9 et 12 à 14 ; Castélos, fig. 1 10, nos 56 et 57), ou ornées à l'intérieur de la panse d'incisions fines tracées à cru en trait simple (Granède, fig. 18, nos 8 et 9 ; Villeplaine, fig. 40 ; Castélos, fig. 110, nos 51 et 55) ou en trait double (Granède, fig. 18, n° 10). Non décorées, de telles coupes sont connues à Triple Levée et à Gauto-Fracho (109), et avec un décor de cannelures au Roc de Gachone, à Roque-de-Viou, à la Bergerie-Hermet, à Gauto-Fracho et sur les gisements des rivages de l'étang de Mauguio (110). Avec un décor complexe d'incisions fines tracées à cru en trait double ou simple, elles sont attestées sur tous les gisements languedociens cités, à l'exception de Gauto-Fracho (111). 6) Coupes arrondies convexes, généralement non décorées, à bord divergent simple et fond plat ou creux : Castélos, fig. 111, nos 1 à 6 (cette forme existe aussi à la Granède mais il est impossible, sur ce site, de différencier les exemplaires Bronze Final III B de ceux qui sont plus récents). De telles coupes sont nombreuses sur tous les sites languedociens du Bronze Final III B (112). 7) Coupes arrondies convexes non décorées, à bord convergent et fond plat ou creux : Castélos, fig. 111, n° 10. Cette forme est bien représentée sur les gisements côtiers de Tonnerre I, Tonnerre II et Camp-Redon (113). (108) En Languedoc occidental, J. Guilaine, L'Age du Bronze..., p. 322, fig. 128, nos 15 et 17 ; en Languedoc oriental, au Roc de Gachone (P. Garmy, Premières recherches sur l'oppidum du Roc de Gachonne à Calvisson (Gard), dans Archéologie en Languedoc, 2, 1979, p. 97-1 14 et notamment p. 103, fig. 6, n°s 35 à 37 et p. 105, fig. 8, n°* 124 et 129 à 133), à Roque de Viou (P. Garmy et M. Py, Deux cabanes..., p. 248, fig. 15, n° 33, fig. 16 et p. 254, fig. 20, n°<> 69, 70, 77 et 80), à la Bergerie Hermet (P. Garmy, Un village..., p. 13, fig. 6 et p. 14, fig. 7, n°s 159 à 181), à Triple Levée (B. Dedet, A. Michelozzi, M. Py, C. Raynaud et C. Tendille, Ugernum..., p. 20, fig. 9, n°* 28 et 30 à 33, et p. 22, fig. 10, nos 18 à 31), au Grand-Ranc (B. Dedet, L'habitat de hauteur..., p. 194, fig. 5, nos 16, 28 à 34 et fig. 6, n° 59), à La Jasse d'Eyrolles (Y. Gascô, La fosse..., p. 73, fig. 8, nos 38 et 39 et fig. 75, fig. 9, n° 36), et sur les sites lagunaires de la région de Mauguio (B. Dedet, Les gisements lagunaires..., p. 23, formes 5, 5a, 5b et 5c du Bronze Final III B des gisements lagunaires). (109) B. Dedet, A. Michelozzi, M. Py, C. Raynaud et C. Tendille, Ugernum..., p. 22, fig. 10, n°* 10, 14 et 15 ; B. Dedet, L'oppidum de Gauto-Fracho..., p. 16, fig. 16, nos 24, 26 et 27. (110) P. Garmy, Premières recherches..., p. 108, fig. 10, n° 159 ; Un village..., p. 10, fig. 4, n»* 59 et 60 ; P. Garmy et M. Py, Deux cabanes..., p. 248, fig. 15, n° 32 ; B. Dedet, L'oppidum de Gauto Fracho..., p. 16, fig. 16, nos 22, 23 et 25 ; Les gisements lagunaires..., p. 24 (formes 6 et 6a des gisements lagunaires au Bronze Final III B). (111) Tonnerre I, Tonnerre II, Camp-Redon, Forton, La Rallongue (Ibid.), Roque de Viou (P. Garmy et M. Py, Deux cabanes..., p. 254, fig. 21, nos 103 et 104), Bergerie Hermet (P. Garmy, Un village..., p. 10, fig. 4, n°* 50 à 58), Triple Levée (B. Dedet, A. Michelozzi, M. Py, C. Raynaud et C. Tendille, Ugernum..., p. 22, fig. 10, nos 1, 16 et 17), Grand-Ranc (B. Dedet, L'habitat de hauteur..., p. 194, fig. 6, nos 46, 48, 50 et 5 1), Jasse d'Eyrolles (Y. Gascô, La fosse..., p. 75, fig. 10, n° 47). Pour le Languedoc occidental, cf. J. Guilaine, L'Age du Bronze..., p. 322, fig. 128, n°s 7 et 9. (112) Gisements lagunaires (B. Dedet, Les gisements lagunaires..., p. 24, formes 7 et 7a), Roc de Gachone (P. Garmy, Premières recherches..., p. 108, fig. 10, nos 160 et 171 à 175), Bergerie Hermet ( id., Un village..., p. 10, fig. 4, n° 34 et p. 12, fig. 5, nos 62 à 85), Roque de Viou (P. Garmy et M. Py, Deux cabanes..., p. 254, fig. 20, n° 66), Grand-Ranc (B. Dedet, L'habitat de hauteur..., p. 194, fig. 6, nos 35 à 38 et 40 à 42), Triple Levée (B. Dedet, A. Michelozzi, M. Py, C. Raynaud et C. Tendille, Ugernum.., p. 20, fig. 9, n°* 25 et 26), Jasse d'Eyrolles (Y. Gascô, La fosse..., p. 73, fig. 7), Gauto Fracho (B. Dedet, L'oppidum de Gauto Fracho..., p. 17, fig. 17, nos 28 à 33). (113) B. Dedet, Les gisements lagunaires..., p. 24-25, formes 8 et 8a. VESTIGES PROTOHISTORIQUES DANS LES GRANDS CAUSSES 123 En Languedoc et en Catalogne du Nord, les gisements du Bronze Final III B situés dans une région proche de la côte méditerranéenne possèdent des motifs particuliers de décoration céramique, exécutés en incisions en trait double (ou plus rarement trait simple ou triple) tracé avant séchage : ce sont des figurations zoomorphes et anthropomorphes schématisées et des motifs géométriques variés. Ces motifs définissent le faciès mailhacien I du Bronze Final III B languedocien. Jusqu'à présent les gisements où ils sont connus ne sont pas situés à plus d'une cinquantaine de kilomètres de la mer, à vol d'oiseau. Pour sa part, le gisement Bronze Final III B de Gauto-Fracho, dans le nord du Gard, à 70 km en ligne droite du littoral, ne présente pas les éléments caractéristiques de ce faciès (114). Or les sites des Grands Causses étudiés ici apportent des éléments intéressants sur la question de l'extension de l'aire mailhacienne I et la nature de cette extension. Le style mailhacien I se retrouve à l'oppidum de la Granède à Millau (fig. 18), à 90 km environ du littoral, bien que seuls figurent sur ce site les éléments décoratifs géométriques (115). En revanche, les caractères déterminants de ce style font défaut à la grotte de Castélos à Sainte- Enimie (Lozère), dans les Gorges du Tarn, à 100 km en ligne droite de la mer (mais vu le relief, la distance réelle est beaucoup plus considérable). Quant au vase orné dans l'esprit du mailhacien I provenant du tumulus de Villeplaine à Séverac-le-Château (Aveyron), à 1 15 km de la mer, nous avons vu ci-dessus (§ 2.17.) qu'il se rattachait en fait à un ensemble culturel plus vaste occupant toute la moitié de la France au sud de la Loire, mais ne témoignait pas de l'extension du mailhacien I au sens strict dans cette région. Ainsi donc, les découvertes de la Granède montrent une extension locale vers l'arrière-pays montagneux de l'aire du faciès mailhacien I. La situation privilégiée de ce gisement sur une voie importante de passage entre Languedoc et sud-ouest du Massif Central à travers le causse du Larzac n'est peut-être pas étrangère à ce fait. Le reste de la région caussenarde, plus à l'écart et d'accès moins direct, se trouverait en dehors de cette zone, comme semble l'indiquer le gisement de Castélos. Mais cela demande confirmation ; il convient de réserver l'avenir et d'attendre des découvertes plus nombreuses (116). Par ailleurs, le décor du vase de Villeplaine paraît refléter la force de l'influence du foyer mailhacien I, peut-être à la suite d'échanges « commerciaux », sur les cultures voisines comme celles de régions plus éloignées, Massif Central, Charente, Centre, Bassin du Rhône, Provence occidentale. Georges COSTANTINI, Bernard DEDET, Gilbert FAGES, Alain VERNHET (114) Sur cette question voir B. Dedet, L'habitat de hauteur... ; L'oppidum de Gauto Fracho... (115) Sur ce gisement, l'absence de figurations zoomorphes et anthropomorphes ne peut être interprétée étant donné la faiblesse de l'échantillonnage actuel. En effet, d'une façon générale, ces figurations sont très rares sur les sites mailhaciens I : ainsi à Tonnerre I, les motifs zoomorphes n'apparaissent que sur 12,38 % des coupes biconiques ou assimilées décorées et les anthropomorphes sur 0,88 % de ces mêmes coupes, tandis que les motifs géométriques complexes intéressent 53,98 % et les lignes horizontales seules 32,74 % de ces vases (cf. B.Dedet, Les gisements lagunaires..., p. 23) ; le Grand-Ranc n'a livré qu'un seul vase à figuration zoomorphe et un autre à figuration peut-être anthropomorphe, et la Jasse d'Eyrolles n'a fourni que des décors géométriques, mais il s'agit là de gisements n'ayant fourni pour le moment qu'un nombre limité de documents. (116) Hormis l'absence des décors typiques, Castélos est plus proche du faciès mailhacien I dont il possède toutes les formes céramiques, que de Gauto-Fracho où tous les types de vases mailhaciens I ne sont pas représentés (par exemple les coupes et coupelles biconiques et assimilées).