ARCHEOLOGIE DU MIDI MEDIEVAL - TOME X - 1992

LE CASTRUM DE CALBERTE :

ETUDE DU QUARTIER NORD-OUEST

(Saint-Gennain-de-Calberte, Lozère)

Isabelle DARNAS*

L'essentiel de l'étude monographique de ce castrum s'est effectué dans le cadre d'un doctorat d'Université, soutenu à l'Université de Lyon II en mars 1991. Il avait pour objet principal l'analyse du terroir et de l'habitat d'une petite paroisse des Cévennes au cours du Moyen Age. Deux sources principales ont été utilisées : l'étude d'un fonds d'archives, chronologiquement compris entre les XIIL et XVe siècles, s'est alliée à la fouille archéologique du vieux castrum de la paroisse. C'est ce second aspect qui nous importera ici et, plus particulièrement, les résultats obtenus sur l'ensemble d'un quartier de l'habitat de ce castrum déserté.

Les Cévennes sont une région particulière, au relief tourmenté (Fig. 1). Les solutions d'adapation au milieu naturel n'ont guère varié au cours des âges : un habitat dispersé au gré des sources et des versants abrités, accroché aux pentes des collines de schiste couvertes de châtaigniers qui en apprécient le sol acide, des surfaces cultivables aménagées en terrasses... Nous nous trouvons en présence d'un paysage façonné, des fonds de vallée jusqu'aux crêtes. Cette région est aujourd'hui en grande partie désertée... Sur le territoire de la commune de Saint-Germain-de-Calberte, un castrum s'élève dans la vallée, petit château autour duquel s'articule un

tat (Fig. 2). Cet article ne prétend pas être exhaustif: la fouille archéologique ne couvre qu'un quartier du site à travers cinq campagnes dont toutes les données n'ont pas encore été exploitées. Il souhaite pourtant démontrer l'originalité de ce petit site dans une région d'habitat dispersé où le village groupé n'est jamais véritablement né. Si les possibilités de comparaisons régionales manquent terriblement, cette étude est un peu le début d'une recherche plus étendue sur le castrum et l'habitat de moyenne montagne, dans une zone frontière entre le Massif Central et la plaine languedocienne.

1. Cadre géographique et historique

Mais, pénétrons maintenant au cœur de cette région cévenole dont la paroisse de Saint-Germain-de- Calberte est un exemple représentatif. Elle est située au sud-est du département de la Lozère (Fig. 3). Ce département, le plus oriental de la région Languedoc-Rous- sillon, doit son nom au massif le plus élevé des Cévennes, le Mont Lozère, qui culmine à 1 700 mètres. Des vallées étroites et encaissées séparent des crêtes aiguës appelées serres. Si le Mont Lozère est un énorme massif granitique, le plus haut du Massif Central après les volcans récents de la chaîne des Puys, les Cévennes sont

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