Contribution à l'étude du peuplement des Grands-Causses

PAR Michel LORBLANCHET *

Puissantes formations calcaires incorporées à la masse cristalline du Sud du plateau Central, les Grands-Causses ont une altitude moyenne voisine de 800 mètres. Dans leur cadre de montagnes, entre PAigoual, le Bouges, le Lozère, l'Aubrac et le Levezou, ils s'insinuent comme un golfe en dessinant sur la carte une sorte de gigantesque S inversé. A l'Ouest, le Causse de Sauveterre se prolonge par le Causse Gomtal en direction du détroit de Rodez, et des petites Causses du Quercy ; à l'Est, il s'adosse au Mont Lozère. Au Sauveterre succèdent du Nord au Sud les ensembles dû Méjan, du Noir, du Causse Begon, des Causses de Campestre, de Blándas, et du Larzac, séparés par les gorges profondes que le Tarn, la Jonte, la Dourbie, le Trevezel, la Virenque et la Vis ont taillé dans la masse calcaire.

Les Causses ont un climat montagnard aux hivers longs et rigoureux. Ils reçoivent annuellement entre 700 mm et 1 mètre d'eau qui disparaît rapidement dans les fissures souterraines ; cependant, sur la partie méridionale du Larzac, les pluies sont plus abondantes, tandis qu'elles sont plus rares au centre du Méjan.

D'emblée, sur ces plateaux, l'homme se sent mal à l'aise : tout autour de lui est hostile et inquiétant ; selon l'expression de M. P. Marres, « rien ne passe en désolation ces solitudes pétrées » que l'on trouve, par exemple, à l'Est du Méjan. L'originalité du paysage caussenard réside, non seulement dans son aspect localement désertique, mais encore dans la multitude de dépressions fermées aboutissant parfois à la gueule d'un aven, et dans les vallées sèches où se localisent les cultures ; ces dépressions ont dégagé entre elles de longues collines parcourues par les troupeaux de moutons indigènes ou transhumants.

Aux lieux dits Monpellier-le- Vieux, Nîmes-le-Vieux, les Arcs de St-Pierre, Roque- saltes, et en bien d'autres endroits, de curieux pointements ruiniformes ont été sculptés par l'érosion dans le calcaire dolomitique. Ce qui caractérise l'Ouest des Causses, ce sont aussi d'épaisses forêts de petits pins sylvestres, souvent assez rabougris, au sous- bois extrêmement pauvre ; en certains endroits la pinède s'éclaircit et laisse la place à des bosquets de chênes à feuilles caduques ; sur le Larzac, par contre, les bois de chênes dominent.

Nous envisageons ici principalement le peuplement du Méjan et secondairement, celui des causses Noir et Begon qui fourniront des termes de comparaisons étant donné que chaque plateau possède son individualité propre.