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LES STATUTS
DE LA
COMMUNAUTE DES SEIGNEURS PARIERS
DE LA. GARDE-GUÉRIN EN GÉVAUDAN • (1238-1313).
Le château de la Garde-Guérin2, dont les ruines dominent encore aujourd'hui les pentes abruptes de la vallée supérieure du Chassezac, commandait au moyen âge, sur les confins du Gévaudan et du Yivarais, une route très fréquentée, l'ancienne voie regordane, qui reliait Nîmes à l'Auvergne. Cette situation du château avait créé, pour les « pariers » qui s'en partageaient la seigneurie, des revenus importants, mais aussi des charges exceptionnelles. Ils constituaient, en effet, une sorte de milice policière, de gendarmerie3 chargée d'assurer dans ces parages le bon ordre sur la voie regordane. En retour, outre les revenus ordinaires de la seigneurie, les pariers se partageaient le produit de deux droits particulièrement lucratifs : le péage, prélevé en vue
1. Ces statuts si curieux ont échappé complètement à l'attention des nouveaux éditeurs de l'Histoire générale de Languedoc. Dans le Bulletin de la Société d'agriculture, sciences et arts de la Lozère (t. XXI, année 1870, p. 55- 97), M. André a publié une étude intitulée la Garde-Guérin et ses consuls, où il se borne à analyser les statuts qui font l'objet du présent mémoire, mais d'une façon très sommaire et parfois même inexacte.
2. Garde-Guérin (la), hameau et château ruiné, comm. de Prévenchères, cant, de Villefort, arr. de Mende.
3. Avant d'avoir été des gendarmes, les pariers de la Garde-Guérin semblent avoir été des bandits, si l'on en croit le texte suivant, tiré par M. André du fonds du chapitre de Mende : « In episcopatu Gabalitano, juxta stratam publi- cam de Regordana, est castrum quod vocatur la Garda. Quod non castrum sed spelunca semper existit; nam latrones ibi manebant qui die noctuque obsi- dentes viatores bonis propriis expoliabant, ipsisque plagis impositis, semivivos
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